Test - Deus Ex : Mankind Divided

«La suite tranquille» , - 30 réaction(s)

L’ordinateur principal était dans le salon et y accéder n’allait vraiment pas être un parcours de santé. Avec ma vision augmentée, je me suis mis à balayer la pièce du regard. Ma femme était bien là, son cône de vision était fixé sur la télévision. Elle devait être captivée par une émission pour filles, un truc de cuisine, de gars qui chantent ou de pseudo stars qui dansent. Le son sortant des enceintes allait pouvoir couvrir le bruit de mes pas. Accroupi, je me faufilais discrètement dans le conduit d’aération situé derrière le canapé. Avant d’en sortir je me risquais à tendre la tête pour inspecter si ma femme n’avait pas bougé d’un cil. Mon index relâcha un tout petit peu la gâchette de mon pistolet silencieux à fléchette tranquillisante. Puis je me mis à couvert avant de m’installer derrière le clavier. Le hack allait être facile, je connaissais le mot de passe. J’étais enfin prêt à rédiger le test de Deus Ex : Mankind Divided.

Adam Jensen est de retour, et il n’a pas changé

L’ambiance générale est plutôt bonne malgré une technique pas toujours au top

Deus Ex : Mankind Divided est la suite directe de Deus Ex : Human Revolution. Même s’il n’est pas obligatoire d’avoir joué à ce dernier avant de se lancer dans l’aventure, la sauvegarde et les choix du précédent opus n’étant pas pris en compte, il est toutefois grandement recommandé de l’avoir fait. Pourquoi ? Et bien tout simplement car même avec l’aide d’un résumé, disponible sur la galette, des évènements de Human Revolution, il n’est vraiment pas évident pour le néophyte de digérer très rapidement toute la géopolitique, les tenants et les aboutissants et surtout le déluge de noms, propres et ceux liés aux organisations, que nous assène le jeu dès les premières heures. Pour les nouveaux venus, comprendre les enjeux et savoir qui est qui va être un véritable chemin de croix.

« Adame » Jensen version ++

Deux ans après les terribles incidents qui ont marqué la fin de Deus Ex : Human Revolution, ce qui reste de l’humanité se trouve coupé en deux entre les humains purs et les augmentés. Ces derniers font maintenant peur et sont traités comme de véritables parias. L’oppression que subissent les augmentés a plongé l’humanité dans un climat de peur et de violence. Derrière cette société à la dérive, les organisations responsables du désastre comptent bien tirer leur épingle du jeu et cueillir le fruit du chaos qu’elles ont semé. Adam Jensen fait maintenant partie d’une force spéciale d’Interpol appelée la Task Force 29 chargée de combattre des terroristes augmentés. Lors d’une de ses missions à Dubai, la Task Force tombe dans ce qui semble être une véritable embuscade. Est-ce l’oeuvre des Illuminati ou d’une nouvelle et puissante organisation ? Adam Jensen est envoyé par Interpol à Prague afin de contacter Talos Rucker, le chef de la Coalition pour les Droits des Augmentés, et essayer de découvrir quel groupe se cache derrière l’attaque de Dubai.

La beauté des décors rend encore plus risible la rigidité des PNJs

Si vous m’avez suivi jusque là bravo, car comme dans l’opus précédent, le scénario de Mankind Divided est bien alambiqué et demande sans cesse au joueur de retenir quels sont les forces et les personnages impliqués sous peine d’être perdu. Il aurait très bien pu tenir la route s’il n’avait pas traîné derrière lui deux grosses tares du dernier opus, à savoir une propension à être terriblement bavard pour pas grand-chose et une écriture lourde et maladroite. De plus, la version française souffre d’un doublage minable, totalement à côté de la plaque : “Adame” Jensen n’est jamais dans le ton, ses PNJ sont surjoués et les acteurs assurant le doublage font preuve d’un manque total d’implication. Heureusement que l’on peut choisir une salvatrice version originale sous-titrée ! Mais cela gâche totalement l’immersion du jeu déjà mise à mal par une mise en scène atone et une technique balbutiante. Heureusement, les musiques d’ambiance composées par Michael McCann, déjà à l’oeuvre sur le premier, mais aidé cette fois par Sasha Dikiciyan (Mass Effect 2 et 3, Borderlands 2) sont magnifiques. Si Human Revolution pouvait prétendre à être une “révolution” dans la série ce Mankind Divided ne l’est pas, il ne fait qu’emprunter tranquillement, et d’un pas assuré, les rails posés par son grand frère.

