Dans le monde du jeu de course orienté simulation sur Xbox One, nous avons Forza Motorsport, le fer de lance, Project Cars, le challenger prometteur, et nous avons maintenant Assetto Corsa, le jeu de Kudo Simulazioni. Réputé pour être une des simulations les plus complètes disponibles sur PC depuis quelque temps maintenant, c’est avec beaucoup d’impatience que j’attendais cette simulation. Il ne fait guère de doute que bon nombre de joueurs étaient dans le même cas de figure, certains étant juste amoureux de l’automobile et d’autres, chevronnés de courses sur circuit, n’en pouvant plus d’attendre pour en découdre sur l’asphalte brûlant.
Les fous du volant
C’est donc relativement excité que je lance ma première course dans Assetto Corsa. Seul sur Spa dans la Ferrari FXX K avec la manette dans les mains. La porte côté conducteur se ferme, le moteur rugit et je me lance. Au premier virage, c’est la douche froide : la voiture donne un gros accoup à droite et prend le virage en épingle sans forcer. Presque surréaliste. Je finis le tour avec une facilité déconcertante et avec une absence de sensations assez dérangeante. Quelque chose cloche. Plusieurs choses même. J’ai donc enchaîné les tours, les courses, dans un maximum de configurations possibles pour y voir plus clair. À la manette, au volant, avec un large panel de voitures et de circuits, seul ou en course, contre l’IA ou en ligne. Bref, tout y est passé.
Le premier constat, clairement dommageable pour bon nombre de joueurs n’étant pas équipés, est que le jeu n’est tout simplement pas pensé pour la manette. Les véhicules réagissent relativement mal au stick. Pour faire simple, l’amplitude de 900° du volant de la voiture est intégralement comprise dans les 2 cm de course du stick de la manette. Il en résulte un comportement très brutal du véhicule et une très grande difficulté à épouser harmonieusement les courbes des virages. Pour s’en rendre compte, un petit tour en vue cockpit nous montrera clairement qu’à chaque mouvement de stick, le pilote se désarticule pour effectuer les 450° requis pour que son volant arrive en butée.
Même s’il ne s’agissait que d’une mise en bouche, je suis clairement déçu. Pour le plat de résistance, je branche donc mon volant (un Logitech G920 pour les curieux), règle le support à la bonne hauteur et me lance sur le célébrissime Nürburgring au volant d’une Audi R8 LMS Ultra. Les sensations sont tout de suite plus probantes. Pour preuve : ma sortie de piste dès le premier virage. En effet, le jeu est bien plus exigeant que Forza Motorsport 6 une fois que le volant commence à entrer en action. Ici, l’entière amplitude du volant est utilisée. Ce qui est déconcertant lors des premiers virages, finit par devenir terriblement prenant. Connaître le circuit, ses zones d’accélération, de décélération et les courbes des virages est indispensable pour ne pas finir hors-piste et, entre nous, il vaut mieux rester sur le bitume lorsque la gestion des dégâts est activée sinon, il se pourrait fort qu’on ne voie jamais la fin du tour. Il en va de même pour l’essence. Garder un oeil sur la jauge est d’une importance capitale si l’on ne veut pas se retrouver en rade au beau milieu d’un tour, d’autant plus que personne ne nous indique que le niveau est faible. Cependant, si les sensations sont au rendez-vous, une certaine gêne se dégage tout au long de la course.
Pour quelques traces de pneu
En effet, techniquement le jeu n’est, ici non plus, pas au mieux. S’il se trouve esthétiquement dans la moyenne en statique, c’est une fois en mouvement que tout se gâte. Tout d’abord les ombres n’apparaissent que quelques mètres devant la voiture de manière très grossière avant de s’affiner brutalement au tout dernier moment. C’est extrêmement gênant pendant la conduite, la différence de détails de l’ombre étant tellement importante qu’on a l’impression, à vitesse réelle, qu’un nouvel élément apparaît continuellement juste devant notre nez. Quand on finit, à la longue, par s’y faire, c’est le framerate qui chancelle. En conditions météorologiques normales (c’est à dire relativement ensoleillé) et sans concurrent, la fréquence d’affichage chute drastiquement à chaque virage ou dès que la barre des 250 km/h est dépassée. Piloter devient alors extrêmement compliqué dans ces conditions.
