La scène indé est le lieu d’un nombre énorme de revivals. Les créateurs voient l’occasion de faire revivre des styles de jeux qu’on ne trouve plus beaucoup, ou plus du tout, et tant qu’à faire ils y injectent des partis pris radicaux qui correspondent sans doute, j’imagine, à leurs goûts. Ainsi, Spectra sent bon le old school, à la fois dans son concept et dans sa réalisation, en proposant quelque chose d’à la fois basique et hypnotique.
F-Tron
On va commencer par se passer d’histoire, ça n’a pas la moindre importance. Dans Spectra on dirige un Speeder qui fonce sur des pistes invraisemblables suspendues dans le vide sidéral. Le but est d’atteindre le bout de la piste (et c’est déjà une gageure !) en ramassant le plus de pièces possibles, et en évitant au maximum les collisions avec de vicieux obstacles placés là juste pour nous embêter. Ce qu’ils arrivent à faire très bien d’ailleurs. On ne contrôle pas la vitesse de notre engin, tout au plus on peut aller à gauche et à droite (avec le pad ou avec les gâchettes). Comme si ce n’était pas assez compliqué comme ça, le véhicule souffre en plus d’une inertie demandant un certain temps d’adaptation. Enfin, le tout est soutenu par une bande son ahurissante, de la techno extrême crachée par un chip sonore de l’ancienne époque fleurant bon l’Atari ST. Graphiquement, le titre est aussi simple que son concept, à nouveau à la croisée des 8 et 16 bits, si ce n’est une animation parfaite. Le fluo est mis à l’honneur, ce qui fait un peu penser à Tron. Le gameplay, lui, se rapproche plus d’un F-Zero.
Sauf que F-Zero c’est pour les fiottes. En effet, Spectra est *#$*%# de dur ! J’ai été très content de débloquer les circuits très vite, et je me suis vite dit que 10 circuits, c’était bien peu. Puis je suis arrivé au huitième circuit. Après plus de 20 essais, je n’ai pas réussi à décrocher l’étoile nécessaire pour débloquer le neuvième. Ce qui fait, je vous l’avoue, que je ne sais pas à quoi ressemblent les deux derniers. Ensuite, j’ai réalisé que sur les sept premiers circuits, je ne suis arrivé au bout d’aucun. A l’heure où vous lirez ce test, j’espère bien en avoir achevé un ou deux. Apprendre les circuits par cœur est impossible, ils sont beaucoup trop longs. Au bout d’un moment, seuls les réflexes prennent le pouvoir, et on s’aperçoit que pour être performant, il faut laisser le cerveau reptilien agir et laisser son instinct s’exprimer. On a là un jeu de skill évident, qu’on imagine sans peine de sortie quand plusieurs potes sont de passage, pour des défis au scoring qui peuvent durer longtemps.
D’autant plus que Spectra est étonnamment hypnotique. La route défile, les couleurs aussi, et surtout la musique ! Autant je ne pourrai jamais écouter ça dans ma voiture, autant cela colle incroyablement bien avec ce jeu. On a étrangement l’impression de planer, les mains jouant seules ! Je soupçonne ce jeu d’être étudié pour être utilisé après consommation de produits que la morale réprouve ! Dommage qu’il n’y ait pas d’options, comme par exemple un mode à plusieurs joueurs : cela aurait pu donner un micro-machines space et fun !
Bien entendu, ce petit jeu n’est pas fait pour être joué sur des sessions de plus de 20 minutes quand on est seul, ce qui est une vraie limite, mais il livre une expérience sensitive intéressante qui mérite d’être essayée.