Test - King’s Quest Chapitre 1 : La Voix du Chevalier

«Une voie royale» , - 4 réaction(s)

Un groupe étrange se frayait un chemin entre les stèles du cimetière Sierra. Une file indienne aussi silencieuse que déterminée, indifférente aux nuages menaçants qui semblaient jouer avec la lune. La pâle lumière que cette dernière renvoyait, allongeait les ombres du groupe en une sorte de ballet de fantômes fêtant un grotesque sabbat oublié. Le premier de cette file de gentlemen, car aussi saugrenue que cela soit, leurs habits ne pouvaient prêter à confusion, portait à son épaule une longue et large pelle, les autres épiaient les alentours avec crainte. Ils se dirigeaient sans la moindre hésitation vers l’une des plus ancienne tombe du cimetière. Elle occupait à elle seule une petite colline nue tenant compagnie à un arbre aussi mort que les autres résidents du cimetière. Je vous passe les détails de l’exhumation sinistre et horrible qui s’en suivit et de tout le décorum qui l’accompagnait : éclairs, bourrasques de vent et hurlement lointain d’une meute de loups. La troupe entoura le cercueil et comme un seul homme leva la boite de jeu qui reposait en paix. La profanation de King’s Quest, l’un des premiers jeux d’aventure de l’histoire du jeu vidéo ne faisait que commencer…

Il était une fois…

Commencer le test de King’s Quest sans parler de ses aînés serait au minimum une faute de goût, au pire un gigantesque abysse pour les plus jeunes dans leur culture vidéoludique. Sans aller jusque là, il est toujours bon de replacer le jeu dans son contexte et de présenter la base qui lui a servit de départ, car oui King’s Quest est le reboot d’une vieille licence, et pas n’importe laquelle.

Le premier King’s Quest dans toute sa splendeur !

King’s Quest est l’une des pierres angulaire de l’histoire de On-Line Systems qui devint par la suite Sierra On-Line, et une histoire de couple vu que derrière cette entreprise précurseur dans le monde du jeu vidéo, on trouve Ken et Roberta Williams. Tout commence en 1980 sur Apple II et avec leur premier jeu d’aventure nommé Mystery House élaboré par Roberta Williams, premier d’une série qui a su marquer les « vieux » joueurs d’Apple II. La révolution va arriver en 1984 et va se nommer King’s Quest. A la base, le jeu est né d’une commande d’IBM qui souhaitait un jeu d’aventure d’un genre totalement nouveau pour promouvoir leur dernier ordinateur familial. Roberta entrepris d’assembler le maximum d’éléments fantastiques et féériques issus de contes pour constituer son histoire. Ainsi est né le premier jeu d’aventure animé en 3D. Ne cherchez pas vos lunettes, la 3D de l’époque se résumait à pouvoir diriger le personnage dans un décor isométrique fixe. King’s Quest est le précurseur d’un genre que l’on connaît maintenant sous le nom de point and click.

La même scène quelques décennies plus tard...

Cette paternité allait pleinement être assumée par les Williams et propulser Sierra Online comme l’un des développeurs les plus influents et réputés de l’époque en matière dans le jeu d’aventure. King’s Quest allait connaître une suite dès l’année suivante puis dès 1986 de nouvelles séries allait voir le jour avec Space Quest, Leisure Suit Larry et Police Quest (1987), la première aventure de Laura Bow avec The Colonel’s Bequest, et le premier épisode de Quest for Glory (1989) et le somptueux Gabriel Knight en 1993. Ces séries ont connu de nombreuses itérations et elles font désormais parties, comme d’autres jeux de Sierra moins connus, comme des références de l’âge d’or du jeu d’aventure. La série King’s Quest quant à elle, a tenu jusqu’en 1998 avec un dernier opus, King’s Quest 8, entièrement en 3D. Il aura fallu attendre 17 ans avant de voir un nouveau King’s Quest venir sur nos consoles sous la forme d’un jeu d’aventure épisodique.

…un jeune homme voulant devenir chevalier

Le vieux Graham conte ses exploits à sa petite fille

King’s Quest Chapitre 1 : La Voix du Chevalier s’ouvre avec le héro de la série, Graham, vieux roi de Daventry, désormais alité et fatigué. Il n’est toutefois pas seul, car sa jeune et pétillante petite fille, Gwendolyn aime lui tenir compagnie et ne se languit jamais des aventures épiques de son grand père. Ces récits constituent l’intégralité de la partie jouable de ce premier chapitre. Les développeurs de ce King’s Quest new look, les talentueux Odd Gentlemen, qui nous avaient ravis avec Les Aventures de Winterbottom sur Xbox 360, ont reçu la bénédiction des deux créateurs de la série, Roberta et Ken Williams. Une sorte de passation de pouvoir, de transmission d’héritage qui a été prise avec beaucoup de sérieux et de respect par le jeune studio de développement. Cela se traduit dans le jeu par le désir de se rapprocher au maximum du genre point and click tout en le modernisant et de reprendre l’atmosphère si particulière de la série.