Ce n’est plus l’heure de la révolution...

Le level design est un vrai régal

L’équipe d’Eidos Montréal avait bien entendu les critiques formulées à l’encontre de Human Revolution et n’avait pas attendu cette suite pour rectifier le tir vu qu’ils s’étaient fendu d’une version Director’s Cut, normalement exclusive à Wii U, deux ans plus tard, rectifiant quelques éléments dont la possibilité de passer les “boss” du jeu sans être obligé de recourir à la force. Mankind Divided s’appuie essentiellement sur cette expérience et, si l’on est méchant, ne propose qu’une suite améliorée de Human Revolution. Cette impression de déjà vu nous suit tout le long du jeu, certes pas aidée par un moteur qui ne fait que proposer des environnements plus grands, plus riches et plus détaillés. C’est déjà pas mal, certes, mais que dire de tous les personnages du jeu avec leur visage coupé à la serpe, totalement inexpressifs et le rag doll improbable de leur corps lorsqu’ils tombent inanimés ? Rien, on reste stoïque, impuissant et on subit.

Là, Jensen est plutôt très mal barré...

C’est d’autant plus rageant, qu’un énorme effort a été fait sur le level design du jeu. Chaque niveau, que ce soient les quartiers de Prague ou les niveaux de missions, regorgent de passages, de portes fermées, de secrets pour autant de possibilités, plus que dans le précédent volet. Le gameplay émergent est toujours présent, Mankind Divided nous offre des possibilités et laisse toujours le joueur choisir lui-même son approche. Pour récupérer un élément de quête, on peut très bien nettoyer un repaire de truands au fusil à pompe, essayer de dialoguer pour obtenir un arrangement ou encore y pénétrer incognito en forçant quelques serrures et en neutralisant deux-trois gardes au passage. C’est libre et foncièrement grisant. Les quêtes annexes sont beaucoup mieux intégrées dans l’univers, on tombe dessus au gré de notre exploration, au détour d’un appartement et d’un cadavre s’y trouvant ou en tombant sur un PNJ retenu prisonnier dans un immeuble particulièrement bien gardé. Il s’agit d’une des améliorations les plus notables apportées à la série. La jouabilité a très légèrement été revue, outre une réaffectation des boutons, Adam peut maintenant s’accrocher très facilement sur le moindre rebords, ou presque, car ce dernier a quelques fois des difficultés à s’agripper correctement sans que l’on sache pourquoi.

L’IA est l’un des éléments qui n’a pas été retouché par rapport à Human Revolution

Ce qu’il gagne en richesse dans son environnement et en approche, Mankind Divided le perd dans sa cohérence. L’interaction des PNJ avec nos actes est réduite au minimum : on souhaite hacker une serrure au nez et à la barbe des occupants des lieux ? Inutile de se cacher on peut le faire impunément dans 90% des cas. Sortir d’un lieu sécurisé, monter sur les toits, déplacer des poubelles, des frigos, fouiller tous les tiroirs d’un appartement pour voler tout ce que l’on peut y trouver ? Pas de problème, personne ne réagira à vos exactions ou à votre étrange comportement. C’est bête, étrange et Mankind Divided traîne comme un boulet cette impression d’avoir affaire à une sorte de jeu de la génération précédente, comme le simple portage de la suite de Human Revolution sur nos consoles actuelles. La jouabilité est la même ou presque, le principe de hacking quasi-identique, toujours la même IA, les sensations de tir identiques, le principe de couverture itou et même les animations contextuelles d’élimination furtive sont là (toujours très lourdes, répétitives, dispensables et pas du tout adaptées à l’infiltration). Le jeu nous offre du réchauffé à peine amélioré dans le meilleur des cas.

