Test - Dishonored 2

«Maître Corvo sur son arbre perché» , - 10 réaction(s)

Il y a quatre ans, Arkane Studios avait attiré tous les regards grâce à Dishonored. Le studio n’en était pas à son coup d’essai, mais Dishonored leur a donné l’occasion de se faire connaître du grand public, avec leur production la plus aboutie à ce jour. Fort de leur partenariat avec Bethesda, de retours d’expériences enrichissants et motivants, ils se sont assignés le défi de lui donner une suite. La tâche s’annonçait difficile : rares sont les jeux ayant su revenir avec une aussi bonne proposition et plus rares encore sont ceux qui ont réussi à surprendre les joueurs. Après une quarantaine d’heures de jeu, tapi dans l’ombre et scrutant tout dans les moindres détails, que retiendrons-nous de leur travail ?

Oiseau de malheur

Tous les méchants aux grand complet

Dans la peau de Corvo Attano, le protecteur de l’impératrice Jessamine Kaldwin, le joueur avait déjoué un complot qui avait ébranlé l’empire de Dunwall après l’assassinat de cette dernière. Il avait aussi sauvé Emily, la dauphine, notre fille, pour lui permettre de reprendre son trône. Bien des années après cette sombre période, le destin nous joue à nouveau des tours. Delilah Kaldwin, demi-soeur de la regrettée impératrice, débarque de Karnaca pour prendre le pouvoir par la force, aidée (entre autres) par le Duc de Serkonos et de ses gardes mécaniques.

À nous de nous faire notre propre expérience et de vivre le jeu tel que l’on en a envie

Après une brève mise en scène, il est temps de prendre notre première décision. Emprunter à nouveau les traits de Corvo ou bien ceux d’Emily ? Des choix, il y en aura des plus faciles que celui-ci tant les deux personnages sont différents et permettent des choses bien distinctes. Mais c’est bien là ce qui résume parfaitement toute la richesse de la série. À nous de nous faire notre propre expérience et de vivre le jeu tel que l’on en a envie. Corvo connaît bien Karnaca car il y est né alors qu’Emily découvre la ville, ce qui change les dialogues et le ressenti. Lui évolue assez peu par rapport au premier épisode tandis que sa fille apporte une fraîcheur avec ses propres pouvoirs. Mais veut-on vraiment jouer avec des pouvoirs ? Pourquoi ne pas rester un simple humain furtif, évitant le combat ? Préférons-nous une lame sanglante qui ne reculera devant rien pour sauver son empire ? Notons tout de même qu’il n’y aura pas de différences dans l’ordre des missions en choisissant l’un ou l’autre personnage. Seule notre approche et nos choix permettent de varier le déroulement de l’histoire et les conséquences, alors que le jeu s’occupe de décliner les dialogues par rapport au genre mais aussi au passé du personnage. C’est simple, à peine lancé dans l’aventure, on ne se pose déjà qu’une question : “Et si j’avais volé la clé au lieu de tuer le garde ?”.

La mécanique du cœur

Sea Sex and Sun

Vous avez fini Dishonored en long en large et en travers ? Bien. Très bien même. Vous savez donc à quoi vous attendre en termes de gameplay et d’expérience. Dans le cas contraire, rien de problématique, ni pour l’histoire qui explique bien tous les tenants et les aboutissants dans un contexte bien défini - et qui, soit dit en passant, est intéressante mais décousue, manquant un peu d’envergure ou d’enjeux -, ni pour appréhender le jeu qui propose un petit didacticiel rapide permettant de se faire aux déplacements et aux mécanismes. Premier constat en faisant ses premiers pas et escaladant les premiers obstacles : les animations sont plus riches. Le personnage, même vu à la première personne semble bien réel et se meut agréablement dans son environnement. On se sent bien dans la peau du protagoniste choisi. C’est peut-être un détail de voir, par exemple, une main se poser ici ou là pour passer au dessus d’un muret, mais cela ajoute indéniablement quelque chose qui fait la différence par rapport à d’autres jeux en vue à la première personne en termes d’immersion.

Ce feeling s’applique à tous les environnements du jeu en général. Chaque niveau n’est pas qu’une map. Il raconte aussi une histoire. Il dépeint une ville avec ses disparités économiques, ses quartiers délabrés voire abandonnés aux mains des voyous, tandis que d’autres sont surprotégés par des soldats. Une ville qui possède autant de secrets que de recoins, qui pousse sans cesse à l’exploration.

On peut admirer les différents environnements pour voir le sens du détail dont ont fait preuve les artistes d’Arkane
Pas de bras ! Et bien, pas de bras.

