Quand on rédige un test, on se doit de prendre du recul, d’oublier nos goûts, pour rester le plus objectif possible en cherchant à se mettre à la place de ceux à qui le jeu est destiné. Sauf que quand on teste un Object Vidéoludique Non Identifié comme Deadly Premonition, il faut adopter une autre approche, tant ce jeu peut provoquer des réactions extrêmes. Je crois bien que c’est une première pour moi, mais je vais donc rédiger un test purement subjectif basé sur mon ressenti, car oui, j’ai adoré ce jeu que beaucoup vont détester, et je vais vous expliquer pourquoi.
Le frère de Dale Cooper
Ceux qui ont vu Twin Peaks vont avoir l’impression de jouer à son adaptation officielle tant les points communs entre l’histoire imaginée par David Lynch et celle de Deadly premonition sont nombreux. On incarne donc l’agent du FBI York Morgan, un type schizophrène qui parle en permanence à haute voix à un certain « Zack », et qui résout les dossiers dont il a la charge en écoutant ses rêves ou ce qu’il croit lire dans le café. C’est également un expert du profilage, capable de reconstituer les scènes de crime avec une poignée d’indices. Pour découvrir ces indices, il ne fouille pas de façon traditionnelle…Non, il part au plus profond de son esprit dans un monde parallèle peuplé de monstres, mais qui le conduit systématiquement à la vérité. York est direct, à la limite de la politesse, et est très bizarre, trimballant de toute évidence un étrange secret derrière lui. Il est appelé dans la ville de Greenvale, bourgade qui s’est développée grâce à l’essor d’une industrie du bois maintenant en déliquescence, pour accompagner la police locale sur une affaire de meurtre. Une jolie blonde, Anna, retrouvée saignée et suspendue à un arbre, la langue arrachée… Il semblerait que tout le monde ait quelque chose à cacher dans cette sordide affaire avec en toile de fond les superstitions locales…
Un agent pour le moins spécial, une petite ville au milieu de la forêt, une scierie…Pas encore convaincus que Twin Peeks toque à la porte ? Et si j’ajoute des personnages manifestement particuliers (un flic très sensible, une femme qui se promène avec un plat, un tenancier de magasin qui danse en permanence), et des lieux très étranges (York rêve d’une pièce toute rouge où se trouvent deux jumeaux avec des ailes d’anges qui parlent lentement par énigme), il n’y a plus à hésiter, c’est bien dans une démarque de la série culte qu’on se trouve.
Le jeu se présente sous la forme d’un monde ouvert où on peut aller où on souhaite en temps réel à condition que York pense à manger et à dormir de temps en temps. Quand la trame principale avance, on passe au chapitre suivant. On passe beaucoup de temps à discuter, ou bien à conduire d’un endroit à l’autre dans de longs trajets en écoutant déblatérer York sur le cinéma des années 80 (tirades très drôles, d’ailleurs, et qui flattent l’amateur de cinéma de genre), avec de temps à autres des séquences d’exploration où il faut jouer du flingue ou du couteau pour avancer.
Il y aura même quelques boss qui tenteront de venir contrarier notre super-flic. Les énigmes sont plutôt simples, et ne sont pas de réelles entraves à l’avancée de l’histoire, puisque de toute façon un marqueur indiquera en permanence où se trouve le point de passage obligatoire suivant. On peut également à loisir résoudre les nombreuses quêtes secondaires du jeu, faire quelques courses de voiture, ou bien aller pêcher tranquillement.