Test - Circus Electrique - La nouvelle valeur étalon du RPG Stratégique

«Le plus grand Cirque de Londres !» , - 0 réaction(s)

Principalement connus pour leur série de jeux de flipper, les hongrois de Zen Studios nous avaient agréablement surpris en 2018 avec l’excellent Operencia : The Stolen Sun. Prouesse indépendante parvenant avec brio à lier nostalgie et nouveauté dans un genre tout sauf accessible, ils n’étaient cependant pas parvenus à transformer l’essai et n’ont alors récolté qu’un bref succès d’estime.

Ils reviennent aujourd’hui avec leur nouvelle production : Circus Electrique. Annoncé en décembre 2021, ce dernier nous avait immédiatement fait de l’œil tant dans les premières images que dans les trailers fleurant bon un certain Darkest Dungeon.

Le voilà désormais disponible sur toutes les plateformes. Alors sortez les « goggles », huilez les rouages et dressez le chapiteau ; car l’aventure que nous allons vous narrer va vous plonger dans un univers fantasque et diablement addictif…

​​Mysterium Park

Notre histoire prend place en 1899, dans un Londres steampunk du plus bel effet. Amelia, journaliste à La Voix, est envoyée couvrir la réouverture du plus grand cirque du monde : Le Circus Electrique. Mais notre chère héroïne n’accepte ce travail que de mauvaise grâce, car Ringmaster, le Monsieur Loyal, n’est autre que son oncle avec lequel elle partage un passé… compliqué.

À peine arrivée, elle découvre une nouvelle invention dévoilée à un public conquis : le Pilier du Pouvoir. Véritable bobine Tesla démesurée, cette tour est capable de générer une énergie électrique pratiquement infinie.

Malheureusement, dès son activation, les « bobbies » deviennent fous et tentent de s’en prendre à n’importe qui. Pour défendre la population, qui de mieux qu’une bande d’artistes de foire ? C’est là que notre histoire commence…

Circus Electrique est à l’image de ce que Zen Studios nous a déjà livré pour Operencia : une aventure originale, novatrice et inspirante où fourmillent les idées et les découvertes. Très clairement, les scénaristes ont encore une fois mis la barre très haut. L’intégralité des péripéties est prenante, se laisse suivre et nous happe sans jamais relâcher la pression. C’est une réussite comme on aimerait en voir plus souvent, surtout dans ce genre si singulier et malheureusement délaissé qu’est le steampunk. L’aventure est de plus intégralement sous-titrée en français et les doublages anglais sont d’excellente qualité.

Notre exploration est découpée en quartiers se terminant tous par un combat de boss apportant son lot de cinématiques en comics du plus bel effet. En plus de cela, le lore est continuellement enrichi par de (très) nombreux articles de journaux, interviews ou rencontres. Bien qu’optionnels, ces ajouts sont d’une grande valeur pour quiconque s’invite dans cet univers incroyablement riche et profond.

L’ensemble de l’aventure nous est narrée comme une véritable enquête, avec son lot de rebondissements surprenants et de découvertes inattendues. Jamais Zen Studios ne semble se reposer sur son concept, préférant continuellement innover pour pimenter notre exploration.

Circus Dungeon

Si les premiers visuels nous avaient grandement laissé à penser que Circus Electrique ne serait rien d’autre qu’un clone de Darkest Dungeon, la réalité est bien plus subtile. En effet, nous ne sommes pas ici face à un rogue-like traditionnel. Les différents niveaux sont prédéterminés, bien que des routes annexes puissent être explorées.

De même, le jeu suit une progression bien plus linéaire. Chaque quartier, une fois bouclé, ne peut être de nouveau parcouru qu’en utilisant certains objets spéciaux et relativement rares. Faisant la part belle à son scénario, Circus Electrique ne nous laisse finalement que peu de liberté d’exploration.

Attention cependant, ce n’est clairement pas un défaut que nous mettons en exergue, mais plus une différence de conception entre deux titres très similaires.

Pour le reste, on retrouve en effet beaucoup d’éléments qui ne sont pas sans rappeler le titre de Red Hook. Ainsi, nous devons gérer notre cirque en plus de notre groupe de héros. Le train nous permet de recruter de nouveaux artistes, l’infirmerie de les soigner, l’atelier de crafter des objets utiles, etc.

Mais bien entendu, c’est au niveau des combats que la ressemblance est la plus flagrante. Tout comme son illustre modèle, Circus Electrique nous propose des affrontements où quatre de nos personnages vont affronter divers antagonistes. Chacun d’entre eux dispose de capacités qui ne peuvent être activées qu’en fonction de leur position. Il est donc important dès le départ de choisir avec attention ses artistes tout autant que de les placer au bon endroit pour optimiser nos chances de victoire. Et bien entendu, certaines compétences ou actions ennemies peuvent déplacer nos protagonistes.

Mais le titre de Zen Studios ne se contente pas de singer son aîné, non. Il le sublime avec quelques idées fort rafraîchissantes.

