Pour tester DuckTales Remastered j’ai tout de suite fait appel à un expert en la matière. Mon ami Howard, le canard, a non seulement des membres de sa famille qui ont participé à la conception du jeu original mais il s’agit aussi d’un des plus éminents experts de la version NES. Il a même passé un doctorat dessus. Oui, oui, je vous assure. Enfin bref, mon ami Howard s’est empressé de venir me rejoindre, assis sur le canapé -que j’avais préalablement recouvert de plastique pour le protéger- et s’est rué sur la manette. Au bout de quelques heures de jeu, il m’a fallu la lui arracher des ailes. Puis, fébrilement, je lui ai demandé ce qu’il en pensait. Et vous savez ce qu’il m’a répondu sans sourciller, sans trembler, le regard froid encore vissé sur l’écran de la télé ? Il m’a dit : coin-coin !
Le génial petit canard.
Même si Howard est un bon “coinpain” et même si son analyse semble tout à fait pertinente de prime abord, force est de constater qu’il a été expéditif sur de nombreux points à commencer par l’historique du jeu. Ducktales est plus connu chez nous sous son nom français : La Bande à Piscou. Là, je vois une petite lumière nostalgique s’allumer dans les yeux de certains d’entre vous. La Bande à Picsou est une série d’animation, diffusée aux États-Unis en 1987, venant tout droit des studios Disney adaptée de l’univers et des personnages créés par Carl Barks.
Cette série a rencontré un immense succès et a tenu 4 saisons pour une centaine d’épisodes de 25 minutes. Elle s’est conclue par un film sur grand écran, le Trésor de la Lampe perdue en 1990. En France, elle a fait les beaux jours de Disney Channel sur FR3 dès 1988 en début de soirée puis est passée sur TF1 de 1989 à 1997 sur Disney Samedi et le Disney Club. La Bande à Picsou relatait les aventures du célèbre canard le plus riche du monde faisant le tour du monde à la recherche de trésors perdus accompagné de ses trois neveux Riri, Fifi et Loulou. La série extrapola l’univers de Carl Barks en créant de nouveaux personnages tels que le pilote d’avion extrêmement maladroit Flagada Jones, Zaza la petite nièce, Mamie Baba l’intendante et bien d’autres encore.
En 1989, Capcom sort le jeu vidéo DuckTales sur NES. Les airs de Megaman du jeu ne sont par fortuits vu qu’il a été réalisé par la même équipe, à savoir le producteur Tokuro Fujiwara et le papa de Megaman, Keiji Inafune. Pour la petite histoire, la supervision de Disney a entraîné entre autres la suppression des croix sur les cercueils du niveau Transylvanien et l’abandon des hamburgers pour des crèmes glacées en guise de récupération de vie. Le jeu a rencontré, tout comme la série, un immense succès et s’est vendu à plus de 1,67 millions d’exemplaires sur NES et près de 1,43 millions pour son adaptation Gameboy. Après ce petit retour contextuel on peut partir à l’assaut de cette version Remastered réalisée par Wayforward.
Le très beau petit canard.
N’y allons pas par des chemins de traverse, le travail fourni par l’équipe de Wayforward sur ce remake de DuckTales est un véritable travail d’orfèvre qui sublime le matériau d’origine. DuckTales Remastered nous offre le plaisir de la plate forme simple du jeu NES associé à un rendu visuel très proche du dessin animé des années 90. L’ensemble donne un jeu familial, frais, coloré, qui ravira les parents nostalgiques et les enfants qui auront l’impression de regarder un épisode de la Bande à Picsou. La direction artistique est somptueuse, très réussie, elle allie une très jolie 2D pour les personnages et adversaires à des décors 3D de très bonne facture. Le tout est toujours bien lisible et ne souffre d’aucune fausse note.
DuckTales Remastered reprend la structure des niveaux de son illustre ancêtre. Les nostalgiques passeront très rapidement en mode automatique sachant où trouver les divers bonus, pièges et passages secrets. Mais Wayforward n’a pas fait qu’un simple copier/coller et a introduit avec talent quelques variations à commencer par un niveau tutorial inédit au tout début, juste avant de nous retrouver devant l’ordinateur de Picsou et de choisir la route à suivre dans les 5 niveaux qui constituent l’essentiel du jeu. Les autres variations sont plus subtiles et ne sauteront aux yeux que des connaisseurs ; certains passages dans les niveaux ont été revus -les séquences en chariot sont plus dynamiques et plus longues par exemple- et l’aventure a été étoffée au niveau de la narration. Chaque personnage dispose d’un doublage complet en anglais et la progression est maintenant soutenue par de nombreuses scénettes humoristiques donnant plus de visibilité aux personnages de la série qui ne faisaient qu’une simple figuration à l’origine. On pourra juste leur reprocher d’être un peu trop fréquentes et de ne pas bénéficier d’un simple bouton pour les passer.
La maniabilité reste elle aussi inchangée. Picsou se manie avec aisance et joue de sa canne avec dextérité pour sauter plus haut, grâce au célèbre “saut-pogo”, se débarrasser de ses adversaires et taper dans divers obstacles. On pourra même opter pour une maniabilité simplifiée pour le saut pogo qui le rendra automatique avec un simple bouton sans avoir besoin d’orienter le stick vers le bas en même temps. Quatre modes de difficulté seront disponibles : le mode facile vous permettra de découvrir le jeu et de le finir sans aucun stress, alors que les autres modes proposeront une expérience plus proche de celle de l’opus NES, à savoir un nombre de coeurs limité, de même que les vies de Picsou vous obligeant le cas échéant à recommencer un niveau depuis le début. Même si la durée de vie du jeu est très courte -comptez à peine deux-trois heures en facile pour en voir le bout-, on reviendra sans problème se confronter aux difficultés supérieures pour éprouver sa patience et atteindre un tout dernier niveau inédit. Une patience qui sera récompensée par les nombreux bonus que Picsou pourra débloquer avec l’argent récolté.
Pour finir on soulignera l’incroyable qualité de la bande son du jeu qui pourra être découverte dans son interprétation originale NES ou dans sa version remixée de fort belle manière. On pourra débloquer quelques récompenses d’avatar et se vêtir virtuellement de très jolis t-shirts à l’effigie de Picsou. Les seuls reproches que l’on pourrait émettre seront sur les hit-box de certains adversaires et des épines du niveau de l’Amazonie qui ne sont pas franchement bien déterminées. Mis à part cela, DuckTales Rematered est un petit bijou qui se consomme sans aucune modération.