Quel intérêt de sortir le test d’un jeu après tout le monde ? Quel intérêt de poster ici son avis alors que tout semble déjà avoir été dit, montré et que chaque joueur impatient ou presque s’est déjà fait sa religion à propos de ce Tomb Raider plébiscité par tous ? Telle a été la question que nous nous sommes posée à Xboxygen après la réception un peu tardive de notre version test. Le chemin que l’on va suivre pour décortiquer le jeu sera différent. Nous avons essayé de porter un regard posé sur le jeu, en essayant de nous donner suffisamment de recul vis à vis de celui-ci et de répondre à une seule et simple question : Tomb Raider est il un très bon reboot pour la série ? Notre réponse est sans appel : Tomb Raider est l’un des plus mauvais reboot que la série puisse avoir.
Tomb Raider et Lara Croft : mort et naissance...
Oui, avant tout, qu’est ce que Tomb Raider ? Les plus jeunes d’entre vous n’ont certainement jamais joué à un seul titre de cette série désormais culte du jeu vidéo apparue en 1996 au début de l’ère Playstation. 1996 soit 17 ans de cela, ce qui ne va pas rajeunir les plus vieux d’entre nous, dont je fais partie, et qui ont découvert fébrilement, manette en main l’une des meilleures séries d’aventure plate-forme et surtout l’un des personnages les plus charismatiques et emblématiques du jeu vidéo : Lara Croft.
Le premier Tomb Raider connut un véritable plébiscite auprès des joueurs et de la presse spécialisée, “icônisant” son personnage principal et faisant entrer la saga au panthéon du jeu vidéo. Core Design, le développeur anglais du jeu, enchaîna dès 1997 avec un Tomb Raider 2 lui aussi acclamé, malgré le départ de Toby Gard parti sous d’autres cieux. Eidos, l’éditeur propriétaire de Core Design ne souhaita pas voir tarir sa poule aux oeufs d’or et les épisodes se succédèrent sans interruptions à un rythme effréné et sans aucune remise en question. Tomb Raider 3 sortit en 1999, Tomb Raider la révélation finale en 2000 et Tomb Raider sur les traces de Lara Croft en 2001. Une longue descente aux enfers qui viendra se clore pour Core Design en 2003 avec un piteux Tomb Raider l’Ange des ténèbres.
Un ange dont les ailes ont été coupées et qui ne fait plus rêver personne. Après cet épisode, Eidos se sépare de Core Design et leur retire la licence pour la confier à Crystal Dynamics, qui aura la lourde tâche de redresser la série. Ils y arrivent partiellement en 2006 avec l’honorable Tomb Raider Legend, pour lequel Toby Gard est embauché en tant que consultant. Puis en 2007 à l’occasion du dixième anniversaire de la saga ils optent pour le remake du premier épisode qui réussira à convaincre les fans de la série. En 2008, avec l’aide d’un Toby Gard plus impliqué que jamais et un moteur magnifique, Lara Croft revient plus belle que jamais avec l’excellent Underworld mais qui se heurte cette fois-ci à un nouvel aventurier nommé Nathan Drake qui fait sérieusement de l’ombre au retour de la belle Lara malgré une approche différente plus orientée action et grand spectacle. Le rachat d’Eidos par Square Enix en 2009 semble aussi marquer un virage insidieux que l’on remarquera à peine avec un spin off de la série sorti exclusivement en dématérialisé sous le nom de Lara Croft and the Guardian of Light. Le nom de Tomb Raider abandonné marquera en effet la prise de pouvoir de son héroïne, de son emblème : Lara Croft.
Lara Croft a été imaginée par Toby Gard, designer chez Core Design, qui a l’origine était parti sur un personnage masculin clone d’Indiana Jones avant de changer de direction et de proposer un personnage féminin éloigné le plus possible des stéréotypes dominant du jeu vidéo de l’époque. Cette aventurière au caractère fort, sud américaine dans un premier temps nommée Laura Cruz puis anglicisée pour devenir Lara Croft, est l’un des personnages les plus emblématiques du jeu vidéo. Au sommet de sa gloire, elle fit la une du magazine Vogue et participa à de nombreuses publicités à la télévision. Un véritable phénomène culturel dont le nom sera mondialement connu en dehors du simple monde du jeu vidéo couronné par deux films, plutôt moyens, où la belle est interprétée par Angelina Jolie.
Qu’est ce que Tomb Raider ?
Tomb Raider est un jeu d’action plate-forme proposant des environnements entièrement en 3D. Ces environnements immersifs et la grande liberté accordée au joueur ont rendu particulièrement grisantes les aventures de Lara dans des ruines oubliées, truffées de pièges mortels, de maléfices séculaires et d’énigmes particulièrement retorses. Qui ne se souvient pas de l’attaque du tyrannosaure dans la vallée perdue, des deux grandes statues égyptiennes englouties et de l’énigme du temple de Minos ? Ce savant mélange de plateforme, de puzzle et d’action, porté par la continuelle découverte de lieux magnifiques et regorgeant de secrets a toujours été à la base de la série, même dans ses heures les plus sombres. Le joueur se devait de bien regarder et découvrir son environnement afin d’avancer dans le jeu, de tenter des sauts millimétrés afin de s’accrocher à une corniche semblant hors de portée ou de faire preuve d’une extrême adresse afin d’éviter des pièges mortels.
L’essence de la série reposait sur cette alchimie, sur cette magie, sur cette exploration minutieuse de son environnement pour avancer et pour en découvrir ses secrets, ses reliques oubliées. Sur la capacité de Lara à se sortir des situations les plus délicates, se défaire des autres chasseurs de trésors et de découvrir par des moments de calme soutenus l’inoubliable thème de Nathan McCree qui laissait place à la contemplation et au recueillement. Tomb Raider c’était tout cela. C’était tout cela avant le reboot concocté par Crystal Dynamics.