The Dolls of New Albion

Si l’on peut bien émettre un reproche légitime à Darkest Dungeon, c’est incontestablement son manque de diversité dans le choix des combattants. Circus Electrique l’a bien compris et nous permet de recruter pas moins de quinze classes différentes, toutes en lien avec le monde du cirque.

Ainsi nous retrouvons des hommes forts, des acrobates, des cracheurs de feu, des femmes-canon, des lanceuses de couteau ou encore des fakirs et des ventriloques.

Et le choix est cornélien, car chaque artiste est unique. Avant de les recruter, nous devons bien considérer leurs attributs tant ils peuvent être différents. Un clown peut ainsi faire la part belle aux soins, tandis qu’un autre sera plus axé sur les buffs, en plus d’avoir des caractéristiques et des compétences différentes.

Libre à nous d’établir les équipes les plus synergiques possibles, dans le seul but de venir à bout des multiples ennemis qui nous attendent dans notre quête pour sauver Londres. Et à mesure que nous faisons grandir notre cirque, le nombre de couchettes s’accroît… de même que celui de nos recrues. Chaque décision devient rapidement cornélienne, tant ces places sont à la fois nombreuses et paradoxalement limitées.

En effet, nos artistes ont certes des atouts fort utiles dans notre progression… mais également des besoins à combler. Il faut, entre autres, les payer et les nourrir. La décision de renvoyer purement et simplement l’un d’entre eux devient parfois indispensable, quand bien même ce dernier est précieux.

Quid du stress, mécanique indissociable de Darkest Dungeon ? Ici elle est remplacée par une jauge de dévotion. Cette dernière fluctue en fonction de divers éléments et représente l’implication de nos recrues. Plus elle est élevée, plus les dégâts de notre artiste sont importants. Plus elle est basse, plus ces derniers ont de chances de déprimer, voire de quitter purement et simplement notre cirque.

Mais prendre soin de nos employés n’est guère chose aisée. Leur dévotion est particulièrement ardue à faire augmenter, d’autant que nous devons obligatoirement les intégrer dans notre équipe pour cela. Ainsi est-on contraint de changer très régulièrement nos personnages actifs pour éviter toute hémorragie de personnel.

Circus Tycoon

Pourquoi vouloir à tout prix conserver son staff ? Eh bien, les raisons sont multiples. La première est intrinsèquement liée au genre, puisque le jeu impose la mort permanente de nos héros. Ainsi, si l’un d’entre eux finit par avoir sa jauge de dévotion ou de santé qui atteint zéro, il quitte notre cirque sans sommation. Prendre soin de ses ouailles est donc indispensable, d’autant que les faire monter en niveau est particulièrement lent et ardu.

L’autre point essentiel concerne justement notre cirque. Là où Darkest Dungeon nous proposait « seulement » de faire évoluer nos bâtiments, Circus Electrique va beaucoup plus loin et c’est un vrai petit jeu de gestion qui est mis à notre disposition. Ce n’est pas parce que des robots tueurs et des hommes possédés tentent de mettre Londres à sac que les affaires doivent s’arrêter, après tout.

Chaque jour, nous avons donc le loisir de monter un petit spectacle. Ce dernier nous demande d’assigner les différents rôles de nos artistes (numéro phare, d’appel, etc.) tout en optimisant les « relations » de nos employés. Ainsi, chaque héros dispose d’affinités avec d’autres classes. Et si notre Montreur d’Ours ne supporte pas les Clowns, inutile de songer à les mettre côte à côte, au risque que tout le spectacle soit raté.

D’autres options viennent parfaire notre gestion de ces numéros. La dévotion, dont nous parlions tantôt, est également de la partie puisqu’elle permet à nos artistes de briller davantage une fois leur tour venu.

Enfin, la synergie de groupe va générer un certain nombre de points. Ces derniers nous permettent d’augmenter la qualité du spectacle (et donc notre renommée), le nombre de spectateurs (les revenus générés) ou encore l’expérience gagnée par nos artistes.

Circus Electrique nous offre bien plus qu’un simple clone de Darkest Dungeon steampunk. C’est une expérience unique et enchanteresse, à la narration réussie et fourmillante de bonnes idées de gameplay.

Testé sur Xbox One X.

Bilan

On a aimé :
  • Un univers steampunk réussi
  • Enchanteur et onirique
  • De nombreuses propositions de gameplay
  • Une direction artistique soignée et prenante
  • Un habile mélange entre rogue-like et gestion
On n’a pas aimé :
  • Trop court, comme tous les excellents jeux.
Encore une grande réussite pour Zen Studios

Circus Electrique est un titre d’envergure qui mérite d’être connu et de dépasser simplement la case des « jeux de niche ». Bien supérieur à ce que pouvait proposer Darkest Dungeon en son temps, il parvient également avec une déconcertante facilité à sublimer sa partie gestion. Peut-être y aurait-il quelques points améliorables, mais émettre la moindre critique serait vain tant la qualité et la passion transpirent de chacun de ses pixels.

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Circus Electrique

Genre : RPG

Editeur : Saber Interactive

Développeur : Zen Studios

Date de sortie : 06/09/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch