Profitant de la sortie de Jurassic World, 4è itération de la franchise cinématographique de Steven Spielberg basée sur les romans de Michael Crichton, Traveller’s Tale nous propose un nouveau jeu LEGO exploitant cet univers reptilien et qui couvre toute la saga. De la rencontre entre hommes et ces créatures éteintes, jusqu’à la mise en route du parc, les dinosaures vont s’inviter dans nos consoles de salon. Mais est-ce que ce sera la catastrophe annoncée dans les films ?
En voie d’extinction
LEGO Jurassic World couvre les 4 films de dinosaures à la sauce LEGO. C’est à dire qu’on y retrouvera exactement la même chose que dans les précédents jeux LEGO : pièces à ramasser et objets à collecter dans un jeu qui mélange action/plates-formes en vue précalculée pour les niveaux et monde libre pour les à côtés. Malheureusement, force est de constater que la sauce ne prend pas cette fois-ci. Et cela n’a rien à voir avec le fait qu’encore une fois, les jeux LEGO n’évoluent pas vraiment ou qu’on tombe encore et toujours sur les mêmes soucis de gameplay. Il serait d’ailleurs temps que Traveller’s Tale reprenne sa copie de zéro car il est inadmissible de nos jours de rater des sauts parce que l’angle de vue n’est pas optimal pour apprécier la manoeuvre, ou encore que la conduite des véhicules, même si bien meilleure que dans LEGO Marvel Super Heroes, reste lourdingue et incohérente.
Je passe aussi sur les quelques bugs, les petits ralentissements, la technique minimaliste pour de la One et autres replay value toujours trop artificielle. Offrir un jeu entièrement en monde ouvert avec une caméra libre en toute circonstance aurait été on ne peut plus libérateur pour le joueur et probablement un vrai avantage pour le jeu. Mais non, comme teasé plus tôt, ce ne sont pas LES gros soucis de ce titre.
- Les phases de course poursuite sont quasiment injouables à cause d’une caméra horriblement mal placée
Le gros point faible de cet opus est que la franchise Jurassic Park n’est vraiment pas adaptée au style de jeu LEGO tel qu’on le connaît. Comme le jeu est découpé en 4 parties de 5 missions chacune (1 partie par film), il est plus simple de décrire les choses. Jurassic Park est peut-être fidèle à sa version film, mais on s’ennuie comme un rat mort ; 4 adversaires en tout et pour tout sur les 2 heures et quelques de cette partie (comptez une douzaine d’heures pour boucle l’histoire des 4 films). Un beau gâchis, surtout quand on voit quelques passages qui, sans ennemis à combattre, arrivent à peu près à retransmettre l’ambiance du film (la scène de la cuisine). Le Monde Perdu, est un peu plus agité avec l’apparition d’ennemis, mais ne vole pas haut non plus dans le ludique. Tout comme Jurassic Park III, d’ailleurs. Reste alors un Jurassic World, tout récent qui tente d’apporter un intérêt ludique à la LEGO, mais il est bien trop tard pour arriver à redresser la barre tant le jouer s’ennuie dans les niveaux et cherchera la folie et l’inventivité LEGO qui manque à cet opus. Je cherche même encore l’utilité de la jauge de vie, tellement elle n’est que trop peu mise à contribution. Et même lorsque l’histoire est terminée et qu’il y a la possibilité de jouer en mode libre et visiter à l’envie les lieux, le joueur ne trouvera pas vraiment de motivation pour continuer avec passion si ce n’est boucler des succès pour montrer son gros gamerscore.
LEGOsaurus Rex 0 - Météorite 1
Pourtant, encore une fois, les développeurs ont essayé de créer un univers cohérent et de proposer une patte Jurassic Park aux bonshommes déboîtables. Ainsi, on peut incarner des dinosaures allant du simple galliminus jusqu’à l’impressionnant brachiosaure, en passant par les classiques vélociraptors, tricératops, et autres T-Rex. Mais leur utilité est bien peu marquée en dehors de quelques mécanismes. Le reste, ce seront les personnages humains qui seront au coeur du gameplay. Et c’est là où le mauvais goût commence…
Je dois peut-être avoir l’esprit mal placé, je ne suis pas du genre prude non plus, puisque je kiffe autant les trucs dégueux et conspués que n’importe quel joueur qui se respecte. Mais ce jeu destiné aux enfants m’a choqué pour eux car il est une ode au fétichisme et aux stéréotypes mal placés. Entre les personnages masculins qui se baladeront très souvent avec une saucisse, un sourire fier et/ou béat sur leur visage en guise de running gag, et les personnages féminins qui ne sont bons qu’à faire de la gym ou pour hurler de terreur (cela en est devenu même une capacité du jeu pour biser des vitres), on ne peut pas coller ça sur une simple impression lorsqu’il s’agît d’un jeu adressé aux enfants et que ces éléments reviennent plus que de raison. Et ils ne se sont pas arrêtés là. Rappelez-vous dans le premier film, la scène avec le tricératops malade. Ellie met sa main dans ses excréments pour regarder ce qui ne va pas avec l’animal. OK.
- Les hommes des cavernes n’avaient pas de piscines ou de points d’eau pour nager et se rabattaient sur les crottes. Aujourd’hui encore, la tradition continue.
Dans le jeu, ça en est devenu un mécanisme un peu dégueulasse qui va revenir très, mais alors très souvent, puisque les personnages ayant ce type de capacité (en premiers, des femmes et des gosses...) vont carrément plonger entièrement dans le gros tas de merde LEGO fumant (que les autres personnages fuiront en se pinçant le nez, au passage). Rappelons que ce jeu est censé s’adresser aux enfants, et même si c’est tourné un peu à la dérision avec “l’humour LEGO”, la scatophilie, la misogynie et montrer des substituts de sexes, c’est plus que limite pour le public visé.
De plus, on voit que les développeurs ont vraiment raclé les fonds de tiroir pour les personnages, tellement certains sont inutiles. On a par exemple le spectateur de Jurassic World qui n’a aucune capacité (il y en a d’autres dans le même cas). On a également trop de versions de certains protagonistes sans aucune différence en dehors de la skin. Si dans un LEGO Batman ou un LEGO Marvel, on peut admettre quelques doublons propres aux personnages inspirés, dans Jurassic World, les développeurs auraient pu et dû laisser libre cours à leur imagination pour proposer plus de mécanismes de types différents - même si c’est au sacrifice d’un nombre de personnages - plutôt que d’en avoir une douzaine et de les répartir un peu au pif sur un nombre de personnages équivalent aux jeux LEGO à base de super héros...