Test - Narcosis

«Une belle ivresse» , - 1 réaction(s)

Narcosis, ou la narcose en français, est le nom scientifique utilisé pour décrire ce que l’on appelle communément l’ivresse des profondeurs. Ce mal est dû à un excès d’azote, constituant de l’oxygène utilisé par les plongeurs, et survient au-delà des 30m de profondeur pour être systématique à 60m. Les effets sont nombreux et peuvent aller de l’angoisse à l’euphorie, à des troubles de la vision, d’une disparition de toute notion de durée et de violentes hallucinations. Narcosis est aussi le nom d’un jeu réalisé par un jeune studio français, pensé pour la VR et il vous “plonge” littéralement dans les abysses pour une aventure tétanisante dans un monde de silence et de ténèbres.

Un cercueil ambulant

Les fonds marins mettent tout de suite dans l’ambiance...

Oceanova était un projet sûr et précurseur, porteur d’espoir quand à l’utilisation d’une nouvelle énergie non polluante et disponible à grande quantité dans les fonds marins : les hydrates de méthane. Oceanova c’était aussi un équipage d’une vingtaine de personnes. Biologistes, foreurs, géologues, plongeurs, ingénieurs, hommes et femmes, de toutes nationalités, volontaires pour cette mission dans une station sous-marine située en plein coeur de l’océan Pacifique. Mais tout cela c’était avant. À 50 milles de l’épicentre on peut penser être à l’abri de n’importe quel séisme mais pas de sa déflagration et certainement pas celle d’un tremblement de terre enregistré à 8 sur l’échelle de Richter. La base sous-marine a été entièrement disloquée, balayée sous l’effet du choc. Malgré le drame on peut dire que vous avez eu de la chance. Vous étiez de sortie lors du choc, bien à l’abri dans votre scaphandre en titane. Votre seule espoir de survie maintenant est de rejoindre la base et de prendre l’un des sous-marins de secours, s’il en reste encore un en état de marche et si vos réserves d’oxygène ne s’épuisent pas trop vite…

...on est captivé par cette ambiance atypique, presque claustrophobe, où l’on déplace son scaphandre avec peine et où on lutte pour sa survie...

Le synopsis met directement dans l’ambiance et Narcosis excelle dans ce domaine. La singularité et l’originalité du scénario donnent une expérience poignante et très intéressante qui mérite certainement d’être vécue avec un casque de réalité virtuelle vu qu’elle a été pensée avant tout pour cette technologie. Mais même assis tranquillement sur son canapé avec une manette dans les mains, on est captivé par cette ambiance atypique, presque claustrophobe, où l’on déplace son scaphandre avec peine et où on lutte pour sa survie dans un environnement hostile faiblement éclairé par notre seule et unique lampe torche. On est littéralement happé par cette aventure durant les sept heures de jeu qu’elle propose.

Le stress met à mal nos réserves d’oxygène

Côté maniabilité ne vous attendez pas à de la souplesse et à des mouvements fluides et dynamiques. Vous êtes prisonnier d’un lourd scaphandre en titane à plus d’une centaine de mètres de profondeur et vos déplacements vous donnent l’impression de piloter un tank. Un seul stick sert au déplacement très lent de votre carcasse métallique, l’autre est assigné à votre tête et à orienter tant bien que mal votre angle de vision bien entravé par votre casque. Il est impossible de regarder vos pieds, difficile de voir ce qui se passe sur les côtés chaque mouvement représente un effort et un risque potentiel. Votre scaphandre possède un boost, léger, qui lui permet de se projeter en avant et de “sauter” sur de petites hauteurs ou des morceaux de récifs un peu éloignés. Il a aussi une réserve de torches capables d’éclairer les endroits les plus sombres et vous ne vous séparez jamais de votre couteau bien utile en cas d’agression de la part de la faune sous-marine bien prompte à sauter sur votre casque.

