L’Homme est un loup pour l’homme
Dans l’épisode précédent, le danger venait des hommes, mais d’hommes ne faisant pas partie du groupe. Cette fois, l’histoire se resserre sur les membres de la bande improvisée. Il y a très peu de nouveaux personnages croisés, et ceux-ci n’ont que peu d’influence sur l’histoire (ce sera sans doute pour l’épisode 4). La morale est que le danger peut venir de partout, y compris des proches. On doit s’attendre à tout, et accorder sa confiance avec parcimonie. C’était déjà un peu sous-jacent, cela devient évident maintenant, la survie passe aussi par une paranoïa assumée. En soi, cela se révèle déjà passionnant, et ce nouvel élément vient enrichir la série. C’est un acquis qu’il faudra désormais garder en tête pour la suite.
L’autre différence majeure vient de l’environnement. Si le deuxième épisode s’apparentait à un huis clos, cette fois on se déplace et on retrouve les grands espaces. Terminé l’oppression des espaces fermés, bienvenue à l’oppression de l’inconnu. Etant donné que les personnages vont de Charybde en Scylla, c’est plus de la peur que de l’excitation qui se manifeste face à de nouvelles découvertes. Le fait de se déplacer donne de l’air au joueur qui était à la limite de l’étouffement à la fin du deuxième épisode. Au niveau de son contenu, cet épisode se caractérise par très peu de scènes d’action. Ce sont surtout les dialogues, magnifiquement joués (et, naturellement, toujours sans sous-titres en français), qui vont rythmer de façon trépidante l’histoire, posant les jalons pour la suite. Comme l’environnement sonore, grâce à des musiques qui tombent toujours exactement au bon moment, vient souligner les scènes fortes, l’impact de ces dialogues en est décuplé.
Attention, peu d’action ne veut pas dire pas de scènes chocs. Au contraire, on en prend plein la tête. Des scènes magistrales devant lesquelles vous ne pourrez pas vous empêcher de lâcher un « BON SANG » à voix haute. La violence de ces passages n’est pas tellement physique, dans ce monde on en prend l’habitude, mais purement émotionnelle.
Si cela fonctionne aussi bien, c’est aussi grâce à une mise en scène fantastique, utilisant toutes les techniques propres au cinéma. Il y a bien entendu des champs, contre-champs plus ou moins saccadés suivant l’intensité des dialogues, mais aussi un jeu intéressant sur le positionnement de la caméra, plus ou moins rapprochée de l’action et usant de la contre-plongée pour renforcer les situations et intégrer le joueur au milieu de l’action. Les amateurs de cinéma fantastique (et même de cinéma tout court) vont forcément apprécier. Enfin, pour terminer, un petit mot sur les graphismes du jeu, très réussis dans cet épisode, les extérieurs donnant une impression d’espace sans qu’on ressente trop fortement les limites de la logique de zones d’exploration.