Le tower defense est un style de jeu qui a vu le jour à la fin des années 90, trouvant son origine dans des modes de jeux de RTS, avec en particulier le niveau « Tower Defense » de Starcraft. Depuis, il y en a toujours eu, d’autant plus avec l’avènement des plateformes mobiles. Cette catégorie de jeux est peu exigeante techniquement, ce qui fait qu’on en trouve sous tous les formats, y compris en flash ou sous forme de jeux gratuits. Et comme pour tous les jeux facilement accessibles, derrière une apparence de simplicité se cache une vraie complexité de conception qui fait que bien peu d’entre eux sont bons. Defender’s quest : Valley of the Forgotten, adaptation d’un jeu PC de 2012, en fait-il partie ? Considérant son ancienneté qui n’a pas eu d’effet sur son prix, il a intérêt !
Entre deux genres
Nous sommes dans un monde où la peste fait rage, et Azra, notre héroïne, n’est pas épargnée. Comme tous les malades, elle est simplement jetée dans une fausse. Là, elle réalise qu’elle est immunisée. Mieux, elle a gagné au passage une étrange faculté : celle de se télétransporter dans un monde parallèle pour affronter ses ennemis en invoquant ses alliés. Ce pouvoir va attiser bien des convoitises, dans un monde qui cherche à profiter de la décrépitude due à l’épidémie, et Azra, tout d’abord en voulant juste se défendre, puis par conviction, va devenir une lueur d’espoir dans la nuit.
Ce monde parallèle, vous l’aurez compris, c’est la représentation typique du tower defense. Notre héroïne, concentrée, ne doit pas être atteinte par des vagues d’ennemis, et pour cela elle répartit ses alliés pour éliminer le plus efficacement possible l’adversité. Après chaque combat, tous les personnages gagnent de l’expérience, et progressent suivant un arbre de compétences. Il y a donc bien deux parties distinctes : un côté stratégie pour les combats, et un côté jeu de rôle, avec un véritable scénario (pas foufou, c’est vrai) et surtout la gestion de la progression de l’équipe. Ainsi, on devra acheter de l’équipement, recruter de nouveaux associés pour équilibrer au mieux le groupe. Bien que simple, cette gestion d’équipe donne du corps à l’ensemble et nous aide à nous sentir concerné par nos héros. Bien plus que quand on construit une tour ! Qui plus est, les dialogues (en français) sont souvent drôles, ce qui ne gâte rien.
La partie stratégique en tant que telle réussit à éviter tous les pièges inhérents au genre. Les options sont nombreuses, on peut donner des priorités à chaque héros, et le système de jeu trouve le parfait équilibre entre simplicité complexe et complexité accessible. On va ainsi dépenser des points pour placer nos personnages, pour les booster, ou pour utiliser des sorts contre les ennemis. Ces points, on les gagne, bien entendu, en tuant les ennemis. Et voilà, il n’en faut pas plus. Avec ces quelques éléments, on va pouvoir déployer des stratégies très variées pour passer les niveaux. Ainsi, je n’utilise personnellement que très peu la magie, et j’ai tendance à déployer le moins de héros possible en les boostant au maximum. D’autres déploieront le plus de personnages possible… Les niveaux sont nombreux, et surtout variés, poussant le joueur à se remettre en cause pour trouver la bonne stratégie à utiliser. On regrettera juste la trop faible diversité d’ennemis.
Dur comme il faut
Techniquement Defender’s Quest ne brille pas vraiment. On est loin des tower defense plus perfectionnés comme les très bons Defense Grid par exemple. C’est de la 2D, avec des graphismes 16 bits qui ne sont pas désagréables, mais qui sont loin d’être spectaculaires. L’avantage, c’est une parfaite lisibilité des cartes, ce qui est sans doute l’essentiel : on oublie bien vite la simplicité des graphismes pour se concentrer sur la stratégie à déployer. Les scènes intermédiaires, nous racontant l’histoire, ne brillent pas vraiment plus, avec un design des personnages à nouveau très simple. Vous l’aurez compris, ce n’est pas sur les aspects techniques que ce jeu mise : on peut d’ailleurs légitimement se demander si ce n’est pas sur des plateformes portables qu’il s’épanouirait le mieux, ne s’intéressant à la 4K que pour une chose : kill, kill, kill et kill.
La force de ce jeu, et ce qui fait que vous avez pu voir le coup de cœur, c’est son gameplay qui arrive à un remarquable équilibre. Un grand classique des jeux de ce genre, c’est une trop grande facilité, puis d’un seul coup une montée de la difficulté rendant le jeu laborieux et donnant envie de laisser tomber. Dans le cas présent, on jouera en « normal » pour un challenge relativement peu relevé, le temps d’apprendre les subtilités du titre et de prendre quelques niveaux, puis on s’attaquera aux niveaux supérieurs, un peu, puis très nettement plus durs, mais ne donnant jamais l’impression d’être impossibles. Ainsi, on se surprend à essayer et essayer encore, sans voir le temps passer, et en ressentant une véritable satisfaction à gagner en puissance et à réussir des niveaux délicats. C’est ainsi qu’on passera une dizaine d’heures, voire plus quand on veut vraiment tout faire, et pour ceux qui deviennent accros, un mode « new game + » apparait une fois le jeu terminé, avec cette fois un challenge clairement ardu. Une franche réussite.