Test - Hand of Fate

«Faut-il partir avec cette main ?» , - 0 réaction(s)

On sonne à la porte. Je me dis que cela pourrait être important alors je me lève et j’engage un petit footing viril vers mon entrée en hélant le sonneur d’un plutôt cool « j’arrive, j’arrive ». Ma main droite se pose sur la poignée, la gauche tourne le verrou. Et c’est dans une sorte de fondu vertical à la Starwars au ralenti que je découvre la Main du Destin. The Hand of Fate en anglais. Mes genoux se transforment en guimauve, ma bouche reste entrouverte et laisse échapper un filet de bave pas glamour du tout. Mes yeux n’en croient pas eux même et fixent avec désir cette déesse de l’orgasme qui se tient devant moi. Imaginez bien : des seins gros comme des decks de carte, habillée en cuir façon héroic fantasy, des yeux en jeu de société et un corps parfait de livre dont on est le héros. J’ai failli partir à la renverse, m’étaler dans l’entrée en poussant un râle glauque du style : « garglgarglblblbl ». Mais j’ai résisté et j’ai juste repris mon souffle pour lui proposer un verre et que l’on aille s’asseoir sur le canapé pour faire plus ample connaissance. C’était plus que nécessaire.

Piochez une carte

Notre compagnon de jeu est un gros sadique !

Pourquoi suis-je autant excité par cette main ? Je vous prie d’éviter toute conclusion hâtive et graveleuse. L’explication est toute autre et vient d’une jeunesse certes heureuse mais grandement pervertie par une multitude de séances de jeu de rôle entre amis. Toutes ces séances se présentaient comme Hand of Fate, assis devant une table avec, en face de nous, notre maître de jeu. Celui de Hand of Fate se fait appeler le « Dealer ». Et non, il ne s’agit pas d’un sauvageon d’une quelconque banlieue, coiffé comme un footballeur en rut et éructant un sombre dialecte de rappeur. Ce Dealer là se la joue sobre, caché derrière un masque et recouvert d’une toge. De son seul regard il nous toise, nous pique et nous lance régulièrement des railleries plus ou moins pertinentes. Il est là pour vaincre. Tout simplement. Il est le maître des cartes, il les distribue, les place sur la table face cachée pour former notre terrain de jeu et en rajoute quelques unes pour pimenter le tout. A nous de le surprendre et de terrasser ses champions.

Notre figurine se pose alors sur la première carte, première d’un ensemble qui forme la première partie de notre quête. Un chemin unique ou doté de quelques embranchements dont on devra révéler les cartes pour découvrir celle qui nous amènera à la suite de notre aventure jusqu’à l’affrontement final. On ne peut se déplacer que sur des cartes contiguës et on utilise à chaque fois une portion de notre nourriture. Manger nous redonne quelques points de vie, ne pas pouvoir le faire nous en fait perdre. Vous l’aurez compris Hand of Fate est un jeu de cartes. Des cartes d’une beauté subtile et diabolique qui éveillent en moi les souvenirs de jeux tels que Talisman, Hero Quest ou Warhammer Quest. Des jeux de rôle de plateau avec figurines et tirages de carte qui une fois révélée, comme dans Hand of Fate, nous faisaient découvrir une rencontre mortelle, un trésor glané auprès d’un monstre ou un événement marquant de notre périple.

Chaque événement découvert est accompagné d’une description rappelant les illustres livres dont on est le héros

Sur ces illustres jeux de plateau des années 80-90, tout se réglait avec le hasard d’un lancer de dé 6. Hand of Fate garde une grande place au hasard mais n’a que des cartes à nous proposer.

Le nombre de cartes disponible est très important

Chaque événement découvert est accompagné d’une description rappelant les illustres livres dont on est le héros. La réussite ou l’échec de ceux-ci dépendent d’un tirage au sort entre quatre cartes proposées par le Dealer, comme pour un jeu de bonneteau. Suivant la difficulté de la réussite, le nombre de cartes « succès » est plus ou moins important et le mélange plus rapide. En cas d’affrontement direct, Hand of Fate laisse de côté ses cartes et nous plonge dans une arène fermée où notre avatar affrontera un groupe de créatures dans une séquence de beat them all inspirée du free flow de la série Batman. On retrouve les contres, le système combo augmentant progressivement les dégâts, les attaques imparables etc. A chaque événement de carte réussi, le Dealer pioche pour nous des cartes gains nous récompensant avec de l’or, de la nourriture ou de l’équipement. Si c’est notre première réussite, on gagne aussi le jeton de la carte qui nous permet de l’intégrer dans notre deck et débloquer de nouvelles cartes.

Toutes les cartes en main pour séduire mais…

Notre avatar s’équipera automatiquement avec les cartes équipement que l’on aura choisie

Et la collection de cartes de Hand of Fate est fournie ! On n’a que l’embarras du choix pour choisir celles qui constitueront nos deux decks de départ : un pour les événements rencontrés et l’autre pour l’équipement que vous allez pouvoir piocher. Ne pensez pas partir à l’aventure avec votre superbe hachoir qui double les dégâts contre les hommes rats ou votre armure de mythril. Non, vous commencerez avec le kit de départ du jeune aventurier à savoir une arme minable, une armure en cuir miteuse et un bouclier de bois… en bois. Cachez votre joie.