- Alors si ça c’est un brouillard épais, plus aucune course ne devrait être annulée à cause des conditions météorologiques
Le “brouillard intense” se limite d’ailleurs à réduire la distance d’affichage de manière à ne rien changer à la visibilité du circuit. Mettre de la purée de pois devant les arbres ne sert à rien et on est en droit de se demander à quoi servent ces “conditions météo”. Sérieusement ? Le brouillard de Turok Dinosaur Hunter sur Nintendo 64 avait plus d’effet qu’ici ! C’est qu’il faut dire que les effets climatiques n’ont pas d’incidences facilement perceptibles sur la course. On jouera ici surtout sur l’ambiance de l’épreuve. Ensoleillé, nuageux, brouillard léger, brouillard intense et c’est à peu près tout. On notera donc que l’absence de la pluie est à ranger avec celle de la nuit. En effet, les courses se déroulent intégralement en journée. C’est peu. Surtout au vu de la réputation du jeu.
Pas si complet que ça
- La météo « effacer » est en fait « dégagée », on se doute bien que Google trad a été fort utile pour traduire « Clean »
Lorsqu’on regarde d’un peu plus près ce que nous propose Assetto Corsa en termes de contenu, c’est ici qu’on comprend son prix relativement doux ; 10 circuits et environ 100 voitures disponibles (en comptant les DLC). Voitures comme circuits sont ici majoritairement européens. Les fans d’automobiles américaines ou asiatiques resteront sur leur faim quant à la quantité famélique de véhicules non-européens venant s’ajouter à l’absence des tracés iconiques de Laguna Seca, Yas Marina, Suzuka ou même Le Mans ! Alors oui, les tracés sont reproduits à l’identique grâce à la technologie de scan utilisée pour avoir les mesures exactes de chaque circuit mais quand même. Il en va de même pour les voitures : il est vrai que chacune d’elle possède un comportement unique mais, même s’il en manque toujours dans tous les jeux, ici c’est le désert.
- En multi, pas de matchmaking mais une liste de salon où vous pouvez aller et venir à votre convenance
C’est donc avec un choix relativement restreint de combinaisons qu’il faudra composer pour se perfectionner. Car c’est là qu’Assetto Corsa cherche à nous amener : le perfectionnement de chaque accélération, courbe ou passage de vitesse. C’est en farfouillant dans les réglages lors des phases d’essai libre qu’on trouvera, petit à petit, la bonne configuration pour améliorer son temps des quelques fractions de secondes suffisantes à la satisfaction de se dire “Je me suis amélioré ! Mais je sais que je peux faire encore mieux”. La précision est d’ailleurs une des plus grandes forces du jeu mais aussi une de ses plus grandes faiblesses auprès d’un public moins “acharné”. Car si on pense acheter Assetto Corsa pour “s’en faire une de temps en temps”, mieux vaut passer son tour car les joueurs en face ne sont absolument pas dans cette optique.
Lorsqu’on lance le mode en ligne, il n’y a pas de matchmaking mais une liste de salons. Chaque salon est soit en phase d’essai, de qualification ou de course. C’est ici que se situe le coeur d’Assetto Corsa : entrer dans un salon, choisir une voiture et s’entraîner pendant les essais libres en perfectionnant les réglages de son bolide, tenter de décrocher la pôle position pendant les qualifications avant d’affronter d’autres joueurs voulant une seule et même chose : la victoire. C’est ici que tout se joue. Bien entendu, il est également possible et presque aussi gratifiant de défier les chronos en solo dans le mode libre mais il n’est en aucun cas possible de prendre du plaisir dans le mode carrière se résumant à une suite d’épreuves sans saveur enrobées dans un menu bourré de problèmes de localisation. Entre les erreurs de traduction (un “replay” de la course se trouvera derrière le bouton “rejouer” quand il faudra sélectionner “entraînement” pour reprendre une course laissée en suspens), et les emplacements de texte trop petits pour laisser apparaître la totalité du libellé prévu à cet endroit, l’enrobage a clairement été bâclé. C’est d’ailleurs un peu le constat de ce jeu, le coeur du gameplay pour les puristes est aux petits oignons, tout ce qu’il y a autour n’a, en revanche, pas bénéficié de la même attention.