Fable : The Journey semble avoir été inventé pour diviser. Il utilise le nom d’une licence célèbre, mais propose quelque chose de très différent. Il se présente comme un jeu d’action, mais offre une expérience qui en est très éloignée. Enfin, il propose un gameplay bancal dont on dira beaucoup de mal, en oubliant tout ce qu’il a de bien. Plus que la division, ce Fable va surtout attirer les critiques, justifiées pour certaines, exagérées pour bien d’autres. Peut-il également attirer quelques louanges ?
Le parcours initiatique de Gabriel
Vous êtes Gabriel, jeune caravanier qui est toujours celui qui ferme le convoi. En retard, peu enclin à écouter ce qu’on lui dit, Gabriel est surtout un rêveur. Le rythme régulier de la caravane ne le passionne pas, lui se voit comme un aventurier courageux prêt à affronter tous les dangers. Quand il va se retrouver séparé de ses compagnons de voyage, c’est malgré lui qu’il va devenir ce personnage fantasmé. Obligé de faire un détour considérable pour retrouver les siens, il rencontrera une prophétesse qui l’accompagnera sur la route de l’héroïsme comme témoin (et actrice ?) de sa transformation en un guerrier magicien sauveur d’Albion.
Cette histoire de héros malgré lui, on l’a déjà vécue des dizaines de fois. Pourtant il est difficile de nier qu’elle nous est racontée avec soin, mettant en scène des personnages attachants. Les séquences interactives sont très régulièrement entrecoupées de cinématiques qui font avancer l’histoire, souvent avec des personnages hauts en couleurs et grâce à des dialogues souvent drôles. Bien que l’aventure soit accessible à tous (comprendre qu’il n’y a pas de gerbes de sang), les références et les gags ne laissent pas les adultes de côté. Ce n’est pas un jeu pour enfants, mais bien un jeu pour tous, la nuance est importante à comprendre à une époque où on catalogue trop vite comme « jeu pour petits » tout ce qui ne comporte ni gore, ni vulgarité. Le rythme entre gameplay et cinématiques a été très bien étudié : bien que ces dernières soient très, très nombreuses, elles restent d’une courte durée, et s’étalent avec régularité plutôt que de s’imposer pour de longs moments pendant lesquels on n’aurait rien d’autre à faire que d’écouter et regarder. Mieux, elles sont suffisamment bien mises en scène et intéressantes pour qu’on ne décroche à aucun moment du jeu.
Ce n’est pas la plus petite des qualités de Fable : The Journey. Ce jeu est avant tout une histoire qu’on suit avec plaisir, et qui sert à illustrer le propos du jeu. En effet, sa volonté première est annoncée dans son titre : c’est plus un voyage qui nous est proposé qu’un jeu à proprement parler. Qu’on ait déjà joué à Fable ou pas, c’est avec enchantement qu’on traversera les différentes régions d’Albion, comme dans un circuit touristique. L’intérêt n’est pas dans un challenge par ailleurs presque inexistant, mais dans le simple plaisir de la découverte, de voir des paysages superbes, et de passer d’une ambiance à une autre. Ce sont plus des sensations qu’on ressent que l’excitation des combats à venir. On se surprendra d’ailleurs à parfois avancer au trot, juste parce que se promener sous les branches d’arbres majestueux est agréable, et qu’il n’y a donc aucune raison de se presser. Un concept pareil est finalement d’une originalité qui peut laisser perplexe l’amateur de frissons, et pourtant ce serait dommage de négliger le plaisir de juste parcourir ce monde pendant une dizaine d’heures.
Pas besoin de jambes pour Fable
Comme prévu, seul le corps sera utile pour jouer, et pour être précis seul le haut du corps, puisque Fable : The Journey se joue assis. On peut y jouer debout si on le souhaite, mais ce n’est pas plus efficace, bien que plus fatigant ! Tout se contrôle avec les bras et en basculant le buste. On passe pas mal de temps à diriger sa jument, simplement en tenant les rênes, et de temps à autre on pourra également soigner son cheval, ouvrir des coffres ou bien réaliser quelques actions simples comme cueillir des fruits. Pour toutes ces actions, tout fonctionne à la perfection, de façon très efficace et intuitive.