Un Deus Ex pas vraiment augmenté

Le Tesla peut rapidement devenir indispensable

Alors, où se trouvent les réelles nouveautés ? Où peut bien se cacher la flamme de Mankind Divided ? Les principales nouveautés du jeu, outre son formidable level design bien sûr, se situent en fait dans les nouvelles augmentations d’Adam. Au nombre de sept, elles occupent une place particulière dans l’arbre de compétences vu que chacune de ses nouvelles capacités activée va déstabiliser l’État Système d’Adam. Avant d’en débloquer une, il faudra trouver un Calibreur afin d’éviter une surchauffe générale des systèmes. Je vous passe l’aléa scénaristique qui les introduit comme celui qui vous fait perdre l’intégralité de vos capacités acquises dans le premier opus, la réinitialisation fait partie du jeu… Ces nouvelles capacités dynamisent le gameplay, que cela soit en combat ou lors des infiltrations.

Certaines armes sont entièrement customisables

En termes de combat pur, Adam peut compter sur le bouclier Titan qui le rend invulnérable pendant quelques secondes, mais aussi sur Concentration qui lui permet de passer dans un état second et qui plonge son environnement dans une sorte de ralenti très utile pour aligner les tirs à la tête ou encore tirer sur une grenade qui vient juste d’être lancée ! Vitesse Icarus comme son nom l’indique propulse Adam dans une direction soit pour se mettre à couvert, soit pour surprendre un adversaire dans le dos. Prime et la Nanolame sont les deux autres capacités qui viendront augmenter l’arsenal de Jensen dans les mêlées. La première crée une onde de choc qui repousse les adversaires ou les assomme, la seconde empale littéralement les adversaires ou transforme le projectile en un explosif très puissant. Chaque capacité peut être utilisée de façon alternative et servir aussi en jeu, la Nanolame peut attirer un garde trop consciencieux ailleurs par exemple. Les deux dernières capacités sont plutôt utiles pour de l’infiltration pure et dure. Le Tesla envoie des rayons capables d’immobiliser jusqu’à quatre cibles simultanément, la dernière capacité est l’une des plus intéressantes vu qu’il s’agit du Piratage à distance. Gêné par une tourelle ou une caméra ? Le Piratage à distance vous redonnera le sourire ! Toutes ces nouvelles capacités ne changent pas radicalement le jeu mais lui permettent de trouver un certain dynamisme dans les combats et offrent de nouvelles possibilités d’approche qui sont dans l’ensemble bienvenues.

Le mode Breach peine vraiment à convaincre...

Jensen a aussi la possibilité de s’adonner aux joies du bricolage. En récupérant des pièces dans le jeu, il pourra fabriquer divers objets, plus ou moins utiles mais surtout améliorer les caractéristiques des armes qui pourront toujours recevoir les améliorations habituelles, lasers de visée et autres silencieux. Un petit mot rapide sur les bonus transmédia présents dans le jeu, rapide car les triangles trouvés que l’on doit scanner avec l’appli officielle de Mankind Divided donnent accès à des bonus que je n’ai pas pu récupérer lors de l’écriture de ce test.

Finalement, la principale nouveauté de ce Deus Ex se situe dans un mode de jeu annexe appelé Breach. Légèrement scénarisé, il vous met dans la peau d’un hacker qui devra réussir des missions dans un environnement virtuel sous forme de time attack. Cela ne devrait plaire qu’aux férus de compétition en ligne mais il s’agit surtout d’un passage obligé pour Eidos Montréal qui se devait de proposer un jeu en ligne contenant un système de micropaiement intégré afin d’arrondir les fins de mois difficiles. L’intérêt de ce mode est réellement limité tant celui de Deus Ex semble se situer bien au delà de ce qu’il propose.

Bilan

On a aimé :
  • Les mêmes qualités que Deus Ex Human Revolution
  • Ambiance sonore au top
  • Level design excellent
  • Plus riche et des quêtes annexes mieux intégrées
  • Une bonne suite...
On n’a pas aimé :
  • ...mais sans génie
  • Une VF pitoyable
  • Les mêmes défauts que Deus Ex Human Revolution
On prend les mêmes et on recommence

Incrédule. Voilà comme on ressort de Mankind Divided, tant on a l’impression d’avoir joué à une sorte d’add-on qui n’ose dire son nom. Le moteur accuse son âge, l’écriture est loin d’être satisfaisante, la VF est horrible et on subit les mêmes tares que sur Deus Ex Human Revolution en légèrement corrigées. Peut-on s’en satisfaire ? Le jeu est certes plus fluide et plus plaisant que son grand frère mais il est loin de proposer la véritable évolution que l’on attendait et que l’on souhaitait. Ceux qui ont aimé le premier d’un amour fou ne pourront que retomber corps et âme dans les bras de cette suite, qui porte si bien son nom. Les autres passeront leur chemin. Quant aux nouveaux ils risquent d’être laissés sur le bord de la route et se retrouver sans cesse ballottés entre des moments captivants, agréables et les vestiges d’un jeu futuriste qui date de 2011...