Cette dernière n’est jamais vaine car il y a toujours une information à trouver, des trésors ou objets à débusquer, des histoires à lire ou des conversations à écouter. Peut-être cela nous permettra de trouver le code du coffre-fort croisé dans un autre bâtiment. Ou alors d’entendre parler d’un passage moins protégé pour s’infiltrer dans la rue suivante. Armé de patience et d’un bon sens de l’observation, on peut alors s’en donner à cœur joie. Explorer, c’est aussi découvrir un passage dérobé qui permet de rentrer dans un bâtiment plus facilement que par la grande porte. On peut aussi admirer les différents environnements pour voir le sens du détail dont ont fait preuve les artistes d’Arkane et surtout profiter d’un level design aux petits oignons, plus poussé encore qu’auparavant. Mais rester discret c’est aussi constater que l’IA est plus véloce. Jouer en difficile rend l’infiltration plus ardue que dans le premier opus. Une porte laissée ouverte derrière soi attirera l’attention. Le “blink” (déplacement ultra rapide qui sert à se téléporter) peut faire tomber des objets ou briser ceux que l’on traverse par mégarde, bouger des tableaux, … ces petits détails qui peuvent alerter les ennemis et les faire quitter leur ronde. Bien sûr, on peut aussi jouer avec les environnements en faisant du bruit en toute connaissance de cause pour mieux tendre un piège ou détourner l’attention des ennemis qui surveillent un objectif. Mais il faudra composer avec un peu de hasard et ne pas s’étonner de comportement étranges. En effet, rien n’est jamais parfait dans le monde des IA.

Une oreille indiscrète

Si l’on se sent plutôt l’âme tourmentée et sanguinaire, aucun problème. Comme dans le premier épisode, on peut tout aussi bien déchaîner la fureur en courant partout, glissant vers les gardes pour mieux les embrocher, lançant des grenades au milieu des attroupements, égorgeant le malheureux ne nous ayant pas entendu arriver, etc... Les pouvoirs à débloquer de nos deux héros sont tout autant offensifs si on le souhaite. À noter que Emily est plus jouissive à jouer dans ces conditions que son père, avec des dons plus originaux, la rapprochant plus du prédateur que de la tempête de lames. Peut-être est-ce une vue de l’esprit due aux nombreuses heures déjà passées sur le premier opus et de l’attrait pour la nouveauté. Si l’on préfère s’en tenir à sa lame, là aussi des petits ajouts d’animations bien sentis se sont glissés. Les mises à mort sont plus fluides, que ça soit en sautant sur un garde qui n’a rien demandé ou en croisant directement le fer avec les soldats les plus téméraires qui ne fuient pas à la vue de nos pouvoirs. Le feeling n’en est que meilleur. Si on ressent des remords, il est même possible de se la jouer pacifiste sans tuer les gardes durant les escarmouches. Quoi qu’il en soit, les deux personnages permettent vraiment toutes les approches possibles et c’est bien cela qu’il faut retenir.

Ombres et lumières

On se sent véritablement maître de ses actions, celles-ci ayant de réelles conséquences.
Héhé, la mouche qui pète

Karnaca n’est pas seulement une ville plus lumineuse, mécanique, parfois raffinée et surtout moins industrielle que Dunwall, c’est aussi une ville vivante dans laquelle on croise plus de civils avec qui, parfois, converser et certains auxquels on peut rendre service en échange d’informations ou d’un petit coup de pouce. Il est tout à fait possible de complètement passer à côté de cet aspect du jeu pour trouver encore et toujours d’autres moyens de venir au bout de sa mission. Les possibilités d’approche sont nombreuses et variées, ce qui est devenu la marque de fabrique des jeux Arkane. On se sent véritablement maître de ses actions, celles-ci ayant de réelles conséquences. On peut débarquer dans une pièce et interrompre la conversation entre deux gardes qui auraient pu nous apprendre des informations utiles que l’on ne retrouvera peut-être nulle part ailleurs. Et tant mieux ! On ne joue pas à Dishonored pour être pris par la main même si par défaut nos objectifs sont clairement indiqués. L’ATH est d’ailleurs entièrement personnalisable pour enlever toute indication sur les interactions possibles avec l’environnement ou sur les lieux principaux à visiter. Pour tout cela, cette suite tient ses promesses et paraît encore mieux ficelée. Le souci du détail ne se trouve pas que dans les environnements, mais aussi dans la manière d’avoir conçu le terrain de jeu comme un véritable bac-à-sable où chaque action a des conséquences. C’est grisant de s’amuser à reprendre sa sauvegarde précédente pour tenter une autre approche.