Le survival, la fausse bonne idée

Le jeu réserve parfois quelques surprises

Narcosis aurait très bien pu se contenter de cette expérience viscérale de survie dans les abysses entrecoupée des visions, de plus en plus fortes, de notre personnage dues à l’ivresse des profondeurs. Cette ligne de conduite claire, avait déjà suffisamment de force pour se suffire à elle-même. Il faut croire que les développeurs français de Narcosis n’ont pas eu assez confiance dans le potentiel de vente de cette accroche et y ont adossé tout un côté horreur, malheureusement de façon bien maladroite et totalement superficielle. Le jeu enchaîne les ”jump-scare” foireux qui n’ont comme seul effet de montrer les seules carences techniques d’un jeu pourtant en tout point convaincant jusqu’alors. Peut-être font-ils effet via la VR, mais sans, ils sont tout simplement loupés et anecdotiques. Ils ne sont là finalement que pour accentuer le côté survie du jeu, car lorsque notre personnage est en situation de stress, il surconsomme son oxygène. Cela arrive régulièrement lors de ses visions, lors de la découverte du corps de l’un de de ses compagnons ou encore en croisant ou combattant l’une des nombreuses créatures des abysses particulièrement et artificiellement agressives. Chaque calamar croisé attaque ridiculement votre scaphandre de même que les baudroies ou les indestructibles et mortelles araignées de mer géantes.

Le profil de nos compagnons est bien pensé et intéressant

Une approche des hallucinations et des dangers de la faune sous-marine plus subtile aurait hissé le jeu vers un énorme coup de cœur tant son ambiance sans ces affrontements lourds et inutiles et ces visions horrifiques ridicules s’avère parfaite. L’ambiance sonore y est pour beaucoup et renforce le côté oppressant du jeu, un silence aquatique sourd tout juste cassé par les prises de parole intérieures de notre plongeur et par les extraits de l’émission radio qu’il a faite en tant que dernier survivant de l’expédition. Une trouvaille narrative particulièrement efficace et poignante jusqu’au dénouement final. Même si les voix sont en anglais et bien interprétées par des comédiens investis, le jeu est entièrement en français. Une autre trouvaille narrative est à mettre sur le compte des éléments à récupérer au fil de notre aventure. À chaque fois que l’on découvre le corps de l’un de nos collègues, il est possible de récupérer sa plaque d’identité et donc de connaître son rôle au sein de la mission. On peut aussi trouver des objets appartenant aux membres de la station qui nous en apprennent un peu plus sur leur personnalité. De quoi bien renforcer le background de manière intelligente et donner corps aux anciens collègues de mission de notre personnage.

Bilan

On a aimé :
  • Oppressant à souhait
  • Une ambiance et une aventure uniques
  • Le principe objets à collecter
  • Techniquement réussi
On n’a pas aimé :
  • Un côté horreur totalement anecdotique
  • Des combats artificiels
Sous l’eau personne ne vous entendra crier

Narcosis vous plonge dès les premières minutes dans une aventure suffocante au fond des abysses. Même pensé pour la VR, il ne perd absolument pas sa puissance narrative et son incroyable ambiance. Narcosis nous serre dans son étreinte pour nous immerger dans une course contre la montre éreintante dans un monde de ténèbre et de silence. Malgré son ambiance unique et sa réalisation solide et carrée, Narcosis n’arrive pas à séduire dans sa totalité, la faute à une volonté maladroite et désuète de jouer la carte de l’horreur et de proposer des combats brouillons et franchement dispensables. On finit le jeu vraiment emballé mais en regrettant que les développeurs n’aient pas eu totalement confiance en la puissance situationnelle de Narcosis et assumé pleinement leur parti pris. Quoi qu’il en soit, il serait regrettable de ne pas succomber à l’ivresse des profondeurs...

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Narcosis

PEGI 12 Langage grossier Peur Violence

Genre : Survival Action

Editeur : Honor Code, Inc.

Développeur : Honor Code, Inc.

Date de sortie : 10/05/2017

Prévu sur :

Xbox One

1 reactions

Vaaluz

01 jui 2017 @ 16:45

je ne le connaissais pas merci de me l’avoir fait découvrir ;)