Test - Owlboy

«Vive l’indépendance» , - 0 réaction(s)

Quand un jeu est en développement depuis très longtemps, le moment où il sort est toujours un peu délicat. Il y a d’un côté l’attente, de l’autre l’éventuelle indifférence qui a pu s’installer. Parfois, on en devient très exigeant, et on est très déçu (Duke Nukem Forever, même si on aurait été déçu de toute façon étant donné la qualité du produit), parfois on est étrangement indulgent (The Last Guardian, dont le gameplay semble avoir été improvisé la veille de la sortie). C’est comme si plus on attendait, plus tout était exacerbé. Et non, il n’y a pas de parallèle grivois. Pour un titre comme Owlboy, qui débarque après une petite dizaine d’années de développement, l’enjeu est donc de taille.

Chouette contre Pirates

Le beau village d’Otus

Nous allons passer le jeu dans la peau (ou dans les plumes) de Otus, un timide garde en apprentissage. Tellement timide qu’il ne parle pas, et qu’il ne répond jamais aux réprimandes de son chef ou de ses camarades. Quand des pirates vont attaquer le village, c’est lui et son ami qui vont être accusés. A vrai dire, Otus a tout du souffre-douleur. Pourtant, c’est bien sur ses épaules que va peser l’avenir du monde connu : si les pirates mettent la main sur toutes les runes magiques, ils seront invincibles, et seul Owlboy et ses compagnons d’infortune semblent être en mesure de contrecarrer ce plan machiavélique.

Le classique temple

Certes, l’histoire racontée n’a rien d’incroyablement original. Peu importe, elle est surtout une toile de fond pour développer des personnages avec bien plus de finesse que ce qu’on pourrait attendre d’un jeu de ce type. On est également témoin de ruptures de ton pendant l’histoire, d’ambiances qui changent : il est évident que tout est pensé avec soin pour que le joueur en retire une expérience variée. Je vous préviens de suite, il va être difficile de trouver des synonymes à « soin » et « expériences variées », car ces notions vont revenir sans cesse…

Un bon gros boss et une ambiance sombre

L’ensemble s’articule autour d’un gameplay qui permet une bonne variété d’actions. A part tourner sur lui-même, notre personnage ne sait faire que deux choses : voler et transporter. C’est l’allié transporté qui est l’attaque d’Otus, et il faudra jongler entre les amis rencontrés pour utiliser leurs attaques aux caractéristiques différentes. On peut également transporter divers objets et les jeter. La maniabilité est efficace, avec comme seule limite que parfois il est difficile de saisir ce qu’on veut quand plusieurs choses se trouvent rapprochées (par exemple un allié sur un objet). La majorité des affrontements contre des boss énormes se jouera donc comme dans un twin-sticks shooter (un stick pour contrôler Owlboy, l’autre pour donner la direction du tir). Le jeu n’est pas d’une difficulté extrême puisque, bien qu’étant très mauvais avec ce type de maniabilité, j’ai pu le terminer après environ 8 heures . Il me reste cependant encore beaucoup de choses à explorer avant de prétendre avoir « bouclé » le jeu.

Aux petits oignons

Ce titre n’est pas là pour décrire une recette de chouettes à la poêle, mais pour décrire ce qui caractérise ce jeu. Au vu du résultat, on comprend pourquoi Owlboy a mis tant de temps à sortir : c’est parce que c’est l’œuvre d’un perfectionniste qui a poli tous les aspects du jeu. Ainsi, les animations sont impeccables, à la fois très « 16 bits » tout en étant modernisées. La narration est à l’avenant. On retrouve le talent qui devait animer les artistes d’antan censés faire passer l’émotion à travers un assemblage de pixels. Cela passe par une posture, par une pause dans un déplacement, ou bien par la vitesse à laquelle le texte se déroule. Avec ces minuscules détails, avec cette économie de moyens, on arrive pourtant à donner une personnalité aux protagonistes, à suivre leurs sentiments. Graphiquement, c’est tout simplement magnifique. La mode du rétrogaming fait qu’on voit chaque semaine débarquer des titres en pixelart. C’est dans l’air du temps, mais encore faut-il pouvoir réellement tirer partie de ce mode d’expression. Owlboy s’inspire de la période 16 bits, des jeux Nintendo pour ce qui est des couleurs et de pas mal d’ambiances, mais aussi de la Megadrive avec ces mêmes couleurs mieux marquées et plus nettes, et avec les scrollings sur plusieurs plans. Visuellement, et ce dès l’écran titre, c’est comme si le jeu tournait sur une console 16 bits gonflée aux hormones. L’harmonie des couleurs, les différentes ambiances, les boss gigantesques : le jeu claque sur grand écran pour le plus grand plaisir de notre rétine.

Ambiance bien chaude

Le soin apporté à Owlboy ne s’arrête pas là puisque le titre est d’une générosité qui sent l’amour du jeu vidéo. Ainsi, il y a une évidente volonté de chercher sans cesse des situations, de varier le gameplay tout en s’appuyant sur la maniabilité de base. Ainsi, des phases d’infiltration s’invitent, d’autres proposent de se déplacer pratiquement dans le noir, quelques passages s’apparentent presque à des puzzle games, les règles pour passer les épreuves ne se reproduisant pas à chaque fois, laissant le joueur explorer… Il y a beaucoup d’idées, beaucoup de situations, et donc beaucoup de satisfaction à en retirer. La seule critique que je pourrais formuler est qu’on repère mal où se trouve Otus quand il se fait toucher et repousser par un projectile. Pour terminer, impossible de ne pas souligner une OST de premier ordre. Elle est l’œuvre de Jonathan Geer, qui jusque-là s’est contenté de « petits jeux », et qui livre ici sa pièce maîtresse, à la fois respectueuse de la période 16 bits, tout en se lâchant régulièrement dans des envolées plus orchestrales. Il ne fait aucun doute qu’il devrait se faire une place chez les spécialistes de l’OST s’il continue dans cette voie. C’est la touche finale à un jeu enchanteur qui, en ayant mis autant de temps à arriver, a confirmé le dicton « plus c’est long, plus c’est bon ».

Bilan

On a aimé :
  • Esthétiquement magnifique
  • Musique magnifique
  • Un vrai hommage aux 16 bits
  • Tout est soigné et généreux
On n’a pas aimé :
  • Lisibilité un peu défaillante quand on se fait toucher
  • Ringardise 80% des jeux en pixelart
Perfection 16 bits

Nombreux sont les jeux qui s’inspirent des époques 8 et 16 bits. Owlboy fait mieux que cela : grâce à un soin stupéfiant apporté à tous les détails, le jeu se présente comme un fantasme des amateurs de SNES et MD. Si les codes de cette période sont bien respectés, l’écrin est sublimé, que ce soit à travers des graphismes chatoyants, des animations qui touchent au poétique, ou des musiques enchanteresses. On sent l’amour des jeux vidéo dans ce titre, qui touche donc particulièrement les « gamers », ceux qui considèrent que ce loisir est aussi un art. En bref, Owlboy est un jeu qui a une âme.

Accueil > Tests > Tests Xbox One

Owlboy

Genre : Aventure/Plates-Formes

Editeur : D-Pad Studio

Développeur : D-Pad Studio

Date de sortie : 10/04/2018