Les énigmes sont toutes très accessibles

La première partie de cet épisode nous fait revivre un passage du tout premier King’s Quest, où Graham, tout juste chevalier, part chercher un miroir gardé par un dragon au fond d’un puits. La suite nous apprendra comment Graham est devenu chevalier au service du roi Edward. Les allusions à la série pleuvent et le jeu pose dès ses débuts les bases d’un humour mêlant auto-dérision, petits pics bien sentis sur le genre point and click et gags « Monty Python-esques » qui font souvent mouche. L’humour et l’ambiance bon enfant du titre, sa fraîcheur et sa direction artistique, très dessin animé, arrivent à fédérer autour de lui toutes les générations de joueurs, petits et grands. L’accessibilité de King’s Quest, son gameplay avec un bouton et le fait qu’il soit entièrement doublé en français et de fort belle manière, malgré une synchro labiale à la rue, n’y sont certainement pas étrangers. On regrette toutefois que l’écriture de la version française ne soit pas à la hauteur du doublage, certains jeux de mots en anglais étant traduits presque tels quels tombent littéralement à plat. Encore une fois, ne pas avoir la possibilité de choisir une version originale sous-titrée nous empêche de profiter pleinement d’un jeu. King’s Quest souffre aussi d’une technique balbutiante avec quelques textures vraiment hideuses, quelques freezes et divers bugs heureusement peu nombreux.

Les trolls sont en grève et comptent défendre leurs revendications

Lorsque l’on parle de jeu épisodique d’aventure on pense maintenant essentiellement aux jeux Telltale. King’s Quest partage avec ces jeux une aventure proposant des choix de la part du joueur qui auront une influence sur la suite des évènements. Mais ne considérer King’s Quest que par le prisme des jeux Telltale serait une erreur tant il se rapproche plus de l’esprit des vieux jeux Sierra que de ces derniers. King’s Quest fonctionne à l’ancienne avec des aller-retours entre différentes zones afin de trouver quel objet peut débloquer notre avancée et des morts violentes et abruptes. On peut retrouver avec joie ces aléas inhérents au genre ou pester contre eux mais, quoiqu’il en soit, le charme agit et King’s Quest réussi à dépoussiérer les archétypes en insérant un dynamisme bienvenu à son aventure avec des phases de tir à l’arc, des QTEs, des petits puzzles et un désir de remettre en question sa linéarité. Une énigme peut parfois être résolue de différentes façons, ce qui modifie le déroulement à venir et l’impact que peut avoir l’histoire sur Gwendolyn. A la fin de l’épisode on a envie d’y retourner afin de voir comment un problème peut être résolu différemment. Il est particulièrement regrettable à ce titre qu’il soit impossible de passer les répliques et les séquences cinématiques que l’on a déjà entendues. Vu la durée de vie de l’épisode supérieure à celle dont on avait l’habitude dans les jeux épisodiques, soit plus de sept heures, la rejouabilité n’aurait été que plus agréable.

Bilan

On a aimé :
  • Un vrai hommage aux anciens King’s Quest
  • Un dépoussiérage du genre point and click réussi
  • Un humour décapant
  • Entièrement et bien doublé en français
  • Un très bon jeu familial
On n’a pas aimé :
  • Une traduction française pas à la hauteur
  • Quelques problèmes techniques
  • Un héritage aux clic and play de l’époque qui ne plaira pas à tout le monde
Un début plus que prometteur

King’s Quest Chapitre 1 : La Voix du Chevalier est une franche réussite. Plus proche d’un click and play d’antant que d’un simple ersatz Telltale, il arrive à proposer une aventure fraîche, bourrée d’humour, grand public qui séduit presque instantanément. Les péripéties de Graham, emplies de dragons, de chevaliers, de références en tout genre, de licornes majestueuses et de trolls de pont nous font littéralement retomber en enfance, un sourire béat aux lèvres. Elles nous laissent dans un état qui va même jusqu’à nous pousser à conseiller un achat compulsif du season pass sans même savoir ce qui peut nous attendre par la suite. Une chose est toutefois sûre : si les développeurs The Odd Gentlemen arrivent à tenir l’alchimie de ce premier opus tout du long, on aura là un jeu digne des plus grands jeux d’aventure Sierra. Et ça, c’est énorme !

Accueil > Tests > Tests Xbox One

King’s Quest

PEGI 0

Genre : Aventure/Réflexion

Éditeur : Activision

Développeur : Sierra/The Odd Gentlemen

Date de sortie Ep1 : 28/07/2015
Date de sortie Ep2 : 15/12/2015
Date de sortie Ep3 : 26/04/2016

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

4 reactions

Guigui27

11 aoû 2015 @ 19:03

Fait avec ma fille de 4 ans et...on attend la suite !!!

Jarel

11 aoû 2015 @ 19:17

Fait avec mes enfants de 4, 6 et 9 et le charme a opéré du début à la fin !

The old jinx

11 aoû 2015 @ 21:33

Perso j aurais préfère un bon vieux space,quest avec roger wilco... Un monuments du jeux vidéo..

M enfin je me laisserai bien tenter par celui ci

Jarel

11 aoû 2015 @ 22:02

L’humour n’a jamais été le fort de la série des King’s Quest (du moins dans les premiers épisodes) et pourtant celui-ci renoue avec un humour barré et non sensique que l’on pensait cantonné aux jeux de Lucasarts, Days of the Tentacle et Monkey Island en tête et même à Space Quest vu que tu en fais allusion.