Mon histoire avec Defense Grid a commencé le jour où Microsoft a eu l’excellente idée d’offrir le jeu à ses abonnés Gold. Je dois avouer qu’avant cela je ne m’étais pas du tout intéressé à ce titre. Une fois téléchargé et lancé « juste pour voir puisque c’est gratos », je n’en ai pas décroché pendant plusieurs semaines, luttant comme un acharné pour décrocher des médailles d’or dans tous les modes de jeu. Autant dire que c’est de pied ferme que j’attendais l’arrivée de ce deuxième opus.
La tour prend garde
Si les jeux de tower defense sont très répandus sur mobiles, ils ne le sont pas tant que ça sur consoles. Sans doute qu’on considère le genre comme étant avant tout de « petits jeux ». Si le premier Defense Grid a fonctionné, c’est qu’il offre un gameplay approchant de la perfection, ce qui en a fait une sorte de référence du genre. Un jeu certes sans grande originalité, mais aux rouages tellement bien étudiés qu’on ne peut en décrocher.
Mais c’est quoi un tower defense, me demande le lecteur assis au fond de son canapé ? Cela consiste à résister à des hordes d’adversaires, ici des aliens, en plaçant avec soin des unités de défense (les tours) aux caractéristiques variées. Bien entendu celles-ci coûtent des ressources qui ne sont pas disponibles en quantités illimitées.
Dans Defense Grid 2, j’ai eu quelques difficultés à saisir le scénario. Plusieurs intelligences artificielles papotent (avec des dialogues en français plutôt drôles) et parlent de dégommer des aliens qui essaient avec beaucoup d’application, et avec un sens du sacrifice empreint de noblesse, de voler les noyaux d’énergie présents sur les diverses maps. Il y a bien vaguement une histoire, mais on n’y prête pas vraiment attention, l’essentiel étant de réussir à lutter contre l’envahisseur sur les 20 niveaux proposés par le jeu. Tout au plus, les IA perdent un peu les pédales et se mettent à lancer des déclarations absurdes qui font forcément un peu penser à Portal.
Certaines cartes rappelleront fortement celles du premier jeu, mais ce sont de vraies nouvelles cartes qui sont proposées (encore heureux me direz-vous), d’abord (trop) simples, puis de plus en plus intéressantes et complexes. Il n’y a pas vraiment beaucoup de nouveautés dans ce deuxième épisode, on retrouve vite ses marques, et ce n’est pas plus mal. La grosse dizaine de tours offre un panel d’actions étendu, de multiples stratégies, et permet au joueur d’utiliser toute son astuce pour vaincre l’adversité. A nouveau, on constate le très beau savoir-faire des développeurs, qui présentent une copie équilibrée, une difficulté progressive très bien maîtrisée, pour un jeu fluide qui sait s’adapter à tous les joueurs.
C’est là que réside la grande force de Defense Grid 2. Le joueur qui ne veut pas se prendre la tête terminera le mode histoire, en facile, en 5 heures sans avoir les mains moites, mais tout en s’amusant. Ceux qui cherchent un plus grand challenge seront servis et pourront se frotter à des niveaux de difficulté qui demandent une sacrée maîtrise du jeu et d’être très malin.
Chaque carte bénéficiant de multiples modes de jeu (avec des restrictions ou scénarios variés), la durée de vie est virtuellement énorme. Pas si virtuellement d’ailleurs. L’envie vient vite de réussir à attraper des médailles d’or, et pratiquement sans s’en rendre compte on devient un stratège de première force, économisant les ressources, installant une tour ou l’améliorant uniquement au moment exact… Comme les possibilités sont multiples, c’est vraiment le mérite du joueur qui est mis en avant quand la médaille est décrochée et quand on constate qu’on a battu tous nos amis. La notion du temps s’estompe et on ne décroche pas de la manette, pour peu qu’on aime les défis et la stratégie.
Les Deux Tours
Jusqu’à présent, tout ce que j’ai décrit pourrait être le test du premier Defense Grid. Il faut dire qu’aussi intéressant qu’elle soit, cette suite est juste l’exacte continuité du jeu original, ayant un peu des allures de DLC de luxe avec une mise à jour technique. Heureusement, le « 2 » derrière le titre n’est pas là pour rien, et c’est bien l’arrivée du jeu en coop et en versus qui est la grande nouveauté du titre.
Offline, on pourra ainsi jouer dans tous les modes de jeu en se partageant les ressources. Cela demande une sérieuse organisation et beaucoup de communication entre les joueurs, à la fois pour décider des constructions mais aussi pour bouger dans l’écran n’étant pas splitté sur les grandes maps, l’écran n’étant pas splitté. L’intérêt du jeu à deux n’est pas tout de suite évident. Dans les difficultés les plus basses (en facile ou en normal), c’est plus handicapant qu’autre chose. Par contre, quand on se frotte aux pires difficultés, le timing devient tellement important que ça devient un atout d’être deux pour se répartir les tâches. Les parties sont alors funs, bien que se déroulant dans une atmosphère de concentration intense.
En ligne, on retrouve ce même mode de jeu, ainsi qu’une autre sorte de coopération, chaque joueur ne pouvant placer des tours que sur les emplacements qui lui sont propres. Plus amusant que le coop « simple », celui-ci demande une sacrée coordination avec le partenaire, aucun des deux joueurs n’ayant le droit à l’erreur.
Enfin, et surtout, un mode versus vient compléter le jeu en ligne. Le principe est bien vu : les aliens qu’on détruit apparaissent sur la map de l’adversaire, et vice-versa. Le versus pousse à une action frénétique, et à revoir la stratégie de nos défenses. On peut tenter d’être très agressif en cherchant à détruire le plus vite possible les aliens qui nous attaquent afin qu’ils prennent d’assaut l’adversaire, ou au contraire chercher à asseoir une position de défense basse pour retourner des situations qui peuvent sembler désespérées. L’idée est excellente, et les multiples possibilités font que les parties ne se ressemblent pas du tout.
D’autres petites nouveautés viennent s’ajouter à cela : possibilité de faire apparaître des plateformes, choix d’un pouvoir d’IA spécial, ou bien choix de tours améliorées… Cela ne change pas vraiment grand-chose, mais cela apporte tout de même un petit plus par rapport au premier jeu. Enfin, techniquement, le jeu s’en sort bien. Les graphismes sont plutôt jolis, et ont surtout l’avantage d’être très lisibles, ce qui est important quand des centaines d’aliens courent partout au milieu des explosions. La puissance de la Xbox One n’est cependant pas vraiment exploitée, si ce n’est dans la capacité du jeu à afficher une quantité énorme d’ennemis à l’écran. On regrettera tout de même que les décors ne soient pas un peu plus variés. L’environnement sonore est agréable, avec des voix françaises réussies et des musiques peu nombreuses mais bien adaptées. De toute façon, on baissera vite le son, car les bruits incessants de tirs et d’explosions, même bien faits, finissent par épuiser les oreilles.