Quand on a vécu la douce époque des 16 bits (des machines surprenantes : pas connectées, pas de disque dur, pas de DLC, pas de patchs, pas de temps de chargement…), Flashback est un titre qui résonne agréablement à l’oreille. Une aventure proposant quelque chose d’assez nouveau pour un jeu d’action : un scénario. Qui plus est une histoire plutôt sympa. Profitant de la vague des actualisations de vieux jeux, le revoilà en version moderne, sous la Direction de Paul Cuisset, créateur du titre original. L’occasion de se poser une question fondamentale : la remasterisation des vieux jeux est-elle toujours bénéfique ? Bon, posons-nous une deuxième question : ne vaut-il parfois pas mieux garder un beau souvenir plutôt que risquer de l’écorner ?
Total Recall
Le remake s’ouvre sur une cinématique du plus mauvais effet, accompagnée d’une musique se voulant rétro, mais étant surtout ringarde et cheap. Conrad, notre avatar, s’écrase sur Titan après une course-poursuite. Il ne se souvient de rien, mais un message enregistré par lui-même lui donne la marche à suivre, et il prendra petit à petit la mesure de son rôle : sauver le genre humain.
Le vieux joueur se trouve en terrain familier, puisque la structure des niveaux est la même que dans l’original, tout est juste nettement plus joli qu’à l’époque (heureusement !). Les choses s’annoncent plutôt bien. On découvre alors ce que la modernisation du jeu a apporté, et c’est là que les choses se gâtent.
Les intentions, bien que louables, échouent presque toutes dans les faits. L’apparition de gain de niveaux avec points à répartir ne change pas grand-chose, et l’ajout d’un plan rappelant l’objectif à suivre aide à s’y retrouver. Pour le reste… Le gameplay a légèrement été revu pour que Flashback, à l’origine avant tout un jeu d’exploration agrémenté de phases d’action plutôt statiques, devienne plus orienté action-mouvementée-avec-gunfights. Revu, oui, mais en partie seulement, pour un résultat bancal. Ainsi on peut maintenant tirer dans toutes les directions (mais le système de tir, confus, montre vite ses limites), et le personnage est plus rapide dans ses déplacements et sauts (mais les sauts sont imprécis et les déplacements verticaux restent très lents…). Autant être clair, ça ne fonctionne pas et les scènes de combats sont pénibles à jouer. Les niveaux bonus alignant les affrontements illustrent d’ailleurs très bien le fait que le gameplay n’est pas adapté à un jeu d’action. Heureusement on a la possibilité de jouer en « facile », ce qui simplifie les bastons, c’est déjà ça…
Je suis également resté perplexe face aux ajouts de scénario. Certes, le jeu original est doté d’une narration totalement basique (“va là, fais ça”) avec l’histoire progressant de façon très linéaire. Mais l’ajout de personnages secondaires inutiles ne fait qu’alourdir l’ensemble, en particulier une love story qui n’a rien à faire là.
Ce remake dégage un certain charme dans le premier environnement sur Titan, mais quand on débarque en ville les défauts du jeu prennent le pas sur tout le reste…Et encore, je n’ai pas mentionné (bon, dans quelques mots ça sera fait !) la musique, n’arrivant à aucun moment à retrouver l’ambiance originale, et faisant surtout penser à une partition écrite en quelques minutes sur un coin de table.
Le jeu original est inclu
Pourtant, quand on lance le jeu original, fourni avec son remake, on retombe très vite dans l’ambiance unique du titre. Les synthés font penser aux films de Carpenter, et les teintes choisies (sans doute à cause des maigres possibilités des consoles 16 bits) donnent un aspect froid et clinique à ce monde, pour un ensemble très cohérent. Le jeu a pris un sacré coup de vieux, est rigide, limité, mais le charme opère toujours, au moins sur les vieux joueurs ayant connu cette époque. Sans doute parce que le titre a une vraie personnalité, ce que son remake a perdu en route.