Test - Nier Replicant ver.1.22474487139… - L’envoutante mélopée d’un jeu d’exception

«Une réplique qui fait mouche» , - 1 réaction(s)

Pour un testeur, il est toujours difficile d’écrire le test d’un remake, car globalement cela le mènerait à écrire un remake d’un test. Le rédacteur a l’impression de rédiger deux fois la même chose, avec des ajouts mineurs comme souligner que le jeu a bien vieilli ou pas du tout, que techniquement les développeurs n’ont fait que poser un filtre “achedé”, pester sur le fait de devoir repayer un vieux jeu plein pot. Bref, écrire un test qui est tout sauf motivant et que la plupart du temps on ressort à l’identique avec juste un petit encart riquiqui de mise à jour. Sauf que pour Nier Replicant ver.1.22474487139…, remake de Nier, ce n’est pas pareil, l’auteur de ces quelques lignes est un amoureux transi du jeu sorti en 2010 sur Xbox 360, il écoute l’OST régulièrement sur son lecteur CD et verse encore quelques larmes en pensant au destin de Yonah. Pour résumer, le test qui va suivre va essayer de démontrer par A+B que Nier n’est pas seulement un jeu vidéo mais une véritable œuvre d’art.

Nier, c’est quoi ?

Nier Gelstat version 360 avec son excellente OST

Nier est un jeu atypique à plus d’un titre, à commencer par sa distribution. Afin de coller aux marchés japonais et occidental, deux versions de Nier furent développées, Nier Replicant au Japon et Nier Gestalt en Europe. Ces deux versions sont en tout point identiques, mis à part l’identité du personnage principal : un jeune adolescent dans la version japonaise et un homme d’âge mûr dans la version occidentale. Ces changements entraînent quelques variantes au niveau cosmétique bien sûr mais aussi au niveau des dialogues et de l’époque où se déroule l’intrigue, afin de coller à l’âge du protagoniste principal. Des éléments mineurs mais dans le fond loin d’être anecdotiques.

Les décors sont sobres mais souvent sublimes

Nier commence par un prologue déconcertant se déroulant durant l’été 2053 (2049 pour la version Gestalt). Dans une ville en ruine balayée par une tempête de neige, notre héros tente désespérément de repousser une attaque d’ombres et protéger sa jeune sœur Yonah (sa fille pour l’édition Gestalt). Dépassé par le nombre des créatures, il lie un pacte avec un étrange livre doté d’immenses pouvoirs. Le prologue s’arrête là et l’histoire se poursuit 1412 années plus tard (1312 pour la version Gestalt) dans un village dénué de toute technologie, où l’on retrouve le personnage principal au chevet de Yonah, atteinte d’une maladie incurable nommée la nécrose runique. Son destin et l’espoir de guérir Yonah va renaître lorsqu’il trouve un grimoire magique nommé Weiss, le Livre Blanc des légendes, seul capable de détruire le Livre Noir et faire disparaitre la nécrose runique.

Notre première rencontre avec Weiss

Nier est un jeu hors-norme, une sorte de brassage improbable entre un action-RPG et un manic shooter. Il est tellement généreux qu’il arrive en plus à glisser quelques éléments de puzzle. Vous savez ces jeux de tirs où l’écran est régulièrement envahi par une nuée de boules mortelles et dont seuls des extraterrestres déguisés en joueurs de jeu vidéo arrivent à passer au deuxième niveau ? Et bien dans Nier c’est pareil en beaucoup moins punitif quand même, le jeu mélange beat them up et shoot them up pour proposer des combats dynamiques et originaux. Les affrontements contre les boss utilisent pleinement le potentiel offert par ce mélange.

Un remake pour rehausser une direction artistique magnifique

Elle est impressionnante, non ?

Nier propose une vision méta du jeu vidéo, un peu à l’instar de Hideo Kojima. Le réalisateur, Taro Yoko, casse les codes, prend à revers le joueur et propose un second degré sur les mécaniques du jeu vidéo. Il intègre aussi pas mal de références à d’autres jeux dont certaines à peine dissimulées à Zelda. Il arrive à maintenir un équilibre dans sa narration créant une atmosphère et une ambiance uniques, captivantes, enivrantes. Les décors de Nier sont épurés, vides, une sobriété qui lui avait été reprochée à sa sortie car il s’éloignait de fait des canons techniques de l’époque. Cette austérité n’est pas neutre, elle participe pleinement à l’atmosphère mélancolique de Nier. Les paysages désespérément vides offrent des panoramas magnifiques, tout en contraste, qui ne sont pas sans rappeler ceux des jeux de Fumito Ueda, tels que Ico et Shadow of the Colossus. Même si les décors demeurent toujours aussi épurés, ce remake offre un véritable travail au niveau des textures et des modèles des principaux protagonistes du jeu. Nier Replicant ver.1.22474487139… n’a plus à rougir de sa technique dépassée et s’offre à un nouveau regard loin des attentes de la sortie du jeu original. Le tout est magnifié par une OST tout simplement grandiose, qui s’impose encore aujourd’hui comme l’une des plus belles jamais composées pour un jeu vidéo. Keiichi Okabe, le compositeur, signe un score d’une beauté absolue tant au niveau des grandes envolées lyriques que des thèmes plus doux et autres mélopées glaçantes. Nier offre une osmose artistique sidérante entre sa technique minimaliste, sa bande-son et sa narration.