Les combats peuvent être très tendus

Vous allez devoir gagner et surtout trouver de quoi survivre aux événements aléatoires qui se cachent derrière les cartes. Mais même en étant armé d’une superbe arme et d’une armure rutilante, vous serez toujours à la merci du hasard qui n’hésitera pas une seconde à vous coller des échecs critiques par moments, des malédictions très contraignantes ou vous amener à affronter une armée de morts-vivants avec votre superbe hachoir anti-skavens. Quand je parle d’armée cela peut facilement monter à plus d’une dizaine d’individus avec parmi eux un ou plusieurs des boss préalablement vaincus. Il est comme cela le maître de jeu, joueur et taquin. On est d’autant plus frustré de ces coups du sort qu’il nous arrive fréquemment de pleurer sur l’impossibilité d’équiper avant le combat l’arme, l’armure ou l’accessoire qui nous auraient certainement sauvé la mise. Cette grosse part laissée au hasard rend presque obsolète nos envies de collectionnite aiguë.

Au final on n’utilise réellement qu’une faible partie de l’équipement disponible

Le seul moyen de maîtriser ce hasard est laissé dans la préparation préalable de nos decks. Le champion du Dealer est un homme lézard ? Alors enlevons toutes les armes de notre deck équipement pour ne garder que celle qui sera la plus effective contre lui.

Les évènements sont variés

Car si un événement nous fait piocher une carte d’arme, on tombera automatiquement sur celle que l’on cherche. On fait de même pour les boucliers, les armures et autres équipements et on complète le deck pour arriver au nombre de cartes demandées avec des artefacts. Au final on n’utilise réellement qu’une faible partie de l’équipement disponible et ce afin de limiter le plus possible les affres d’un hasard contre lequel on ne pourra rien faire. Il en va de même pour les évènements, même si l’on est obligé de rencontrer les cartes évènements et les réussir (si possible) pour débloquer d’autres cartes afin de pouvoir les utiliser dans notre deck. On évitera soigneusement de partir à l’aventure avec des cartes laissant une trop grande part à l’aléatoire et au risque de tomber sur un échec critique pouvant ruiner l’intégralité de notre partie. Ce que recherche plus ou moins le Dealer, il est certes un compagnon de jeu sympathique mais aussi notre adversaire direct. A chaque partie il rajoutera à notre deck des cartes de sa collection comme des événements assez ardus et des malédictions plus ou moins contraignantes. Plutôt plus que moins même... comme celle qui réduit votre taux de réussite au tirage de cartes succès.

Vous allez apprendre à détester ces tirages...

Les mécanismes de Hand of Fate reposent beaucoup trop sur le hasard et ne permettent jamais de le contrer ce qui le rend totalement frustrant et dénué de tout aspect stratégique sur le long terme. Cette carence fait sombrer petit à petit, au gré de nos parties, Hand of Fate dans un système mécanique et manquant cruellement de variété et de profondeur. La seule gestion dont on a réellement à se préoccuper est celle de notre or et de nos rations, ce qui est bien peu quand on voit l’étendue de l’arsenal pourtant mis à notre disposition et déblocable tout au long du jeu. On peut s’en contenter et accepter que le destin soit par essence cruel et injuste mais on peut aussi regretter qu’Hand of Fate ne soit plus riche qu’il n’y paraît de prime abord.

Il faut savoir jouer avec son environnement

Le mode Infini proposé à part du mode Histoire ne parvient pas à gommer ces carences. Dans cette partie on joue avec toutes les cartes que l’on a débloquées sans restriction et sans choix. A chaque nouvelle zone, le Dealer récupère des cartes et nous inflige une malédiction plus ou moins contraignante. On gagne des points suivant notre avancée, les objets récupérés et les succès dans les évènements. Il aurait pu être intéressant mais ne dispose d’aucun classement en ligne ou hors ligne. On est même obligé de finir une partie en Infini pour voir notre meilleur score. Avant de clore ce test on ne peut passer sous silence quelques bugs rencontrés comme celui qui nous a rendu invincible en cours de jeu, les objets équipements gagnés qui n’ont pas fini dans notre besace -très frustrant- et de nombreux bugs liés au succès. Mais tout ces bugs ne sont rien au regard de la grosse perte de fluidité qui peut intervenir durant un combat rendant le tout injouable ! Le jeu est déjà bien frustrant dans ses mécanismes, ce manque de finition qui ruine une partie pourtant bien entamée passe très très mal. En attendant un patch éventuel, ces aléas laissent un arrière gout bien amer à ce que l’on pensait être une idylle passionnée et sans réserve...

Bilan

On a aimé :
  • Un concept original et très prometteur
  • Le Dealer, un compagnon de jeu idéal
  • Une direction artistique séduisante
  • Des parties sans cesse renouvelées…
On n’a pas aimé :
  • …mais beaucoup trop axées sur le hasard
  • Un inventaire bien fourni mais au final peut utilisé
  • Quelques bugs mineurs et un gros bug majeur !
  • Une monotonie qui s’installe peu à peu et inexorablement
Partir avec une mauvaise main

On ne peut que sombrer dans l’eau claire et limpide du charme indéniable de Hand of Fate. On éprouve une attirance quasi animale devant son concept original référençant les jeux de rôle de plateau des années 80-90 et son esthétisme soigné, véritable travail d’orfèvre soutenu par un charismatique maître de jeu. Dès les premières parties, on a envie d’en tomber amoureux et de l’aimer sans réserve. Hélas, ses limites apparaissent très rapidement et ses faiblesses deviennent des tares sur lesquelles on n’arrête pas de se focaliser. Hand of Fate se montre alors sous son vrai jour, celui d’un premier jet prometteur et aguicheur qui mérite d’être approfondi et abouti. En l’état, il ne fera illusion qu’un certain temps et on l’abandonnera bien vite pour ne retomber, le temps de quelques parties, dans l’illusion de son charme ravageur, bercé par ses éphémères mais bien réelles qualités.

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Hand of Fate

PEGI 0

Genre : Aventure/Réflexion

Éditeur : Defiant Development

Développeur : Defiant Development

Date de sortie : 30/05/2014

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows