Test - Deliver Us The Moon - Décrocher la Lune

«Personne ne vous entendra crier» , - 7 réaction(s)

Quoi que l’on en pense, le média jeu vidéo a encore un cap à passer pour qu’enfin il puisse s’affranchir du Cinéma en matière de narration et voguer de ses propres ailes dans un ciel d’émotions aussi varié que celui de son grand frère. Deliver Us The Moon est le parfait exemple pour nous montrer que la magie est possible mais aussi qu’elle a bien du mal à se libérer des ersatz lourdeaux d’un héritage vidéo ludique. Quoi qu’il en soit, cette épopée spatiale issue d’un projet kickstarter nous offre un fantastique voyage solitaire qui vaut le coup d’être vécu…

Le savant montre la Lune...

L’avenir de l’Humanité repose sur vos épaules

Eh oui, il n’y a pas eu besoin d’un virus dans le futur proche de Deliver Us The Moon pour plonger l’humanité dans une lente agonie. Elle n’a eu besoin de personne pour épuiser les ressources de la Terre, pour couper la branche sur laquelle elle posait ses lourdes fesses. L’humanité exsangue vit alors sa survie dans un projet totalement fou mené par la World Space Agency : construire sur la Lune un complexe incroyable à même d’extraire à lui seul une source d’énergie inépuisable capable d’alimenter la terre. Un espoir que tout le monde pensait perdu à jamais : celui de repartir sur de nouvelles bases en tirant les leçons des erreurs présen… passées.

Que s’est il passé dans la station lunaire ?

Sauf que voilà, alors que tout semblait fonctionner, quelques années après la mise en fonction du complexe, les communications avec la colonie lunaire furent brutalement interrompues et la source d’énergie fut perdue. La World Space Agency ne se releva pas de cette crise et la Terre sombra dans le désespoir. Malgré tout, les quelques employés restants ne perdirent pas cet espoir et entreprirent de préparer une mission de la dernière chance. Et c’est nous, l’heureux élu, dernier astronaute formé, le seul que l’agence peut encore envoyer avec ses maigres ressources sur la colonie pour découvrir ce qui s’est passé et en rétablir la liaison avec la Terre. L’espoir de l’humanité toute entière repose entre nos mains. De quoi motiver si l’on arrive à supporter la pression que cela nous met sur les épaules.

...le joueur la regarde des étoiles dans les yeux

Un petit pas pour l’homme...

Deliver Us The Moon est une quête solitaire. C’est bien simple, durant la poignée d’heures qui constitue notre périple on ne croisera pas une seule personne. Nos seuls compagnons sont un robot appelé ASE et les contacts radio avec la Terre. Mais on n’a jamais le temps de s’ennuyer, dès le début nous sommes embarqués dans une course contre la montre, dont les références oscillent du côté cinématographique entre le Gravity d’Alfonso Cuaron et le Moon de Duncan Jones. C’est dans son rythme qu’excelle Deliver Us The Moon. Un rythme ciselé, cinématographique, suspendu entre moments de tension et de calme et réussissant l’amalgame entre action et contemplation. C’est le moment pour moi de glisser un gros coup de cœur pour l’ambiance sonore, véritable petite merveille qui arrive à transcender l’aventure lunaire de Deliver Us The Moon. Petit à petit, le jeu installe une mélancolie progressive, arrive à nous impliquer dans ses enjeux, à nous faire vivre des émotions. Deliver Us The Moon est une réussite à ce niveau et pour ce faire, l’équipe de Keoken Interactive a opté pour un changement régulier de point de vue. Suivant les phases de gameplay, on alterne entre vue à la première personne et à la troisième.

Les phases de gameplay sont variées...

Ces changements amplifient l’immersion, comme la vue à la première personne utilisée lorsque l’on se trouve en apesanteur ou lors de nos déambulations dans les couloirs déserts de la colonie à la troisième personne. Cette dernière vue augmente cette sensation de solitude.

Ce drone est votre seul compagnon

Les phases de gameplay sont variées entre petits casse-têtes, menus passages de plateforme, conduite de véhicules et une pincée de quick time event, le tout à découvrir en endossant ce rôle si particulier de technicien et d’enquêteur. On doit certes rétablir le contact avec la Terre dans une colonie en mauvais état mais aussi découvrir ce qui est arrivé aux colons. Deliver Us The Moon prend le parti de suivre le périple d’un personnage qui a vécu les évènements de la colonie de l’intérieur et dont on va suivre les traces, jusqu’à avoir le sentiment de le poursuivre et espérer une rencontre. Le jeu fonctionne particulièrement bien sur ses deux enjeux que sont le sauvetage de la terre et l’histoire de la colonie, même si les moyens utilisés sont pour le moins éculés et décevants.

Pour comprendre l’histoire, veuillez lancer cet enregistrement

La terre est si petite...

Deliver Us The Moon n’arrive pas à éviter l’écueil de la plupart des jeux vidéoludiques narratifs, à savoir la surcharge de données écrites trouvées de façon éparse dans la colonie et de scènes enregistrées que nous sommes obligés de nous farcir pour suivre l’intrigue principale. Certainement confrontée à leurs limites, l’équipe de Keoken Interactive nous abreuve de séquences holographiques moches, sans aucune animation mais heureusement bien doublées en français intégral. Je parle ici de limites car lorsque l’on voit l’animation souffreteuse de notre personnage principal, on se dit que ce n’est pas plus mal d’éviter de la subir aussi dans ces trop nombreuses scénettes holographiques. Ce contraste entre ces avancées poussives de l’histoire et la beauté de la mise en scène de Deliver Us The Moon est criant et fait regretter une distillation de l’histoire plus en élipse, plus interactive, plus inventive, moins tout venant vidéoludique en somme.