Les joies des dictatures, mon bon monsieur !

Les différentes missions, au nombre de 9, apportent une grande variété en plus d’être assez vastes. Chacune d’elles propose des opportunités de gameplay originales. De la tempête de sable de Poussièreville qui nous aveugle autant que les gardes, à la mission du manoir proposant de voyager d’une époque à une autre, à la volée, qui permet des énigmes plus originales voire plus retorses, il y a largement assez d’idées afin d’éviter de tomber dans la monotonie. Cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive, je vous laisse le plaisir de la découverte. En tout cas, le rythme du jeu s’est amélioré et notre intérêt n’en est que plus exacerbé. Là encore, on peut parler d’amélioration par rapport au premier opus. On ne parlera pas de durée de vie, chose qui n’a pas trop de sens ici puisque l’on peut très bien foncer tête baissée et finir le jeu en une petite dizaine d’heures, tout comme jouer le perfectionniste et largement approcher des trente heures ou plus. Et c’est sans compter sur la replay-value et les différentes fins selon qu’on joue le chaos ou la discrétion.

Oh oui grand fou, met la moi toute !

La courbe de progression du joueur est bien dosée aussi. Alors que l’on a une liberté totale pour choisir ses pouvoirs, le jeu ne nous donnera jamais l’impression d’être bloqué parce qu’il nous manque quelque chose. Même vers la fin, chaque niveau peut-être joué sans aucun pouvoir, en se déplaçant en toute simplicité dans les environnements. Pourtant, le sentiment de progresser est bien présent et on peut véritablement gagner en puissance via les runes qui permettent de débloquer et d’optimiser ses dons. Pour permettre au joueur de façonner un peu plus encore son personnage par rapport à ses envies, on retrouve les charmes d’os qui octroient des bonus passifs boostant nos capacités. Il est possible d’en crafter si on le souhaite pour maximiser leur effet. Un réel plus en aucun cas obligatoire, puisqu’il faut d’abord prendre la peine de les collecter pour pouvoir en disposer à sa guise. Le roleplay avant tout !

La jeune fille à la perle

Quelque chose me dit qu’il y a un loup.

Techniquement, le titre n’est peut-être pas aussi propre qu’on aurait pu le souhaiter. Néanmoins, la plus-value est évidente au regard de la Definitive Edition du premier opus. Personnellement, je n’ai pas été gêné par un flou en extérieur ou un manque de fluidité sur la caméra. Au contraire, tout cela est clairement passé au second plan derrière la direction artistique exemplaire. Le rendu des textures peintes à la main permet d’afficher des tableaux très agréables à contempler. Le soin apporté à chaque détail se ressent pleinement, qu’il s’agisse des architectures très cohérentes des vastes lieux comme des éléments de décor. Le design des personnages n’est pas en reste non plus, chacun dégageant un charisme certain à défaut de faire preuve d’une profondeur psychologique. Le jeu conserve ce style si particulier qui le distingue définitivement des autres productions. On aime ou on n’aime pas, mais cela n’empêche pas de saluer l’initiative pour un triple A.

Paris, toujours aussi polluée.

L’ambiance sonore est elle aussi excellente. Le sound-design si particulier du premier épisode est immédiatement reconnaissable. Karnaca possède bien sûr sa propre identité sur ce point aussi. On découvre même avec plaisir quelques artistes qui poussent la chansonnette de manière fort agréable ici et là. Seul bémol, la spatialisation du son est par moment à revoir. C’est fort dommage d’entendre des bruits de pas que l’on jurerait proches de soi alors qu’ils viennent d’une pièce voisine. Il en va de même pour certains dialogues où il faut tendre l’oreille notamment lors des échanges avec le toujours mystique Outsider. Soulignons, pour terminer, qu’en plus de proposer le choix de la VO, la VF est de bonne facture, chose qui fait toujours plaisir au grand public d’autant plus que la narration est bonne et que les dialogues sont de qualité.

Bilan

On a aimé :
  • La direction artistique
  • L’univers, l’histoire, les personnages
  • Le level design de dingo
  • Le sens du détail
  • La liberté totale sans concessions
  • Les approches multiples
  • Excellente durée de vie
  • Arrêtez moi, je fais une liste bien trop longue
On a moins aimé :
  • Les détections parfois abusives
  • Le champ de vision étroit
  • Un peu flou
  • Un bug sur le listing des sauvegardes où les images ne s’affichent pas parfois
  • Notre addiction et le manque de sommeil
  • Je cherche encore mais c’est dur de trouver un reproche...
Respect total

Si ce Dishonored 2 est une vraie réussite, c’est avant tout grâce au travail acharné et passionné du studio lyonnais. Nous retiendrons ici un grand jeu, qui brille autant par son ambition que son souci du détail. L’un de ceux qui marqueront les joueurs tant il propose une expérience que l’on a envie de renouveler et de partager avec d’autres, rien que pour comparer nos différentes approches. Le jeu sait être vicieux et retors pour ceux qui aiment se lancer des challenges, alors qu’il reste parfaitement accessible aux meurtriers du dimanche désireux de se défouler un bon coup.

