Test - Dungeons 3

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Alors voilà, je suis un jeune Mal Absolu plein de motivation qui cherche un petit boulot de destruction et de terreur. J’ai déjà conquis plusieurs mondes, asservi bien des peuples, et même fait fuir loin de chez eux des petits lapins tout mignons et des koalas. Pour faire un petit listing de mes qualités, disons que je suis assez méchant, égoïste, un peu râleur et très cruel, j’avoue prendre plaisir à frapper mes nombreux larbins. Évidemment, je ne fais jamais rien moi-même car je suis très paresseux, j’envoie plutôt mon armée d’orcs, de gobelins, de morts-vivants et de démons faire tout le boulot en mon nom à la surface. Ah, oui, je vis sous terre, j’ai un superbe Sanctuaire du Mal gorgé d’or et de pièges redoutables dans lequel tombent tous les héros qui ont la stupide idée de tenter de me tuer. Un dernier truc : Je n’aime ni les licornes ni les paladins. Je suis embauché ? Je débute demain ? Et le boulot s’appelle Dungeons 3 ? Chouette !

L’ombre de Dungeon Keeper

Le coeur du donjon doit à tout prix être protégé !

En effet, pour la petite histoire, les bases de Dungeons 3 ne remontent pas au Dungeons premier du nom (ce serait trop facile) mais sont beaucoup plus anciennes. Pour les trouver, il faut prendre sa DeLorean et aller en 1997 dans les studios du petit, mais très renommé, studio de développement anglais Bullfrog fondé par Peter Molyneux dix ans auparavant. On lui doit notamment plusieurs hits de l’époque comme Populous, Syndicate, Magic Carpet et Theme Park. Ce dernier jeu de gestion de parc d’attraction fut sûrement une des bases de travail de l’équipe lors de la conception de Dungeon Keeper. Pourquoi cette petite rétrospective sur un vieux jeu de 1997 ? Tout simplement car ce jeu de gestion où l’on dirige le Gardien Maléfique d’un donjon est resté mythique pour beaucoup de joueurs a tel point que les programmeurs de Realmforge Studios décident en 2011 de concocter une sorte de remake officieux. L’intention était louable mais assez loin de l’attente suscitée par un tel projet. Six années et deux opus plus tard, Realmforge revient sur le devant de la scène pour proposer un Dungeons 3 qui, on l’espère va pouvoir au moins être à la hauteur de son illustre ancêtre.

Les compétences à débloquer sont nombreuses et sympathiques

Pas de soucis pour les bases vu que l’on se trouve à nouveau devant un jeu de gestion où l’on va devoir, à partir du cœur de notre donjon, creuser des galeries et des salles afin d’accroître notre pouvoir. Nos larbins vont s’occuper de toute cette sale besogne, sous notre commandement bien entendu. Nous allons étendre notre territoire souterrain en prenant bien soin de repérer les filons d’or afin de monter un petit pécule. Car même si notre autorité ne souffre d’aucune contestation, nos serviteurs sont vénaux et ne travaillent que pour l’or. Ceci dit, on commence par l’essentiel avec une salle pour nos guerriers et une autre pour l’élevage de dindons qui vont les nourrir. Quelques gobelins et deux, trois orcs robustes feront l’affaire, la tête de nos troupes étant assurée par notre Élite, l’elfe noire Thalya. Dungeons 3 s’avère assez riche dans ce qu’il propose même s’il marche sur les plates bandes de Dungeon Keeper : ateliers pour fabriquer des pièges, prison pour torturer les héros capturés, salles de trésors, sortilèges destructeurs et la Main du Mal qui peut à loisir prendre ses serviteurs pour les placer où bon lui semble. Étrangement, la main est dissociée du curseur ce qui donne une latence désagréable vis à vis de certaines de nos actions.

Détruire les bastions et les villages humains, quel plaisir !

Pour construire tout cela et assurer sa victoire contre le bien, la gentillesse et le bonheur, il ne faut pas que de l’or, des démons, des orcs et des zombies mais aussi une énergie particulière appelée Méchanceté. Cette dernière ne peut se gagner qu’en organisant des raids à la surface et en conquérant certaines sources un peu à la manière d’un RTS basique. Attention toutefois à bien préparer son armée avant de sortir le bout de son nez sous peine de la voir se faire exterminer par les elfes, les nains et les hommes surarmés qui traînent au-dessus. Attention aussi à ne pas laisser sa base sans défense car régulièrement des groupes d’aventuriers viennent l’envahir pour vous réduire à néant. Le rythme du jeu est ainsi partagé entre gestion et extension de notre base et raids violents mais essentiels à la surface. Déroutant au début mais finalement assez solide pour proposer un équilibre sympathique même si cela enlève toute un pan stratégique si l’on souhaitait se concentrer exclusivement sur notre montée en puissance souterraine.

Un Mal sans visage

Le Mal se languit...