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Deus Ex : Mankind Divided

PEGI 0

Genre : Action RPG

Éditeur : Square-Enix

Développeur : Eidos Montréal

Date de sortie : 23/08/2016

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

30 reactions

tomzati

19 aoû 2016 @ 15:54

Bon test et qui parait au moins impartial, quand je vois jv.com (bon ok c’est pas une référence) qui énumère quasi les même défauts pour au final mettre une note de 17/20 ça fait marrer..... « La suite tranquille » résume effectivement assez bien le test. N’ayant pas plus accroché que ça au précédent je vais m’abstenir pour celui-ci. Dommage quand même car on peut pas nier que les gars du studio ont fait un gros travail au niveau de l’ambiance et de l’identité de cette IP..... Cela mériterait un travail d’écriture et technique proche d’un The Witcher pour moi une telle license.

mika450

19 aoû 2016 @ 17:55

bon jeux:-) bien que j’aurais préféré une suite avec JC denton, mais je trouve que le reboot est bien aussi:-P

mika450

19 aoû 2016 @ 17:57

ha heu oui:’-)) et aussi bon test Jarel j’ai lu jusqu’a la fin :-)

Jarel

19 aoû 2016 @ 18:20

Merci.

*Fais un bisous à Mika*

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HadesANGEL21

21 aoû 2016 @ 18:40

qu’en tu voie lavis de se qui on le jeux en main tu te dit que c’est mieux d’avoir ton propre avis ou de lire lavis de c’est personnes parfois que lire le test de site de jeux vidéo il a des défaut comme beaucoup de jeux mes la vous le descendez carrément

Jarel

22 aoû 2016 @ 08:29

Hades > J’avoue ne pas avoir totalement saisi ce que tu as écris mais je vais me répéter Mankind Divided a les mêmes défauts et les mêmes qualités que Human Revolution avec un gameplay plus souple et de nouvelles capacités pour jensen. Je reste s l’ensemble déçu car j’osais espérer qu’un jeu de 2016 soit beaucoup plus éloigné que cela d’un jeu de 2011 et que les défauts soulignés alors eussent été corrigés (IA débile, cinématiques de neutralisation, dialogues lourds, expressions des visages, VF pourrie, ragdoll à l’ancienne et quelques bugs minimes, tout cela nuit réellement à l’ambiance et à l’immersion).

SI tu as aimé le premier fonce ! Mankind Divided est une suite solide mais bien trop sage, si tu n’as pas aimé ou que tu l’as trouvé moyen celle là ne risque pas de convenir pour autant.

Si tu n’as pas joué au précédent, mieux vaut quand même commencer par ce dernier car le nombre de noms balancés, les références situationnelles, le contexte socio politique, les personnages rencontrés risquent de te perdre et de ne pas te permettre d’apprécier le scénario comme il se doit.

Voilà j’espère avoir répondu à ton questionnement.

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HadesANGEL21

22 aoû 2016 @ 13:56

Jarel j’ai jouer au premier et j’ai adorer et j’ai commencez mankind et je le trouve vraiment bien

nono

22 aoû 2016 @ 17:09

@HadesANGEL21 Ça me rassure ce que tu écris car je l’ai pré-commandé sur le store xbox live . Je n’ai pas encore mis la main dessus étant en vacances. Et c’est vrai que pour le coup le test ne donne pas trop envie de le prendre (j’ai surkiffé le 1 donc tout va bien)

Jarel

22 aoû 2016 @ 18:00

J’avais cru être clair en fait, ceux qui ont aimé le un sans retenue vont adorer cette suite. Le seul GROS reproche que je lui formule est de rester bien trop près de Human Revolution avec très peu d’améliorations des lacunes et des griefs que l’on pouvait trouver/formuler à ce dernier.

Mais allez y hein, je n’ai pas dit que c’était un étron sans nom aussi ! ^^

nono

22 aoû 2016 @ 22:59

Jarel

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