Cette hydre à bien plus que les seuls traits de Corvo et Emily, elle est ce que vous en ferez. Ce sentiment de liberté procuré par les maps et les mécanismes de gameplay associés à la maîtrise artistique et technique est grisant en tous points et dépasse largement le premier épisode, pourtant déjà solide. Rares sont les aspects sur lesquels on peut le critiquer face au plaisir qu’il procure ou du moins, rien qui ne lui soit préjudiciable. Un diamant poli à la main qui brille intensément au milieu de l’industrie un peu morose.

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Dishonored 2

PEGI 0

Genre : Action/Infiltration

Éditeur : Bethesda

Développeur : Arkane Studios

Date de sortie : 11/11/2016

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

10 reactions

kalas68

25 nov 2016 @ 11:37

« Les détections parfois abusives »

Pour une fois que l’IA est plutot intelligente vous vous plaignez :’-))

LaFabrique

25 nov 2016 @ 11:47

Je ne recommande pas le jeu sur xbox One. Déjà il est très flou, c’est insupportable. Et le jeu, n’est pas du tout optimisé. Ça rame souvent. Quand tu as plusieurs gardes, c’est bien chiant, le temps de réponse en pâti.

Bon après, si on a qu’une xbox one à la maison on a pas bcp de solution. Si on a les deux consoles seulement, prendre la version ps4 en supérieure. Même si c’est pas la version optimale.

J’ai voulu le prendre sur One, mais ayant joué chez mon pote a la version One, c’etait pas possible(environ 2 heures 30).

J’ai pris tout de suite la versions ps4. Pas de flou, je pense que la version One à une résolution très basse.

Après j’ai pas testé la version Pc, donc je ne peux pas donner un avis. Mais ça doit être la meilleure version des trois.

Eboux

25 nov 2016 @ 14:08

@kalas68 > Ce n’est pas que je me plains de l’IA dans l’absolu (je ne l’aurai pas fait en full fufu et en difficile sinon), c’est juste que les réactions ne sont pas toujours cohérentes en reprenant la même save plusieurs fois. Dès fois tu te fais détecter de super loin, tu ne sais pas trop pourquoi. Bon, ce n’est aucunement dommageable, je tenais juste à le souligner puisque si on veut être parfaitement discret, on sera forcément confronté un peu à ce soucis

kalas68

25 nov 2016 @ 14:51

@LaFabrique : On a jouer au même jeu ? :-O

@Eboux : Oui je disais ça sur le ton de la rigolade, après c’est surement le mode difficile qui veut ça, je l’ai fait en mode normal et ça ne m’a pas plus choqué que ça :-)

Kheldorn

25 nov 2016 @ 16:06

Lafabrique je sais pas si tu es un VRP Sony ou si c’était ton petit troll de la journée mais on a pas du jouer au même jeu. Sinon le test est juste, vraiment bon, surtout si on se la joue furtif.

jmabate

25 nov 2016 @ 16:20

Titicrow

25 nov 2016 @ 17:05

Ce motion blur omg

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nomad

25 nov 2016 @ 17:48

Déclaration du directeur de Microsoft France:le prix des jeux en grande surface est trop bas Source Gameblog Et perso

Fallivion

25 nov 2016 @ 18:49

Perso je trouve le jeu de très bonne qualité et je joue sur Xbox One. J’en suis déjà à la troisième partie et je n’ai aucun bug ou effets particulièrement dégueux à déplorer. Le flou est là c’est sûr mais lorsque tu es vraiment dans l’histoire et dans l’infiltration bah tu l’oublies extrêmement vite.

eykxas

25 nov 2016 @ 21:13

Etrange les propos de LaFabrique. Si je suis d’accord sur le côté un peu flou et encore ça ne concerne que l’affichage à longue distance, quand on est dans des quartiers ou bâtiments y’a pas de problème. Le seul ralentissement que j’ai constaté c’est la première fois qu’on arrive à Karnaca, et qu’on regarde en direction de la ville avec un certain angle quand on est encore sur me canot de Meagan.

Dans tout le reste du jeu pas de ralentissement. Et un framerate qui m’a semblé constant (même pas de petites baisses).