Dungeons 3 marque aussi l’arrivée de la licence sur console et donc un menu et un gameplay spécialement adaptés à la manette de l’amoureux du canapé/bières que nous sommes. Autant dire que l’ensemble est tout juste satisfaisant. On retrouve la traditionnelle roue pour tout ce qui est choix de construction, de création de créatures et de sortilège et bien entendu toute une série de raccourcis par des combinaisons de boutons censés nous faciliter la tâche. On a beau être le Mal incarné, on s’y perd, surtout lorsque parfois une action préalablement sélectionnée ou même une simple info nécessite d’appuyer sur le bouton B pour en sortir sans aucune indication visible à l’écran. On doit passer par les menus pour combler un vide ou détruire une construction en sale état. En plein combat, le bordel ambiant n’aide en rien et ne facilite pas du tout la prise de décision rapide surtout qu’aucune pause active n’est proposée. Vous souhaitez répartir vos forces pour vous focaliser sur les soigneurs ou autre jeteurs de sorts tandis que vos tanks occupent les lourds d’en face ? Peine perdue, l’issue de la bataille sera décidée avant même que vous puissiez donner ne serait-ce qu’un ordre à la moitié de vos troupes. Le jeu lui-même semble avoir énormément de mal à suivre. Le moteur tousse beaucoup lorsque les affrontements font rage ou quand les minions dans votre donjon s’affairent en grand nombre. Tearing, ralentissements et autres joyeusetés interviennent régulièrement en sus de quelques bugs gênants comme la disparition étrange du curseur. Même si ce qu’il affiche s’avère simple, le moteur a du mal la plupart du temps. Les graphismes ont tendance à être particulièrement pixélisés que ce soit en gros plan ou pas. Une impression étrange pour un jeu pourtant entièrement en 3D.

Comment ça on ne voit rien ?

Pourtant, on arrive à s’amuser dans une campagne de longue haleine ou dans des petites escarmouches dans des cartes générées aléatoirement en mode survie, attaque de boss ou mode infini. On peut même demander l’aide d’un ami en ligne afin de jouer notre partie en coopération. On passe du temps à peaufiner notre donjon, à disposer les salles les unes par rapport aux autres et à monter une armée conséquente. Les mécanismes fonctionnent bien et on se surprend à enchaîner les parties avec plaisir. On capture des héros pour en faire nos larbins, on cherche à accueillir un balrog au sein de ses troupes, on fomente des parcours vicelards remplis de pièges pour les aventuriers qui osent descendre dans notre donjon. Bref, on s’amuse.

L’humour est omniprésent, et même un peu trop...

Le plus gros problème de Dungeons 3 se trouve dans son manque d’identité artistique, tout y est d’un convenu assumé, vu et revu déjà une bonne quarantaine de fois dans l’heroic-fantasy générique. Le jeu se complait dans le tout-venant et mise tout sur son humour pour essayer de faire passer la pilule et malheureusement pour Realmforge l’humour est loin d’être universel. Dungeons 3 se noie dans les références geeks et l’autodérision, toutes les phrases comportent au moins une allusion soit au Seigneur des Anneaux, au fait que cela soit un jeu vidéo ou autre. À trop vouloir en faire on le fait mal et Dungeons 3 essaye de nous faire rire mais n’arrive que très rarement à nous arracher un sourire, la plupart du temps on sombre dans l’indigestion et se prend à rêver d’un vrai scénario pour accompagner la campagne principale du jeu plutôt qu’à ce gloubi-boulga de blagues pas drôles. Pour ne rien arranger le jeu est très bavard, toutefois les adeptes de cet humour lourdingue seront heureux d’apprendre que Dungeons 3 bénéficie d’une localisation française tout à fait correcte.

Bilan

On a aimé :
  • Retrouver l’esprit de Dungeon Keeper
  • Un jeu de gestion sans prise de tête
  • Entièrement localisé
  • Une campagne conséquente
On n’a pas aimé :
  • Pas mal de soucis techniques
  • Une ergonomie plutôt lourde
  • L’humour particulièrement lourd
Un hommage vraiment pas Mal

Dungeons 3 arrive petit à petit à la hauteur de son illustre modèle : Dungeon Keepers. Alors certes, il y a encore du chemin à faire mais on ne peut qu’applaudir la persévérance de Realmforge Studios qui peaufine son bébé opus après opus pour arriver à un résultat tout à fait convenable et recommandable, et ce malgré la lourdeur de son humour qui sombre parfois les abysses de l’insoutenable et une maniabilité à la manette loin d’être optimale. Si la simple énonciation de Dungeon Keepers vous donne encore des frissons, ou si encore vous avez toujours rêvé de faire le Mal caché au plus profond de votre donjon, alors réveillez le Sauron qui est en vous et laissez vous tenter par ce Dungeons 3 qui satisfera vos désirs les plus cruels et vos vils instincts.

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Dungeons 3

PEGI 16 Violence

Genre : Gestion

Editeur : Kalypso

Développeur : Realmforge Studios

Date de sortie : 13/10/17

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4