S’il y a une chose de vraiment appréciable avec les jeux indés, c’est que cela permet de voir débarquer les concepts et les idées les plus farfelues. Quand nos amis les AAA misent beaucoup sur l’apparence, ces jeux plus modestes, pour se démarquer, doivent trouver l’idée qui fera réagir le joueur et qui le poussera à passer à la caisse. Dans le cas présent, jouer un petit vieux qui lutte pour sa vie dans des courses de karts contre la grande faucheuse, pas de doutes, on a bien un pitch barré qui peut largement éveiller la curiosité.
Une course contre le temps
Dans une petite bourgade campagnarde, la mort vient rôder dans la maison de retraite locale pour faire un carnage. Nos petits vieux, pas plus intimidés que ça, lancent un défi à la mort : elle ne pourra les emporter que si elle les bat dans des courses effrénées. La mort accepte (et heureusement sinon il n’y aurait pas de jeu), et nos amis customisent leurs déambulateurs pour en faire de véritables véhicules de course ! S’ensuit la course ultime : celle pour leur vie… Je vous ai donné envie ? En tout cas, pour moi, cette accroche a très bien marché, tant elle est promesse de quelque chose de forcément un peu délirant. Quand on lance le jeu, on va pourtant commencer par vite déchanter. La première impression est même affreuse. Les textes affichés à l’écran sont invisibles pour tous les caractères comportant un accent bien franchouillard. Ça ne change rien au jeu, mais ça annonce par contre un manque de finition qu’on va effectivement constater très vite avec des graphismes d’un autre âge. Le tutoriel continue de laisser perplexe quand on prend en main les karts qui se conduisent d’une façon ultra-saccadée peu agréable. Tant que j’y suis, au niveau de la réalisation, on va également très vite être lassé par des musiques peu nombreuses, très enjouées, mais aussi terriblement répétitives.
Pourtant, quand on commence à jouer, on oublie étrangement ces lacunes. En solo, les courses s’enchaînent très vite sur de courts parcours, et avec des tracés tout à fait adaptés à la maniabilité : ce n’est pas un jeu de conduite où il faut connaitre les circuits, mais plutôt un jeu de réflexe pour tourner au bon moment sans jamais lâcher la pédale. Les environnements sont peu nombreux, mais l’humour absurde fait mouche, avec sur la piste des zombies ou des soucoupes volantes. Il y a bien le déroulement habituel des courses à la Mario Kart, et le danger d’être devant et d’être la cible des bonus ramassés par les autres concurrents, mais malgré ça, on gagne tranquillement les courses, jusqu’à terminer un solo pas désagréable en un peu plus d’une heure. Oui, c’est vraiment très peu, et encore, distrait, j’ai perdu quelques courses en route… Il y a bien un mode libre où il faut trouver des objets disséminés dans la ville, mais on n’y passe pas plus de quelques minutes tant cela s’avère peu intéressant. Qui plus est, le contenu manque sérieusement de profondeur. Ainsi, on peut customiser son kart, mais la difficulté est tellement faible que ce n’est même pas nécessaire, et tous les véhicules ont les mêmes capacités. Bref, si on ne s’ennuie pas, tout cela reste plus que léger.
Puis soudain, on s’amuse
Et puis, quelques copains passent à la maison, et on leur propose une partie de Coffin Dodgers en écran splitté, jusqu’à 4 joueurs. Et là, le jeu révèle ce à quoi il est réellement destiné. Certains de ses défauts, comme ses graphismes sommaires, deviennent même des qualités ! En effet, la dénuement à l’écran devient de la lisibilité quand on ne joue plus que sur un quart de la télé. De même, le gameplay si basique devient d’un seul coup totalement approprié à des courses intenses et funs. De façon très naturelle, on appuie sur start après chaque partie pour en commencer une nouvelle, et le jeu se révèle alors : on s’amuse vraiment, tout simplement. Il semble probable que Coffin Dodgers ait d’abord été pensé comme un jeu multijoueurs en local, puis qu’il a été « gonflé » pour être proposé à la vente. Autant le bilan est mitigé, voire franchement négatif en solo, autant le jeu délivre exactement ce qu’on attend d’un jeu festif à partager avec des amis, en local seulement.