Aimanté, il permet à Booker de s’envoler dans les airs pour venir s’agripper aux nombreux rails disposés dans Columbia ou à certaines accroches qui lui permettront d’accéder très rapidement à des endroits surplombant la zone de combat pour se mettre à l’abri ou élaborer une nouvelle approche d’attaque. Zoomer avec son arme sur les rails ralentit la vitesse de déplacement et permet de viser précisément les adversaires. La maîtrise de cet élément aérien est au coeur du gameplay de Bioshock Infinite du moins dans les arènes donnant l’opportunité de l’utiliser.
Les armes et les pouvoirs de Booker ne sont pas les seuls éléments de son arsenal mis à sa disposition. Il aura la possibilité de trouver au fur et à mesure du jeu des pièces d’équipement lui conférant divers avantages comme la possibilité de gagner de la vie après des exécutions au corps à corps, ou d’augmenter ses dégats critiques sur les adversaires. Seulement 4 de ces équipements pourront être utilisés à la fois, un chapeau, une chemise, un pantalon et des bottes. La plupart de ces effets augmentent les possibilités d’attaques de Booker sur les rails.
Même Dieu peut se tromper
Ken Levine prend le risque avec Bioshock Infinite de jouer la carte du FPS. Il laisse tomber la structure labyrinthique des niveaux, les phases de piratage des machines et l’ambiance feutrée, poisseuse et reclue propre au survival/horror. Bioshock Infinite est un FPS guerrier, où l’affrontement frontal prime ; on ne prépare plus avec soin sa stratégie anxieux d’un combat mortel contre un protecteur. On mise plutôt sur ses réflexes en espérant avoir suffisamment d’argent pour pouvoir réapparaître non loin de là en cas de décès prématuré. Bioshock Infinite est un jeu facile, même en difficile, seul le mode 1999 qui se débloque soit par code, soit à la fin du jeu, pourra constituer un minimum de challenge au joueur averti. La tension que procure le jeu disparaît totalement. Le seul élément de frustration viendra du mode de sauvegarde proposé, une sauvegarde automatique via checkpoint pas du tout pratique pour les férus d’exploration ou les joueurs n’ayant pas la possibilité d’avoir des temps de jeu fixes. Si on doit arrêter précipitamment on risque de perdre toute notre avancée.
Techniquement, même si le jeu reste fluide en toute occasion, on ne pourra que pester sur la faible qualité de nombreuses textures tout juste sauvée par la qualité artistique de l’ensemble. La ville aussi belle qu’elle soit, ne parvient pas à gommer l’impression d’arpenter une ville fantôme, où les habitants aussi inexpressifs que les automates vendeurs disparaissent comme par magie au moindre coup de feu tiré, où les gigantesques maisons sont désertes. Les paysages n’arrivent pas à dépasser leur simple statut formel de cartes postales figée, déshumanisées.
On regrettera aussi la sous-exploitation du crochet, du combat aérien et des failles d’Elizabeth. L’idée de base est sympathique mais n’arrive jamais à transcender le gameplay de Bioshock Infinite et le sortir réellement du lot. Les failles sont prédéfinies dans l’aire de jeu et ne permettent pas d’utilisation tactique en plein coeur du combat. Le choix de la position de celles-ci et de leur effet aurait pu rendre les combats plus techniques.
Les zones permettant l’utilisation du crochet ne disposent que de deux rails séparés au maximum, le joueur est presque invulnérable lorsqu’il glisse dessus (seul le remplaçant du protecteur Big Daddy, un monstre robotique géant nommé Handy Man peut vous empêcher d’utiliser les rails). Aucune aire ne propose réellement le rail comme base de combat imposée ce qui renforce le sentiment de sous exploitation qui s’en dégage à la fin du jeu.
Heureusement que l’histoire, la narration, la direction artistique du jeu, parviennent à élever Bioshock Infinite au-delà de ces problèmes. Un écrin extraordinaire à une magnifique histoire, soutenue par une ambiance sonore magistrale qui arrive à dépasser le maître étalon qu’était en son temps le premier Bioshock. Le couple Booker-Elizabeth restera à jamais gravé dans vos mémoires longtemps après la fin du jeu et on applaudira des deux mains la magnifique performance des doubleurs français qui arrivent à donner corps aux deux personnages et à être très justes dans leurs intonations, ce qui est trop rare pour ne pas être signalé, souligné et encouragé.