Armikrog est le dernier jeu en date de l’animateur en stop motion, Douglas TenNapel et créateur avec David Perry du célèbre Earthworm Jim. Il avait touché bon nombre de joueurs avec un point and click hors norme entièrement réalisé en pâte à modeler nommé The Neverhood. Son humour, sa direction artistique et ses musiques le rendent encore tout à fait recommandable aujourd’hui. La suite fut moins glorieuse avec le sympathique mais trop conventionnel jeu de plates-formes Skullmonkeys et les médiocres Boombots et Klaymen Gun Hockey sur Psone. Avec Armikrog TenNapel revient au point and click 20 ans plus tard grâce à une campagne Kickstarter couronnée de succès, surfant sur l’énorme capital sympathie et la nostalgie de the Neverhood. Mais cet espoir suscité n’était-il pas trop lourd à porter ?
Une pâte bien molle…
Les premières minutes d’Armikrog sont un véritable bonheur pour les fans de The Neverhood et même pour les autres. On retrouve l’espace d’un instant tout le charme et la magie de cette animation en stop motion et ses personnages décalés perdus dans un monde aussi étrange qu’hilarant. Le compositeur de l’époque, Terry S. Taylor revient au meilleur de sa forme et nous offre encore une fois tout son talent pour une séquence d’intro mémorable. L’humour fait mouche et les cinématiques s’enchaînent sur un rythme enlevé en nous laissant pantois, un sourire béat figé par un bonheur sincère. Malheureusement, ces premières impressions disparaissent aussi rapidement que le jeu se finit. A peine trois heures plus tard, en étant large et en prenant son temps, on contemple, hagard, l’étendue des dégâts…
Pour sauver leur peuple, le pilote Tommynaut et son chien Beak-Beak partent à la recherche d’une source d’énergie très puissante. Leur voyage les amène dans une étrange forteresse abandonnée… L’histoire n’est qu’un prétexte à un enchaînement de salles et d’énigmes soporifiques pour un point and click pour le moins banal et très mal rythmé. Armikrog nous jette continuellement à la figure sa vacuité avec des allers-retours inutiles, des déplacements longs et identiques entre les différents niveaux de la forteresse et des énigmes qui se payent le luxe d’être particulièrement redondantes. Revoir trois ou quatre fois une même variante d’énigme dans un jeu aussi court est, à vrai dire, désespérant.
On a l’impression que devant le peu de contenu de leur jeu les développeurs ont tout fait pour le rallonger de la manière la plus artificielle possible. Un échec total encore plus décevant que les musiques sont toujours aussi géniales et que les rares cinématiques s’avèrent particulièrement réussies. Le jeu souffre aussi de nombreux bugs, comme des animations manquantes, des résolutions automatiques d’énigmes et une maniabilité au pad assez problématique. On vous conseille d’enlever par défaut la sélection automatique sous peine de vous arracher les cheveux lors de certaines énigmes. Finalement, la seule chose qui sauve le jeu du naufrage est son prix. Les 10 euros demandés peuvent excuser sa faible durée de vie mais certainement pas son contenu au final bien décevant.