Là où les choses se corsent, c’est quand il est question de manier la magie. On dispose au départ de deux sorts, l’éclair qu’on lance de la main droite, et la poussée de la main gauche. Au moment du calibrage de Kinect, on s’apprête à vivre quelque chose de jouissif, tant le fait de lancer des sorts semble totalement adapté à Kinect. Un court instant on va fantasmer sur cette excellente idée et sur le plaisir qu’on va prendre à contrôler la magie.
Et de temps en temps, c’est effectivement le cas ! Voilà exactement ce qu’il faut faire : des sorts qui laissent la place à diverses possibilités, un rythme soutenu dans les batailles et une sensation d’immersion totale. Et puis tout se dérègle de façon inexplicable. Le même geste, le même sort, envoie un projectile sur le sol où en haut à gauche de l’écran alors qu’on vise avec soin le centre. La console passe son temps à nous donner des conseils sur notre positionnement, pas assis trop profond, le buste droit, etc…Mais même en les suivant scrupuleusement, c’est beaucoup trop souvent que la détection de mouvements ne discerne plus où on vise. On peut essayer de recalibrer, ou de passer sur le calibrage standard, mais cela ne fonctionne pas à chaque fois…
Comme le challenge est faible, on peut toujours s’en sortir en faisant plus ou moins n’importe quoi, en lançant ses sorts au hasard quand les ennemis sont très proches, et on s’en sortira, mais le plaisir de contrôler la magie disparaît…Le pire est que lors de la scène suivante, la détection peut très bien à nouveau fonctionner sans problèmes ! Les combats n’étant pas le cœur du jeu, on peut très bien prendre plaisir à jouer, expédiant ces séquences le plus vite possible, mais cette faiblesse est une anomalie stupéfiante, surtout quand on la replace dans le cadre d’une réalisation par ailleurs splendide.
Albion plus belle que jamais
En effet, le niveau de réalisation de ce Fable est en droite ligne de ce que sait faire Lionhead. On a donc le droit à des graphismes superbes, qui respectent le style de la série (légère surexposition, couleurs éclatantes…). Comme d’habitude avec ce studio, les ambiances sont très marquées, enchanteresses quand elles doivent l’être, plus inquiétantes quand c’est nécessaire, une vraie leçon de savoir faire. Ce n’est pas une démonstration technique, mais plutôt une nouvelle preuve du talent artistique des créateurs de Lionhead.
Naturellement l’animation des personnages et des monstres est à l’avenant. On pourra toujours dire que c’est plus facile d’obtenir un très beau rendu dans un jeu sur rail, mais encore faut-il le faire. Des efforts ont d’ailleurs été faits pour qu’on ne se sente pas trop guidé, et si le jeu suit bien un rail, celui-ci a l’avantage d’être large et d’avoir des embranchements. Mission plutôt réussie, car on se sent rarement enfermé dans un parcours à suivre. Impossible de ne pas faire mention de la bande originale du jeu, tout simplement somptueuse. Les thèmes joués, parfois discrets, parfois tonitruants, renforcent les atmosphères et les scènes, donnant du volume à l’ensemble du jeu. C’est d’ailleurs toute la partie sonore qui est remarquable, puisque le doublage en français a été très soigné, avec des dialogues bien traduits et bien joués. Quand on voit toutes ces qualités, les regrets concernant les errements du gameplay n’en sont que plus forts.