La série des Chevaliers de Baphomet fait partie de cette rare catégorie de franchises qui sont associées à un auteur, dans le cas présent Charles Cecil. En effet, si les deux premiers sont devenus des classiques instantanés, c’est grâce à une écriture fine, un ton désinvolte et amusé, et en même temps des sujets plutôt complexes. Des personnages secondaires souvent drôles, et en même temps des situations graves. La série s’est un peu perdue avec ses épisodes 3 et 4, dissolvant son identité en se risquant à la 3D. Ce cinquième épisode finit donc par arriver fin 2013 sous format épisodique sur PC, après 7 ans de silence, et sera terminé grâce à une petite rallonge via les financements participatifs. Une genèse un peu compliquée, donc, pour le retour des héros qui ont débuté sur PS1.
Le retour des aventuriers
Si du temps s’est écoulé entre la sortie des épisodes, les héros, eux, n’ont pas vieilli, et on retrouve donc George Stobbart, travaillant pour un assureur, et Nicole Collard (aka Nico), jolie journaliste très douée pour se mettre dans de beaux draps. Les deux badinent dans une exposition de peinture quand un homme surgit brusquement, vole un tableau et tue le propriétaire de la galerie. Le tableau volé, « La Malediccio », a la réputation de porter malheur... George doit retrouver le tableau pour que son assureur de patron n’ait pas à payer, et Nicole, en bonne journaliste, tient peut-être un scoop. L’enquête commence...
Un intérêt majeur d’un jeu de type point’n click étant son histoire, je ne vais pas aller plus loin dans mon récit. Le scénario est d’ailleurs un point fort du jeu... à partir de la moitié. En effet, si dans la deuxième partie du jeu, dans la tradition de la série, on va voyager et explorer des endroits exotiques variés, la première se déroule exclusivement dans un Paris fantasmé avec juste un petit détour par Londres. Qui plus est, on a au départ l’étrange impression de participer à un simple vaudeville, pas désagréable, mais bien peu ambitieux. Puis les enjeux décollent, révélant le dessous des cartes, et permettant au final de combler le joueur qui se sera laissé embarquer.
Si l’histoire n’est donc pas d’une efficacité redoutable, l’écriture se révèle surtout à travers une galerie de personnages secondaires savoureux. J’ai particulièrement aimé le garçon de café philosophe, à la limite de l’agaçant, mais étonnant dans ses déclarations décalées. Et puis Stobbart est toujours aussi charismatique, avec son accent américain prononcé. Nico, il faut bien l’avouer, n’a pas un rôle si important même si on en prend le contrôle régulièrement. A noter que quand on joue avec les voix anglaises, c’est elle, avec son accent français, qui apporte la touche d’exotisme. Les doublages sont assez inconstants, souvent très corrects (George Stobbart), parfois un peu déclamés. Ne cherchez pas, c’est exactement la même chose en anglais. A noter, en passant, que j’ai été contraint à un moment de changer la langue pour passer un plantage du jeu, avant de revenir en français ensuite. Je vous donne l’astuce si vous faites face au même bug !
Au global, c’est le plaisir qui l’emporte pendant la douzaine d’heures nécessaires pour arriver au bout. Les énigmes sont généralement plutôt simples, mais on sera tout de même bloqué de temps en temps, essence même du point’n click, avec l’obligation d’essayer un peu tout pour trouver la solution.
Vive la 2D !
Visuellement, Les Chevaliers de Baphomet 5 revient à une bonne vieille 2D, pour un rendu old school, même s’il y a une tentative d’y incrémenter une animation plus ambitieuse qu’à l’époque.
Cette animation, globalement satisfaisante, n’est pourtant pas exempte de défauts dès que la profondeur intervient. C’est seulement un détail, tant cela ne se remarque pas vraiment en jeu. A l’inverse, l’inconstance des décors se voit. Si certains tableaux sont superbes, d’autres ne bénéficient pas du même soin, et offrent un rendu un peu flou, laissant penser qu’on a là un upgrade d’une version pour tablettes. La moyenne reste excellente, dommage qu’elle soit polluée par ces faiblesses régulières.
Le gameplay est, lui, franchement old school : on pointe, et on clique, que ce soit pour sélectionner un objet, pour l’utiliser, ou pour déplacer le personnage. Old School, mais efficace, et parfaitement adapté. Qui plus est, dans un jeu comme ça, qui s’adresse en bonne partie aux nostalgiques des premiers épisodes, en reprendre le gameplay était pour ainsi dire indispensable.