Test - Chaos on Deponia

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J’étais jeune. Un âge dont la mémoire me renvoie des images sépia. Une époque où le joystick se disputait avec la souris et où je passais des heures sur un PC à me perdre dans un genre roi en ce temps : le point and click. J’ai aidé Guybrush Threepwood à devenir un pirate, Roger Wilco à sauver l’univers, Larry Laffer à séduire les plus jolies filles du pays, Sam et Max à résoudre de bien sombres affaires et contrecarrer les plans machiavéliques du Tentacule Mauve. Et encore, ces aventures ne sont qu’un faible échantillon de toutes celles que j’ai vécues. Je ne pensais pas trouver aujourd’hui le point and click au sommet de sa forme sur ma Xbox One. Je me trompais. Daedalic Entertainment et son Chaos on Deponia m’ont ouvert les yeux et ont ôté ce voile sépia qui ternissait les souvenirs de mes plus belles aventures. Bien d’autres m’attendent désormais !

Le point sur le point and click

Une aventure pleine d’amour...

Un petit rappel historique ne fait jamais de mal et puis retomber dans ses souvenirs quand ils sont aussi bons que ceux-ci est toujours un plaisir. On va remonter le temps jusqu’en 1980 et regarder le premier né d’un couple d’Américains, Roberta et Ken Williams : Mystery House. Ce jeu est assez éloigné du point and click et pourtant il demeure la pierre angulaire du genre comme la première étincelle qui a allumé son feu. Apparu sur Apple II, il est le premier jeu “d’aventure graphique” dont le succès allait permettre au couple Williams de créer Sierra On-Line qui allait devenir une sorte de mètre étalon du genre.

Il faudra attendre quatre longues années après Mystery House et l’évolution technique des machines pour que Ken et Roberta Williams créent le premier véritable ancêtre du genre : King’s Quest. Cette aventure féérique est la première où l’on dirige complètement dans le décor notre avatar, il est même possible de résoudre certaines énigmes de différentes manières. King’s Quest allait ouvrir la voie à tout un genre extrêmement prolifique. Sierra On-Line déclina King’s Quest en plusieurs séries pour autant d’univers différents, Space Quest, Police Quest, Leisure Suit Larry. Mais un autre géant allait se dresser et faire aussi partie de l’histoire du point and click : LucasArts Games.

...de combats...

Après un essai sur l’adaptation vidéoludique du très sympathique film Labyrinthe réalisé par Jim Henson (le Muppet Show et les marionnettes de Dark Crystal c’est lui) et scénarisé par le Monty Python Terry Jones, LucasArts frappe un grand coup avec Maniac Mansion. Né de l’imaginaire d’un fan de séries B et de King’s Quest, Ron Gilbert ayant pour mission d’étoffer le catalogue LucasArts sur C64, Maniac Mansion sort avec un système révolutionnaire nommé SCUMM (Script Creation Utility for Maniac Mansion) visant à faciliter les commandes du genre via un panel d’action situé au bas de l’écran. L’humour du jeu et son moteur propulseront Maniac Mansion et LucasArts au devant de la scène et ouvrira la voie à toute une série de jeux emblématiques comme, Monkey Island, Sam and Max, Day of the Tentacle, Indiana Jones and the Last Crusade, Zack McKraken, Loom et Grim Fandango. Une sorte de panthéon qui reste encore aujourd’hui gravé à jamais dans notre vie de joueur.

Fondé par d’anciens employés de LucasArts, la société Telltale Games allait, elle aussi, marquer un renouveau du jeu d’aventure et un changement de cap radical pour le point and click. Après s’être essayé au jeu épisodique avec la reprise des licences Sam et Max et Monkey Island, Telltale frappe un grand coup en 2012 avec The Walking Dead qui lance la mode du point and click narratif avec embranchements et choix multiples tout en se concentrant sur la narration et abandonnant tout élément de puzzle/casse-tête. Une direction radicale qui rencontra le succès que l’on connait avec toutes les itérations de Walking Dead qui ont suivi. Le hasard veut que 2012 soit aussi l’année de sortie de “Deponia” premier opus d’une quadralogie point and click sortie sur PC. Le second opus, Chaos on Deponia sort peu de temps après, toujours en 2012 et toujours sur PC. Plus de cinq ans plus tard ce second volet arrive sur Xbox One.

Passons tout de suite à la suite !

...de retournements de situtations...

