Je suis un très grand fan de Hellboy. Les films m’ont plu, mais ce sont surtout les incroyables BD de Mignola, au coup de crayon si stylé, qui encombrent ma bibliothèque. Impossible donc de résister à l’appel du jeu adaptant les aventures du garçon des enfers, d’autant plus que le matériau de base a tout pour donner un bon jeu : la BD est bourrée d’action, d’humour, de décors variés et d’histoires tordues.
Le tour du monde en 6 chapitres
Le jeu Hellboy : The Science of Evil est sorti à quelque chose près en même temps que le film Hellboy 2 : Les légions d’or maudites. Vous avez sans doute noté la différence dans le titre, et ce n’est pas pour rien puisque le jeu n’a tout simplement aucun rapport avec le film, si ce n’est bien entendu Hellboy lui-même. En voyageant autour du monde (enfin, surtout en Europe de l’Est), Hellboy va joyeusement botter les fesses des monstres qui traînent un peu partout afin de…afin qu’ils aient les fesses bien bottées. Et oui, aussi stupéfiant que cela puisse paraître avec le background pourtant très riche d’Hellboy, il n’y a pas d’histoire ! Chaque chapitre est une poursuite contre un boss tout droit issu de la BD (et non du film), que tous les amateurs du gros rouge bougon reconnaitront. L’absence d’histoire est d’autant plus surprenante que le jeu est construit comme s’il en proposait une : les scènes d’actions sont entrecoupées de dialogues (souvent réussis, d’ailleurs), et chaque chapitre raconte une mini-histoire simpliste qu’on pourrait résumer à (là on va voir si vous suivez correctement ce que vous lisez) botter les fesses du méchant.
Oui, je sais, c’est bien décevant. Malheureusement, ce n’est pas la seule chose décevante dans ce jeu, loin de là…
Moi, Hell B., fils de l’enfer et botteur de fesses
Le jeu est un beat’m all des plus classiques, en semi-3D (les caméras pivotent sur un angle fixe) et découpé par zones. Le gameplay propose une palette d’actions réduite, avec un coup fort, un coup rapide, un bouton pour se saisir des adversaires, et quelques combos (j’insiste sur « quelques », vous ferez sans doute le jeu en entier avec seulement un ou deux). En bonus vous pourrez utiliser le célèbre énorme flingue d’Hellboy accompagné de différents types de munitions aux effets légèrement variés. De temps à autre vous pourrez également exprimer votre fureur dans un mode berzerk qui passera l’écran sous un filtre rouge. C’est d’ailleurs pratiquement le seul effet du berzerk, Hellboy continuant de se battre de la même façon.
Pour progresser, il faudra systématiquement tuer tous vos adversaires étonnamment peu variés, mais souvent nombreux, afin d’avoir accès à la zone suivante où vous ferez exactement la même chose, croisant seulement de temps en temps le boss poursuivi qui vous donnera un peu plus de fil à retordre. Et voilà. La caractéristique principale du jeu est sa formidable absence de caractéristique principale. C’est du vu et revu, sans aucune surprise. La maniabilité, au moins, est plutôt bonne, avantage indéniable de sa simplicité et de sa faible profondeur. On peut y jouer à deux en ligne ou en écran splitté, et le jeu est alors agréable pour passer le temps, le deuxième joueur prenant le contrôle d’un autre personnage (comme Abe l’homme poisson). Si c’est plus fun, cela n’ouvre pour autant pas de nouvelles possibilités, les autres personnages se démarquant dans les faits à peine d’Hellboy !
La BD en vrai
Il y a une chose de franchement réussie sur ce jeu, c’est le respect de la charte graphique du comics. Que ce soit pour Hellboy lui-même ou pour tous les autres personnages, le style graphique adopté rend hommage au trait de Mignola. Le même soin a été apporté pour les décors, tout droit sortis des BD, et jouant sur les mêmes teintes avec beaucoup d’à-plats de couleurs.
L’habillage du jeu est lui aussi tout à fait dans le ton du comics et est réussi. Cela rend d’autant plus regrettable l’utilisation qui est faite de tout ça. Les ennemis sont ainsi souvent un peu ridicules, minuscules, donnant l’impression qu’on se bat contre des nains hargneux. Dans le même ordre d’idée, si les décors expriment un certain potentiel, ils sont très répétitifs, et on se promène dans un environnement où tout semble trop grand (dès le premier chapitre dans le cimetière, qui semble uniquement composé de mausolées, et on retrouve le même défaut dans tous les niveaux). L’étrange conséquence est qu’on se sent bien petit au milieu de tout ça. Tout cela manque furieusement d’ampleur ! Comme le level-design est quelconque, c’est sans passion qu’on avance dans le jeu, par ailleurs plutôt simple. L’autre point positif vient des dialogues, bien écrits, souvent amusants, et bien joués. Dommage qu’ils ne soutiennent pas une vraie histoire… Vous serez sans doute aussi agacé par la stupidité des ennemis qui n’hésitent pas à rester bloqués dans un trou ou derrière un objet. Enfin, les angles de vue fixes ne facilitent pas la lisibilité de la topographie des lieux, et donnent l’impression qu’on évolue dans des lieux fermés, en intérieur, alors que le jeu se passe presque tout le temps à l’air libre.