Nier Replicant alterne les perspectives selon les besoins du gameplay

Même si je ne peux m’empêcher d’être dithyrambique sur l’esthétique de Nier, je ne vais pas l’être autant sur les quêtes annexes du jeu. Trop ancrées dans leur époque, elles représentent un condensé de quêtes FedEx qui forcent le joueur à faire des allers-retours ad nauseam entre les différentes zones du jeu pour récupérer des matériaux, apporter des lettres, des colis, etc. Le jeu étire sa durée de vie non seulement dans ses à-côtés avec un jeu de pêche et un système de culture totalement anecdotiques, mais nécessaires, avec une bonne dose de farm pour augmenter la puissance de nos épées. Il nécessite aussi de le terminer plusieurs fois afin de découvrir les différentes fins du jeu, dont une nouvelle dans cette édition, et d’obtenir tous les éléments nécessaires à la compréhension de l’intrigue. Il ne s’agit pas d’éléments facultatifs. Heureusement, il n’est pas nécessaire de reprendre le jeu depuis le début, débloquer ces nouvelles fins ne demande qu’à reprendre la partie à un certain moment pour une dizaine d’heures de plus.

L’absence du père

Cela donne envie de pêcher...

Nier Replicant ver.1.22474487139… est comme son nom l’indique le remake de la version japonaise de Nier. J’avoue qu’en ayant découvert le jeu dans sa version Gestalt, la transformation du personnage principal d’adulte bourru et baraqué à jeune éphèbe en mini short est difficile à digérer. Ce changement est loin d’être un pur artifice cosmétique lié à un marketing géographique. Ce n’est pas seulement le look du personnage principal qui est modifié, mais aussi la relation entre les personnages et l’implication du joueur. D’une relation filiale père/fille, on passe à une relation fraternelle frère/sœur qui n’a pas le même impact émotionnel. La relation de fratrie est différente, n’a pas la même connotation qu’une relation filiale. Le protagoniste principal paye aussi son manque de maturité par rapport à la version Gestalt dans cette relation avec sa sœur, mais aussi avec le grimoire Weiss.

Elle est Popola

Weiss fait dans la version Replicant office de prescripteur, de mentor, de père par procuration au jeune homme, plutôt que comme compagnon, qui vient s’immiscer dans un duo père/fille. Alors ceci est sûrement dû au fait que je suis père et que j’ai joué à la version Gestalt en tant que jeune père. Cette relation filiale avait trouvé en moi un écho singulier. Avec le recul je trouve toujours que la relation frère/soeur n’a pas la même portée et celle avec Weiss a un écho différent même si les lignes de dialogues (entièrement doublées pour ce remake, en japonais ou en anglais selon les préférences) restent à peu de choses près identiques.

Nier Replicant ver.1.22474487139… a été testé dans sa version Xbox One X. Il comporte 47 succès qui nécessitent de voir toutes les fins, et un peu de doigté pour battre les boss le plus rapidement possible.

Bilan

On a aimé :
  • Un superbe remake pour un jeu mémorable
  • Une OST exceptionnelle
  • Une véritable œuvre d’art ludique
On n’a pas aimé :
  • Les quêtes FedEx lourdes au possible
  • L’absence de la version Gestalt
Un jeu sublime sublimé

Nier Replicant ver.1.22474487139… est une œuvre d’art ludique, un voyage fascinant au rythme d’une des plus belles OST jamais réalisées pour un jeu vidéo. C’est l’occasion rêvée pour tous les joueurs qui sont passés à côté de cette expérience en 2010 de la découvrir magnifiée par un remake sobre mais respectueux du matériau d’origine. Nier Replicant ver.1.22474487139… est un jeu qui a une véritable âme, une identité singulière à l’instar de son petit frère Nier Automata. On ne peut que vous conseiller de vous embarquer dans cet univers, vous laisser envoûter par ses superbes musiques et avec un peu de chance, si le jeu arrive à se vendre, Taro Yoko laissait entendre qu’il ne serait pas impossible de voir arriver la version Gestalt en guise de DLC bonus, mais n’attendez pas ce futur hypothétique, foncez les yeux fermés dès aujourd’hui !

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Nier Replicant ver.1.22474487139…

PEGI 18 Langage grossier Violence

Genre : Action RPG

Éditeur : Square Enix

Développeur : Toylogic Inc.

Date de sortie : 22 Avril 2021

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 4

1 reactions

khawoosh

11 mai 2021 @ 10:33

merci pour ce test qui donne envie !