Qui aurait misé un seul euro sur ce Driver, suite improbable d’une licence moribonde ? Et bien un joueur avec le nez fin ! Voilà une suite directe (en termes d’histoire) au Driv3r de sinistre mémoire, mais proposant quelque chose de réellement nouveau, pour ne pas dire novateur. Quoi ? De l’originalité dans un jeu de voiture ? Et oui, c’est possible !
Jericho must die
L’histoire commence alors que le criminel Jericho, péniblement arrêté lors de l’épisode précédent par John Tanner, réussit une évasion spectaculaire alors que son futur s’annonçait à l’ombre pour longtemps. Et c’est parti ! Dans la peau de Tanner, vous prenez tout de suite le bad guy en chasse, jusqu’à ce que vous tombiez dans un piège vous laissant dans un état comateux… Et c’est là que le jeu bascule dans un autre univers ! Pendant qu’il est aux fraises, Tanner s’imagine un monde parallèle dans lequel il ne serait pas à l’hôpital, et dans lequel il continuerait de chasser sans relâche Jericho. Sauf que dans ce monde, son esprit pourrait s’envoler dans les airs avec un effet de dé-zoom / zoom saisissant, et il pourrait investir le corps de n’importe quel conducteur, passant ainsi d’une voiture à l’autre. C’est ce songe qu’on va jouer. Est-ce un fantasme ou bien est-ce la réalité ? Difficile à dire…
La chasse, si on fait le jeu en ligne droite, est plutôt courte (8 heures au maximum), mais San Francisco n’est pas faite de lignes droites ! Le contenu est pléthorique, avec des épreuves un peu partout dans la ville, le tout se payant le luxe d’être très varié. Il y a les habituelles simples courses, mais il faudra également faire des cascades, conduire de la façon la plus dangereuse possible, atteindre des objectifs dans un temps réduit, échapper à la police…ou arrêter des criminels à coups de pare-chocs. On a déjà vu tout ça ? Pas faux, mais quand on y ajoute la possibilité de changer de voiture à tout moment, l’action se retrouve tout simplement inédite dans un jeu. Passer d’une voiture de flic à une autre pendant une poursuite pour rester au contact donne un rythme de fou aux situations, et je ne parle même pas d’actions totalement jouissives, comme quand vous pouvez prendre le contrôle d’une voiture arrivant à contre-sens de votre opposant pour le percuter de plein fouet ! Plus qu’un gadget, le shift est un véritable moteur de gameplay, un accélérateur de rythme qui permet des scènes ultra-spectaculaires.
L’ambiance du jeu est une véritable réussite, en plein dans les années 70, renvoyant immédiatement à Bullit ou French Connexion, et aux films de De Palma avec leurs split-screens (concept repris par 24H). Tout y est ! L’ambiance colorée et chaude d’un San Francisco dont on reconnaît les lieux qu’on a vu si souvent dans les films, la musique funky, mais aussi les dialogues bien sentis entre Tanner et son coéquipier qui donnent envie d’aller voir Huggy les bons tuyaux. Un vrai plaisir qui donne envie de bouger la tête en rythme en fonçant comme un dératé.
On pourra malgré tout regretter la façon dont se déroule l’histoire. En effet, pour avancer dans le scénario, les points de passage ne sont accessibles qu’après que des épreuves obligatoires aient été réussies. Malheureusement, ces épreuves n’ont aucun rapport avec le reste, et cela casse très largement la dynamique d’un récit par ailleurs plutôt sympa. Dommage pour l’immersion qui en prend un coup.
Une ville bien remplie
Ce sont 120 voitures, pas moins, qui sont accessibles à tout moment grâce au shift (on peut également les acheter dans les garages). Des voitures qui sont de toutes les époques, mais bon, on ne va pas chipoter. On peut aussi prendre le contrôle de camions, de dépanneuses…Tout, quoi !
Bonne surprise, la conduite est une vraie réussite. S’il y a un petit feeling Crazy Taxi, la conduite est plus fine que ça. Cela reste de l’arcade pure (des turbos, des coups de bélier…), mais il faudra apprendre à maîtriser les dérapages pour être vraiment efficace, ce qui est loin d’être simple tant la conduite peut varier d’une voiture à l’autre. Le côté nerveux de la conduite est encore plus évident en vue intérieure, avec le volant qui bouge dans tous les sens ! Un vrai plaisir qui met la banane.