Et oui, avant de parler de ce second opus en profondeur sachez que malheureusement pour nous pauvres joueurs Xbox, Deponia, premier du nom, a oublié de sortir sur notre consoles. On l’attendait pourtant, sa venue était fixée dans un calendrier assez vague peu de temps après la sortie de la version PS4 en novembre 2016. Puis plus rien. Il faudra donc prendre cette aventure en cours de route et ce n’est pas facile. Alors pour vous aider (mais je vous conseille fortement de prendre ce premier opus pour une bouchée de pain sur Steam ou autre vous ne le regretterez pas), voici un bref résumé de la situation. Deponia est une planète qui ressemble plus à une gigantesque décharge à ciel ouvert qu’à autre chose. Gravitant autour se trouve Elysium un havre de paix luxueux réservé à une élite. C’est dans ce petit monde que l’on va suivre Rufus une grande gueule à l’ego surdimensionné rêvant de gloire et de fortune qui aura justement l’occasion de faire de ce rêve une réalité lorsqu’il rencontre une jeune Elyséenne nommée Goal littéralement tombée du ciel.

...il suffit de quelques heures de jeu pour se rendre compte que l’on est devant un petit bijou de point and click...

Chaos on Deponia reprend l’histoire directement après le premier épisode ; autant dire que l’on n’y comprend pas grand-chose, on devine juste les intrigues et les motivations des différents protagonistes petit à petit. Rentrer dans l’univers de Deponia et s’attacher aux personnages n’est pas chose aisée vu que toute la présentation manque à l’appel.

...de tension...

Et pourtant… et pourtant il suffit de quelques heures de jeu pour se rendre compte que l’on est devant un petit bijou de point and click aux dialogues ciselés, à la verve et à l’humour qui n’ont strictement rien à envier aux meilleures productions du LucasArts de la grande époque. Oui, j’ose l’écrire et ce en toute connaissance de cause car on prend un réel plaisir à suivre les gaffes et les mésaventures de ce looser attachant et horripilant qu’est Rufus. Et ce même après avoir fini il y a peu les remakes de Grim Fandango et Day of the Tentacle ! Les personnages de Chaos on Deponia sont vraiment hauts en couleurs et le côté cartoon du jeu associé à l’animation désuète lui donne un petit cachet nostalgique très appréciable.

...et de phrases sorties de leur contexte.

Non seulement Chaos on Deponia nous réserve énormément de moments d’anthologie et de gags énormes, mais il met aussi à l’épreuve nos neurones avec son lot d’énigmes cohérentes et originales. Certaines d’entre elles vous demanderont même un passage dans les options pour être élucidées ! Chaos on Deponia comporte aussi un petit lot de mini-jeux allant du casse-tête basique au jeu de combat (tout aussi basique) en passant par un jeu de chat et souris frustrant et pour le coup le seul vraiment mal équilibré du lot. Heureusement, il est possible de passer ces jeux pour continuer l’aventure. Chaos on Deponia c’est une dizaine d’heures de jeu, de gags débiles et de situations cocasses que l’on enchaine un sourire idiot aux lèvres. Et ça, c’est la marque des grands jeux d’aventure. À 19,99 euros, même en n’ayant pas fait le début, cette odyssée là vaut le coup d’être découverte.

Bilan

On a aimé :
  • Une écriture fine
  • Des gags comme s’il en pleuvait
  • Des énigmes originales et intelligentes
  • Un excellent point and click
On n’a pas aimé :
  • Commencer par le second épisode
  • Ne pas être sûr que les autres suivront
  • Le mini-jeu des dauphins roquettes
LuacsArts ? Non, Daedelic !

Il est difficile de rentrer dans Chaos on Deponia car il s’agit tout simplement d’un second épisode d’une quadralogie dont le premier opus est étrangement absent sur Xbox One. Difficile, perturbant même, et pourtant on y arrive sans mal tout simplement parce que l’on y prend un plaisir monstrueux. Les gags et les situations grotesques s’enchainent à un rythme effréné nous rappelant les plus belles heures du point and click. L’écriture est au poil et les personnages prennent corps pour les rendre aussi attachants qu’un jeune homme voulant devenir pirate ou un tentacule mauve. Daedalic nous montre tout son savoir-faire et il serait dommage de passer à côté d’une petite pépite du jeu d’aventure. Laissez-vous tenter par Deponia, sur Xbox One, vous ne le regretterez pas !

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Chaos on Deponia

PEGI 12 Langage grossier

Genre : Aventure/Réflexion

Éditeur : Daedalic Entertainment

Développeur : Daedalic Entertainment

Date de sortie : 12/06/2017

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4