Bien entendu, qui dit jeu de rôle dit combat, et Game of Thrones s’appuie sur un système qui rappelle fortement celui du bon vieux Knight of the Old Republic. Chaque personnage contrôlable attaque automatiquement, à moins qu’on ne programme ses actions (jusqu’à trois) en mettant le jeu en pause. Une fois celles-ci programmées, elles s’enchaîneront les unes après les autres. Même si à l’écran les combats sont souvent confus, c’est bien la tactique qui prime. Il y a bon nombre de variables à assimiler, et de multiples possibilités. Ainsi, chaque type d’armes, tranchantes, perforantes ou contondantes, est plus efficace contre un type d’armure. Les coups spéciaux se programment en dépensant de l’énergie qui se recharge régulièrement, et prennent plus ou moins de temps pour se déclencher.
Premier élément à prendre en compte ! Ensuite, leurs effets sont variés, peuvent être défensifs, agressifs, sur une zone, etc…
Deuxième élément à prendre en compte ! En plus, les adversaires ont eux aussi des compétences, et en calculant bien son timing on peut briser leur élan.
Troisième élément à prendre en compte. Enfin, certaines compétences tirent partie de l’état de l’adversaire (sonné, avec une blessure, etc…), et on ne doit pas oublier les actions liées à un objet (boire une potion), ou bien la possibilité d’utiliser un round pour regagner de l’énergie. Autant dire qu’au début on ne se pose pas beaucoup de questions et on se contente d’attaquer sans relâche. Une tactique qui atteint bien vite ses limites, et la nécessité d’être un peu plus stratégique s’impose peu à peu. Voilà typiquement un combat qu’on peut vivre avec Mors : Mors envoie son chien immobiliser un adversaire, puis utilise une attaque pour le faire saigner. Le compagnon de Mors attaque alors avec une compétence qui lui permet d’augmenter les dégâts sur un adversaire qui saigne. Simple à décrire, mais demandant une certaine pratique dans les faits, tant cela fait entrer en ligne de compte un timing précis. Efficace et finalement riche, ce système est malheureusement limité par le trop petit nombre d’ordres qu’on peut programmer. Seulement trois, cela oblige à mettre très souvent le jeu en pause pour être vraiment efficace. La conséquence immédiate est que le rythme des combats est très haché, et finalement très peu dynamique. Dommage, même si fondamentalement c’est insuffisant pour gâcher l’impression d’ensemble. Les joueurs actuels ont perdu l’habitude de ce type de systèmes, et peut-être que cela va en rebuter plus d’un, mais les joueurs qui ont passé des heures sur les jeux de rôle passé, qui ont écumé Baldur’s Gate ou KOTOR, se plongeront avec plaisir dans un gameplay qui a été injustement oublié depuis quelques années.
Le fond oui, la forme non
On doit malheureusement souligner que les hautes ambitions de ce titre se heurtent à une réalisation faiblarde qui sent le faible budget de développement. Globalement, le titre souffre d’un manque de finition évident, avec de petits bugs significatifs d’un produit qui n’a pas passé assez de temps en phase de test. Ainsi, les portes s’ouvriront en traversant le héros, il faudra parfois être placé au centimètre près pour attraper un objet, ou des scripts sonores étranges, avec des superpositions de voix, se lanceront dans certaines configurations. Ce n’est pas ça qui va nous empêcher de jouer, mais c’est toujours un peu désagréable et néfaste à l’immersion.
On ne peut pas dire non plus que les animations soient fantastiques, loin d’être d’une fluidité exemplaire, avec des mouvements peu décomposés. C’est surtout graphiquement que le jeu est en retrait. Les personnages ne sont pas superbement modélisés (du coup c’est une excellente idée d’avoir des héros dont le visage est au deux tiers dissimulé par une capuche), c’est le moins qu’on puisse dire, et les textures sont souvent grossières. Le design des différents lieux visités est banal, voire aussi terne que les couleurs utilisées : il ne faut définitivement pas s’attendre à du grand spectacle. On croisera également des PNJs consanguins, puisque étant des clones les uns des autres, et bien peu bavards, seulement quelques uns acceptant d’ouvrir le dialogue avec vous. A l’heure où le graphisme est un critère prioritaire pour bien des joueurs, Game of Thrones n’appâte pas vraiment le chaland.
Quelques maladresses dans l’interface du jeu vont également agacer. La mini-carte, par exemple, n’aide pas beaucoup à se repérer, ce qui oblige à souvent ouvrir la carte générale. Acheter ou vendre des objets, puis les équiper, demande plusieurs manipulations dont on aurait bien pu se passer. On citera également le défaut tristement habituel des jeux sortant à la fois sur consoles et sur PC : les textes à l’écran sont minuscules (probablement illisibles sur un écran SD), ce qui n’incite pas à les lire. Contrairement aux joueurs PC, quand on joue sur console on n’est pas à 50 cm de l’écran. C’est au niveau sonore que le jeu s’en sort le mieux. Les doublages, en français, sont inconstants, les personnages principaux s’en sortant pas mal alors que des personnages secondaires se révèlent trop souvent catastrophiques. On a la possibilité de changer la langue, mais l’anglais, habituellement meilleur, ne l’est pas vraiment cette fois, présentant les mêmes lacunes. Le jeu bénéficie par contre de la licence qu’il exploite, et peut donc utiliser les très belles musiques de la série. Celles-ci offrent différents thèmes qui s’adaptent aux diverses situations, et qui donnent une certaine ampleur à l’ensemble. Quand on voit la qualité de l’écriture de ce jeu, on ne peut que regretter une réalisation technique qui n’arrive pas à se hisser au même niveau, et en amoindrisse l’impact.