Il y a un an de cela, mon beau-frère, éleveur, connaissant ma passion pour les jeux vidéo m’avait parlé de Farming Simulator. Après m’avoir demandé si je connaissais cette simulation, question à laquelle je répondis non, il m’informa que bon nombre de ses collègues passaient beaucoup de temps sur celle-ci. J’avoue que mon beau-frère avait réussi à éveiller ma curiosité et planté la graine de l’envie d’essayer ce jeu atypique et frais. Je ne cache pas mon attrait tout particulier envers les jeux sortant de l’ordinaire et proposant une expérience loin du tout venant vidéoludique. Ce fut donc avec entrain et excitation que je me lançais dans l’expérience du labour virtuel.
On dirait que ça t’gène de marcher dans la boue…
Autant vous avouer tout de suite que l’entrain et l’excitation qui m’accompagnaient sont rapidement partis de leur côté en me donnant des prétextes fallacieux du genre “j’peux pas, j’ai piscine”, “ah, mince je dois tondre la pelouse aujourd’hui”, me laissant seul dans un paysage de désolation. Ne pensez pas que j’en rajoute car c’est réellement le cas. On se retrouve dans un environnement immonde à peine égayé par trois modèles d’arbres différents reproduits jusqu’à l’indigestion dans un processus d’opus incertum nauséeux. Farming Simulator ressemble à s’y méprendre à un jeu sorti au début du siècle. Même GTA San Andreas paraît encore aujourd’hui bien plus beau et détaillé que ce pâle Farming Simulator.
Les développeurs ne nous évitent aucune tare en ce domaine, à croire qu’ils n’ont jamais vu un morceau de campagne de leur vie. Aucun effort n’a été fait pour produire un environnement extérieur bucolique, joli, agréable ou cohérent. Les deux environnements proposés, à savoir une campagne américaine ou une allemande (premier marché du jeu) partagent ces mêmes environnements moches, bardés de textures immondes, de végétation disséminée n’importe comment et d’un village morne composé d’habitations identiques et habité par des robots longeant inlassablement les trottoirs.
Un véritable travail de tâcheron, sans âme, ni passion. Pour compléter la charge sur l’aspect technique on ne pourra taire les innombrables bugs de collision, véritable calvaire, qui font faire des triples loopings à vos engins s’ils ne les bloquent pas tout simplement, les rendant inutilisables pour la suite. Moi qui m’attendait à un travail agricole avec la nature au coeur du gameplay je me suis retrouvé totalement orphelin, perdu, dans un environnement moche et un tutorial semblant s’adresser aux initiés plutôt qu’aux néophytes de l’agriculture. On est lâché dans sa ferme avec quelques activités nébuleuses et des missions secondaires qui nécessiteront du matériel que l’on aura beaucoup de mal à trouver sur une carte peu claire et très peu fonctionnelle. Et pourtant, ce n’est qu’en persévérant que je me suis rendu compte que j’étais confronté à un gros malentendu.
Conduiring Engin’s Agricol Simulator.
Lorsque je me suis vêtu de mon bleu de travail pour jouer à Farming Simulator je pensais, à tort, avoir à faire à un jeu de simulation d’agriculture paysanne. A savoir, prendre les commandes d’une petite exploitation et essayer de faire son possible pour que son travail de la terre puisse faire pousser légumes et céréales et que nos bêtes élevées avec amour puissent nous donner le fruit de nos efforts en viandes, oeufs et lait. En posant mes attentes sur ce jeu, je ne pensais pas me fourvoyer autant. Farming Simulator n’est pas une simulation de petite exploitation qui devient grande, un jeu d’amoureux de la nature et du travail de la terre. Non. Farming Simulator est une simulation d’agriculture intensive où le travail de la terre n’a comme but qu’une course à l’armement, à savoir des machines agricoles plus grosses, plus rentables et encore plus de champs pour pouvoir gagner le maximum d’argent et finir sa collection de machines outils.
Avec ce positionnement en tête, on arrive à comprendre l’inutilité du cycle jour/nuit (on ne dort jamais, nos ouvriers non plus), des conditions météo (la conduite des engins est la même et cela n’influe pas sur les récoltes ou très peu), l’ignoble environnement extérieur modélisé à la tronçonneuse et l’absence de l’agriculture biologique (engrais obligatoire) et des catastrophes naturelles (sécheresse, grêle). Si vous cherchez une simulation d’agriculture raisonnée, passez votre chemin, Farming Simulator s’adresse aux amoureux des beaux tracteurs, des moissonneuses et tout les outils agricoles vrombissant et crachant des nuages de résidus de diesel. Ceux là seront aux anges avec un nombre impressionnant de véhicules différents et une simulation austère mais stricte de leur conduite et du côté méticuleux que cela implique. Labourer un champ prend beaucoup de temps sachant la vitesse minimale que l’on doit tenir et le braquage difficile que l’on aura à effectuer entre chaque longueur. On devra aussi apprendre à être méticuleux et procéder par étapes afin de labourer, ensemencer, épandre, récolter, etc. Heureusement le jeu vous permettra d’embaucher très facilement un ouvrier agricole pour faire ce labeur à votre place, moyennant finance évidemment.
Le jeu s’avère au final suffisamment riche et pointu pour vous tenir en haleine durant de longues heures à baver sur la prochaine moissonneuse de vos rêves qui vous fera économiser beaucoup de temps et d’argent. Votre exploitation deviendra, petit à petit, très grande et il vous faudra trouver d’autres sources de revenus comme l’élevage bovin ou ovin, ce qui vous permettra en sus de rentabiliser totalement vos cultures de céréales. Les divers mécanismes sont nombreux et assez intéressants à maîtriser. Le principal problème du jeu viendra de son didacticiel très peu en phase avec les attentes d’un joueur ne connaissant pas le milieu agricole. Le didacticiel est comme le jeu : très austère et lâche très rapidement la main qu’il tend au joueur pour le laisser seul au milieu de ses engins et de ses champs, errant comme une âme en peine. Les missions secondaires proposées seront tout aussi abruptes, ne disposant d’aucune aide particulière pour aider à leur réussite. La carte est par ailleurs très peu lisible et pas du tout fonctionnelle. Tous ces éléments accompagnés par l’austérité technique du titre ne réserveront Farming Simulator 2013 qu’à une très petite catégorie de joueurs initiés.