C’est donc le jour des Game Awards que la FTC, l’autorité de régulation de la concurrence aux États-Unis, aura décidé de rendre son verdict. Et c’est une très mauvaise nouvelle pour Microsoft puisque l’agence souhaite tout simplement bloquer le rachat.
La FTC n’approuve pas le rachat et lance une action en justice contre Microsoft
La FTC lance donc une action en justice pour tenter de bloquer le projet de Microsoft d’acheter Activision Blizzard King pour 68,7 milliards de dollars. Cette décision fait suite à plusieurs mois d’échanges publics et privés entre les différents intéressés, avec Call of Duty au cœur de la bataille.
L’Agence indique que le fabricant de la Xbox obtiendrait le contrôle de franchises de jeux vidéo de premier plan, ce qui lui permettrait de nuire à la concurrence dans le secteur des consoles de jeux à haute performance et des services d’abonnement en refusant ou en dégradant l’accès de ses rivaux à son contenu populaire.
Dans une plainte déposée aujourd’hui, la FTC a mis en évidence les antécédents de Microsoft en matière d’acquisition et d’utilisation de contenus de jeux de valeur pour supprimer la concurrence des consoles concurrentes, notamment son acquisition de ZeniMax, société mère de Bethesda Softworks (un développeur de jeux bien connu). Microsoft a décidé de faire de plusieurs titres de Bethesda, dont Starfield et Redfall, des exclusivités Microsoft, alors qu’elle avait assuré aux autorités antitrust européennes qu’elle n’avait aucune raison de retirer les jeux des consoles concurrentes.
Dans son communiqué, la FTC ne mâche pas ses mots. Holly Vedova, directrice du Bureau de la concurrence de la FTC a déclaré que l’organisme cherchait à « empêcher Microsoft de prendre le contrôle d’un studio de jeux indépendant de premier plan et de l’utiliser pour nuire à la concurrence sur plusieurs marchés de jeux dynamiques et en pleine croissance. »
Microsoft a proposé à Sony un accord de 10 ans pour que Call of Duty continue de sortir sur PlayStation, mais la firme japonaise ne semble pas avoir accepté. Ces derniers jours, Microsoft avait pourtant multiplié les communications pour montrer patte blanche. Brad Smith, président de Microsoft, avait déclaré que Call of Duty serait disponible sur Nintendo, avant d’ajouter « Quand il le souhaite, si Sony veut s’asseoir et parler, nous serons heureux de conclure également un contrat de 10 ans pour PlayStation. » Il avait déclaré dans une tribune au Wall Street Journal qu’une action en justice de la FTC contre l’accord « nuirait à la concurrence, aux consommateurs et à des milliers de développeurs de jeux ».
Ce n’est pas terminé, Microsoft se défendra en justice
Ce refus de la FTC de valider l’accord est un énorme coup dur pour Microsoft. L’autorité a déjà prouvé par le passé qu’elle pouvait largement mettre à mal certaines opérations, et sa présidente de la FTC, Lina Khan, est clairement méfiante vis-à-vis des grandes entreprises technologiques.
La suite de l’affaire se passera donc en justice, où Microsoft tentera de se défendre et montrer que le rachat ne nuira pas à la concurrence dans le jeu vidéo. Selon les propos de Brad Smith, le temps de la paix semble révolu.
"Nous continuons à croire que cet accord va étendre la concurrence et créer plus d’opportunités pour les joueurs et les développeurs de jeux.
Nous nous sommes engagés depuis le premier jour à répondre aux problèmes de concurrence, y compris en offrant plus tôt cette semaine des concessions proposées à la FTC.
Alors que nous croyions qu’il fallait donner une chance à la paix, nous avons une confiance totale dans notre dossier et nous accueillons favorablement l’opportunité de présenter notre cas devant le tribunal.
Comme le souligne Axios, la FTC a choisi de déposer la plainte devant son propre tribunal administratif, et non devant une cour fédérale. L’agence ne cherche donc pas à obtenir une injonction préliminaire pour empêcher la conclusion de l’accord, de sorte que les deux parties ont encore des chances de conclure l’accord. Bien évidemment, Microsoft cherchera par tous les moyens à trouver un accord à l’amiable avant d’aller plus loin en justice.
Comme depuis bientôt un an, comptez sur Xboxygen pour suivre l’affaire et vous tenir informés.
Ce rachat déséquilibrerait la concurrence, selon la FTC
Pour connaitre les premiers détails de la plainte, voici la traduction du communiqué publié par l’autorité de régulation de la concurrence aux États-Unis il y a quelques minutes.
Les Series S et X de la Xbox de Microsoft sont l’un des deux seuls types de consoles de jeu vidéo à haute performance. Il est important de noter que Microsoft propose également un service d’abonnement à des contenus de jeux vidéo de premier plan appelé Xbox Game Pass, ainsi qu’un service de pointe de streaming de jeux vidéo basé sur le cloud, selon la plainte.
Activision est l’un des très rares développeurs de jeux vidéo au monde à créer et à publier des jeux vidéo de haute qualité pour de multiples appareils, notamment les consoles de jeux vidéo, les PC et les appareils mobiles. Elle produit certains des titres de jeux vidéo les plus emblématiques et les plus populaires, dont Call of Duty, World of Warcraft, Diablo et Overwatch, et compte 154 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde, selon la plainte de la FTC. Activision a actuellement pour stratégie de proposer ses jeux sur de nombreux appareils, quel que soit le producteur.
Mais cela pourrait changer si l’accord est autorisé. En contrôlant les franchises à succès d’Activision, Microsoft aurait à la fois les moyens et la motivation pour nuire à la concurrence en manipulant les prix d’Activision, en dégradant la qualité des jeux d’Activision ou l’expérience des joueurs sur les consoles et les services de jeux concurrents, en modifiant les conditions et le calendrier d’accès au contenu d’Activision ou en refusant complètement le contenu aux concurrents, ce qui porterait préjudice aux consommateurs.
Le vote de la Commission en faveur de la plainte a été de 3 contre 1, la commissaire Christine S. Wilson ayant voté contre. Une copie de la plainte administrative sera disponible sous peu.
REMARQUE : La Commission dépose une plainte administrative lorsqu’elle a des « raisons de croire » que la loi a été ou est violée et qu’il lui semble qu’une procédure est dans l’intérêt du public. L’émission de la plainte administrative marque le début d’une procédure dans laquelle les allégations seront jugées lors d’une audience formelle devant un juge administratif.