Unreal du pauvre
Je ne fais pas référence dans ce titre au jeu de shoot, mais à son moteur, utilisé pour ce Shadows of the Damned. Mal utilisé, pourrait-on ajouter. Toutes les critiques qu’on peut adresser au moteur Unreal se trouvent justifiées avec ce jeu. Ainsi les décors sont ternes, les couleurs sans contrastes, et les textures, quand elles ne mettent pas un petit moment pour s’afficher, sont pauvres. Cela donne des graphismes bas de gamme, dans des décors le plus souvent ramassés sur eux-mêmes. Cela contraste avec les boss gigantesques, les seuls passages où les décors peuvent prendre un peu d’ampleur.
La variété n’est pas vraiment non plus au rendez-vous, et sur la dizaine d’heures nécessaire pour terminer le jeu, les courts chapitres donnent plus l’impression de traverser un endroit unique plutôt que les enfers. La sensation générale est qu’on a affaire à une série Z plus que B, car ce sont plein de petits problèmes de finitions qui viennent entacher la réalisation. Temps de chargements longuets, image qui freeze avant chaque cinématique, portion de décors qui apparait en retard du reste…On peut y jouer, bien entendu, mais quel dommage que tout cela ne soit pas plus soigné ! A croire que le budget de développement a été consacré en grande partie à l’environnement sonore du jeu, qui lui est excellent, pas loin même d’être exceptionnel. Si les bruitages sont classiques, les doublages en anglais sont d’un très bon niveau. L’accent de Garcia est peut-être un peu abusé, mais le contraste entre lui et son arme bavarde est savoureux, en grande partie grâce à des dialogues très bien écrits. Manifestement, les auteurs se sont amusés comme des petits fous à imaginer des dialogues caricaturaux des films d’action décérébrés, avec des digressions régulières très drôles qu’on écoutera avec attention comme si on nous racontait une histoire pour les grands.
L’autre réussite est bien entendu la très bonne musique de Yamaoka. Détâché de Silent Hill, il offre une partition aux sonorités variées, largement inspirées des sons mexicains, mais pas seulement (la musique qui accompagne les déplacements d’une sorte de limace-réverbère, d’inspiration orientale-ethnique, est géniale !). On retrouve bien la marque du musicien, avec l’utilisation par moment de sons plus que de notes, et le résultat est original, totalement adapté au jeu, lui donnant une ampleur qu’il n’a pas si on en reste seulement à son visuel.