Ces maladresses narratives n’enlèvent rien au charme de Deliver Us The Moon, elles s’atténuent juste de façon regrettable. L’autre écueil vient des limites d’un petit studio financé sur Kickstarter et se retrouve dans le manque de maîtrise technique du jeu. Mal optimisé sur Xbox One X, il devient asthmatique sur Xbox One première génération. Les animations comme décrites plus haut font de la peine et quelques bugs viennent ternir un petit peu l’expérience. Rien de bloquant heureusement, mais assez pour le signaler dans ce test.

Le coin des chasseurs : Deliver Us The Moon n’est pas avare avec ses 32 succès. Il n’est pas difficile de tous les récolter mais certains d’entre eux nécessiteront certainement une deuxième partie, voire l’aide d’une soluce pour découvrir les secrets cachés par les développeurs dans les recoins de notre périple. Une majorité d’entre eux se gagnent néanmoins en suivant le fil de l’histoire, en récoltant les informations et autres dossiers trouvés sur notre chemin. En investissant un peu de temps, ce sont quand même 1000 G faciles à récupérer.

Bilan

On a aimé :
  • Un rythme maîtrisé
  • Un environnement sonore impeccable
  • Un jeu qui bouleverse
On n’a pas aimé :
  • Une histoire menée de façon artificielle
  • Une technique limite
Ground control to major Tom

Tout comme la chanson de Bowie, Deliver Us The Moon nous entraîne dans un formidable voyage sans retour dans l’espace qui ne laisse pas indifférent. Ce périple sur fond écologiste nous questionne, nous émeut, nous entraîne dans une mise en abîme solitaire de l’avenir de l’homme. Deliver Us The Moon nous convie à une aventure dotée d’un rythme soutenu entre moments de tension et de contemplation. Disponible via le Xbox Game Pass, on peut sans retenue inviter les abonnés à le découvrir si ce n’est pas déjà fait et surtout inviter les autres à un achat compulsif qu’ils ne regretteront pas.

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Deliver Us The Moon

PEGI 0

Genre : Aventure/Réflexion

Editeur : ID@Xbox

Développeur : KeokeN Interactive

Date de sortie : 23/04/2020

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One

7 reactions

Blondin

10 aoû 2020 @ 15:32

J’ai commencé, j’ai bien aimé l’univers, l’ambiance, le côté « réaliste », mais ça a fini par me gonfler un peu. J’ai rien contre les jeux lents et contemplatifs, au contraire, mais là j’ai trouvé que ça devenait un peu chiant au bout d’un moment.

Dommage, je suis un gros fan de SF, et les jeux dans l’espace me font toujours qq chose, mais n’est pas Dead Space qui veut. Ca reste un bon jeu indé, et je suis sur que si je n’en avait pas tellement sur le feu je serais allé plus loin dans celui ci, mais bon, ça m’a plu sans réellement m’emballer.

MichFantastic

10 aoû 2020 @ 17:27

j’ai beaucoup aimé le jeu. j’ai joué non stop, le jeu m’a accroché dès les premières minutes. Je vous le conseille et merci le Gamepass :)

Phebus

10 aoû 2020 @ 21:35

Très bon jeu, techniquement moyen, un peu trop répétitif par moment, et l’effet de surprise des mécaniques se consume finalement assez vite. Mais il a un charme et c’est vrai que l’on se retrouve à vouloir coûte que coûte mener à bien LA mission. Les derniers instants sont d’ailleurs assez marquants dans le genre, tout comme les premières minutes avec le lancement de la fusée qui a un vrai côté épique.

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Greenjamantank

11 aoû 2020 @ 00:28

Petite coquille à « Ces maladresses narratives n’enlève rien  » : l’accord au pluriel n’a pas été fait :(

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like an animal

11 aoû 2020 @ 07:07

C’est tout l’intérêt du GamePass, la possibilité de découvrir des jeux que l’on ne lancerait normalement pas. Deliver us the moon est une pépite, imparfaite, mais pépite quand même. Le jeu se parcourt assez vite et l’ambiance est extra, je ne peux que le conseiller à tous les amoureux de SF.

Bob Winner

11 aoû 2020 @ 17:30

oui très sympa, c’est froid, c’est vide, on se sent bien seul face à l’espace, sentiment étrange d’isolation spaciale. l’histoire nous pousse à découvrir ce qu’il c’est passé.

Une jolie découverte, par contre c’est pas Dead space ou Alien isolation hein ! plutôt un genre de 2001 l’odyssée de l’espace.

Jarel

12 aoû 2020 @ 09:08

Greenjamantank > Merci c’est corrigé !

Blondin j’ai moi aussi ressenti un côté chiant entre la mise en orbite et l’arrivée sur la Lune mais il a disparu par la suite. L’arrivée sur la Lune et de notre compagnon drone redonne un souffle au rythme qui était en train de s’étioler.