Mais la véritable force de Fable n’est pas là. Ce serait mentir de dire que son succès -2 millions de ventes ce qui en fait un des plus gros succès pour une exclu Xbox- est dû à son gameplay, à la profondeur de son scénario ou à ses possibilités inédites. La séduction est venue ailleurs, elle s’est imposée par une direction artistique sublime qui fait de Fable un jeu reconnaissable au premier coup d’œil. Ses couleurs saturées, surexposées, chaudes nimbent le royaume d’Albion d’une aura féérique inimitable. L’aventure parsemée d’humour so british reste l’une des plus plaisantes de sa génération, magnifiée par un environnement sonore exceptionnel signé Russel Shaw (le compositeur attitré de Peter Molyneux) et doté d’un thème principal composé par Danny Elfman (les films de Tim Burton c’est lui !). Les doublages entièrement en français sont de bonne facture et ne viennent aucunement gâcher l’ensemble. Fable est un dessert acidulé que l’on déguste goulûment jusqu’à en lécher l’assiette la vidant de ses dernières miettes. Un dessert tellement bon que l’on regrette amèrement par la suite qu’il soit si rapidement fini. Si l’on ne prend pas le temps de s’investir ou même en faisant le tour du jeu on le finit avec une désagréable impression d’inachevé comme si on ne nous avait proposé que les deux tiers d’un jeu pas fini. Ce sentiment fut confirmé par la suite avec la sortie en 2005 de la version Lost Chapters de Fable. Le développement ayant pris trop de temps, Fable était sorti à l’époque dans une version non aboutie amputée de bon nombre d’éléments et d’un tiers du jeu. Fable Lost Chapters gagne en cohérence, en durée et en qualité, ne laissant jamais le joueur devant une porte curieusement close. Heureusement, c’est cette version qui nous est proposé dans la version Anniversary de la xbox 360.
Un anniversaire bien terne.
L’annonce d’une version Anniversary de Fable fut accueillie avec engouement de la part des fans de la première heure comme ceux qui avaient découvert la série plus tardivement avec l’épisode 2 ou 3 de la série. On avait alors en mémoire nos souvenirs de jeunesse sur la première Xbox et l’excellent travail fourni par Microsoft lors de la sortie de Halo Anniversary en 2011.
Avouons-le tout de suite, le résultat est bien loin d’être à la hauteur de nos espérances. Le plus gros souci venant d’un choix artistique étrange et calamiteux visant à supprimer la saturation des couleurs et leur surexposition. Même si les textures sont plus belles et les personnages plus détaillés, le rendu s’avère plus terne et moins agréable à l’œil que le Fable original -tournant parfaitement sur Xbox 360 via l’émulation-. Une sorte de suicide artistique enlevant à Fable une grande partie de son charme initial. Fable Anniversary aurait pu se rattraper sur une réalisation sans faille mais se heurte curieusement à de gros soucis de fluidité qu’on croirait issus de la version originale, alors qu’il n’en est rien. On pourrait ajouter la présence de quelques bugs malvenus, d’une police dans les menus très moche et de temps de chargement malheureusement trop longs, et finir de torpiller ce beau projet et ce magnifique jeu.
Tout n’est pourtant pas à jeter dans ce remake. Les menus ont été repensés et gagnent de la fluidité et de l’ergonomie même si c’est loin d’être satisfaisant. En sus de la maniabilité originale on nous proposera une alternative issue des épisodes 2 et 3. On bénéficiera de plusieurs emplacements de sauvegarde et de l’utilisation de l’application Smartglass pour les heureux possesseurs de tablette ou de smartphone. Celle-ci est purement gadget et ne propose qu’une visualisation totale de la carte du jeu spoilant totalement l’exploration. On pourra alors à loisir voir la carte de ceux-ci avec en bonus des captures d’écrans -très moches- de la version originale, ne lui rendant clairement pas justice. C’est tout. Si vous vous attendiez à un guide du jeu avec ses secrets alors il vous faudra faire un tour à la caisse et débloquer celui-ci via une cochonnerie de DLC. Il n’y a plus de petits profits, au lieu de faire un cadeaux aux fans, d’être généreux dans le remake, Microsoft joue les pingres et joint à la sortie de Fable Anniversary tout un tas d’achats d’armes, d’armures et autres gadgets et même du guide du jeu renforçant désagréablement l’impression laissée par ce remake d’être sorti à l’arrache, sans passion, sans amour, sans respect pour l’œuvre originale et ses fans de la première heure. Une véritable version sombre d’un jeu pourtant si chaud et enchanteur.