Après un enchainement spectaculaire de réussites dans les trois premiers épisodes, The Walking Dead revient pour notre plus grand plaisir sur nos consoles. Le format épisodique fait que l’impatience est grande chez les joueurs, et met la pression aux développeurs : interdiction de se louper !
Quand on arrive en ville
Ceux qui à la fin de l’épisode 3 ont regardé la bande annonce de celui-ci savent qu’ils doivent s’attendre à un épisode mouvementé, et peut-être à des révélations qui feront avancer l’histoire. C’est donc avec une certaine fébrilité qu’on reprend la manette, pressé de savoir ce qui va arriver à notre petit groupe forcément traumatisé par les événements pour le moins radicaux qu’ils viennent de vivre. Après les différentes thématiques abordées jusqu’à présent, essentiellement tournées vers le groupe lui-même, on peut légitimement se demander ce qui va être le sujet principal de cet opus. Le fait que l’action se déroule dans une ville, après les décors champêtres croisés jusqu’à présent est déjà un élément de réponse : c’est le retour à la civilisation, ou tout du moins à ce qu’il en reste. Comme d’habitude, impossible de révéler quoi que ce soit de l’histoire, ce serait un crime tant le fait de la vivre est le moteur du jeu, et tant le niveau d’écriture reste élevé et cohérent. On peut tout juste dire que l’histoire suit son cours, avec cette fois moins de surprises que dans les épisodes précédents. On se rendra également compte que The Walking Dead est un tout, pensé dès le départ pour arriver à une conclusion qui commence à se dessiner : il n’y aura décidément pas eu une seule fausse note dans ce scénario qui donne des leçons à bien des œuvres cinématographiques ou télévisuelles. C’est à nouveau à une plongée dans la psyché humaine qu’on va assister : comment les hommes réagissent face à une situation désespérée. Pour certains l’humanité s’efface…
Les relations entre les personnages évoluent peu dans cet opus. Certains auxquels on a pu s’identifier ne sont plus là, et les nouveaux venus ne sont pas tous si attachants. C’est également le stand-by entre Lee et Kenny, même si ce dernier s’enfonce dans un état dépressionnaire inquiétant. On gardera surtout ce lien paternel avec Clementine, toujours plus fort, et parfaitement mis en scène quand on rechercha un moment où la petite a disparu : l’efficacité est redoutable, et le joueur, en totale empathie avec Lee, va se ronger les sangs ! Pourtant, cet épisode est un ton en-dessous des autres, privilégiant les événements aux personnages.
Vers la conclusion
La petite faiblesse des deux grosses heures de jeu proposées vient du fait qu’il n’y a pas cette fois de véritable thématique abordée. Elles y sont pourtant : on a bien comme ingrédients la déshumanisation, le deuil, la lâcheté et la responsabilité du futur avec les enfants personnalisés par Clementine…Mais les thèmes sont survolés, parfois même expédiés au profit du récit. C’est la première fois que les auteurs oublient un peu en route que le cœur de The Walking Dead est avant tout composé de ses personnages. Cet oubli est parfaitement illustré avec un événement qui aurait dû être grave et important, mais qui est tellement survolée qu’on l’oublie presqu’immédiatement, au même titre que les survivants qui semblent ne pas se rendre compte de sa disparition. On sent qu’il y a toutes les pièces d’un nouveau canevas familial avec l’arrivée de petits nouveaux qui représentent diverses catégories d’un foyer « normal » (l’adolescent intrépide et indépendant, le grand-père au grand cœur…), mais elles peinent à s’imbriquer, en retrait des péripéties.
Le secret des épisodes précédents est de prendre bien soin d’installer les personnages pour créer avec le joueur une connivence de groupe, une identification l’impliquant à tout moment. Cet épisode, plus dense en événements, sacrifie un peu cette étape, ne permettant pas le même niveau d’immersion. Attention toutefois, il ne faut pas croire pour autant qu’on s’ennuie devant l’écran, loin de là ! Si la critique survient, c’est surtout parce que les épisodes précédents, en particulier le troisième, étaient d’un niveau exceptionnel ! On va vivre ici une aventure qui reste palpitante, avec une histoire qui fait, forcément, un bond en avant. C’est aussi la conséquence du format par épisodes : autant cela génère frustration et envie à chaque générique de fin, autant un segment plus faible peu ressortir. Dans un jeu complet, on ne se rendrait sans doute même pas compte de l’orientation un peu différente de ce segment. A noter que techniquement les graphismes du jeu montrent leurs limites dans les décors urbains en plein jour : on voit alors la faiblesse des textures, alors que dès qu’on est en intérieur, ou dans des lieux avec des éclairages plus ombragés, ils continuent de faire merveille.