Le jeu est plombé par deux bons gros points faibles surprenants. La faiblesse de l’IA est le pire. Les adversaires, quels qu’ils soient, se comportent comme de parfaits crétins. On peut donc en toute tranquillité adopter la tactique de l’appât : on flingue un mec, puis on attend que ses copains viennent voir (à découvert, pas de soucis) pour entasser les cadavres au même endroit. La tactique du colin-maillard est aussi intéressante : en camouflage on bute un adversaire au corps à corps, on devient visible le temps d’attirer d’autres ennemis, et hop, sous leurs yeux on disparaît avant de les fumer de la même façon. Bref, c’est un retour en arrière terrible, une des pires IA qu’on ait pu voir depuis longtemps.
L’autre grosse lacune vient d’un level design terriblement basique, qui alterne une succession de couloirs avec des espaces plus ouverts qui ont bien du mal à cacher qu’ils sont avant tout conçus comme des cartes pour le multi. On n’est jamais surpris, le jeu se contentant de suivre un rail simpliste dans la mauvaise tradition des Call of Duty. Cela participe à la lassitude qu’on ressent alors qu’on progresse dans le jeu.
Crysis à plusieurs
La vraie bonne surprise vient du multi qui propose quelque chose de rafraîchissant et de différent des autres FPS. On retrouve les déclinaisons habituelles d’affrontements, mais tout le monde ayant une nanocombinaison, cela donne des bastons très funs et au parfum particulier. On guette le moment où un joueur ne sera plus camouflé, tout en essayant de le rester le plus longtemps possible. Un peu comme dans le film Predator, on est obligé d’être ultra attentif à l’écran pour deviner la silhouette des adversaires et réagir au quart de tour. Cette fois, contre des humains, il faut bien s’appliquer à utiliser son armure au maximum, en jonglant entre ses capacités.
Le level design faible en solo, est par contre plutôt bien vu pour le multi, les cartes permettant des approches différentes et donnant satisfaction à tous les types de joueurs : les fonceurs comme les campeurs. On regrettera juste un système de progression qui rend les premières heures de jeu difficiles pour les nouveaux venus, les joueurs d’expérience bénéficiant de bonus qui déséquilibrent les forces en présence. Au passage, le mode de jeu hunter (opposant 2 guerriers en armure dotés d’arcs contre une flopée de soldats) se révèle vraiment amusant : une sorte de partie de cache-cache stressante où tout faux pas est sanctionné d’une mort quasi-immédiate. Sur console, le multi est trusté par les Call of Duty et Halo, ce qui ne garantit pas que Crysis 3 restera joué dans le temps, mais il le mériterait pourtant car il a vraiment un positionnement un peu différent.