Devenus incontournables, d’où viennent les jeux de voiture en open-world - Partie 1

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Qui n’a jamais rêvé de rouler dans des voitures de rêve là où bon lui semble, sans limites de temps, de tours ou d’espace. S’il y a bien des jeux qui ont permis de dépasser toutes ces contraintes, ce sont les jeux de voiture en open-world. Oscillant aux frontières de la liberté, de la passion, mais aussi de l’illégalité, cette catégorie a toujours porté des valeurs bien distinctes de celles des jeux de course classiques sur piste. Influencées par les modes et les tendances de leurs époques, ces licences majeures dans l’histoire du jeu vidéo ont séduit des millions de joueurs pour des raisons que nous allons décortiquer dans ce dossier.

Retraçons ensemble la genèse du jeu de voiture en monde ouvert, son histoire, ses caractéristiques, mais également ce qu’il en est en 2021. Un peu plus de 60 licences ont exploité ce genre avec plus ou moins de brio. Nous nous arrêterons seulement sur les plus marquantes, sans omettre quelques perles méconnues. Avec la sortie de Forza Horizon 5 et celle prévue de Test Drive Unlimited Solar Crown, on peut être certain que ce genre a encore de longues années devant lui et d’innombrables idées et innovations à apporter.

Les premiers jeux de voiture en open-world

Les jeux de course sont apparus dès les années 1970 dans le monde du jeu vidéo, bien que très sommaires à l’époque.

Leur principe restait simple et suffisamment divertissant au regard des moyens techniques disponibles.

Le premier jeu de voiture en monde ouvert s’appelle Turbo Esprit et sort en 1986. Il permet au joueur de piloter la mythique Lotus Esprit, immortalisée par James Bond dans L’espion qui m’aimait, en éliminant des cibles adverses dans un environnement urbain ouvert. Par la suite, Vette en 1989 et Test Drive III : The Passion en 1990 (le nom de ce dernier vous rappelle sûrement quelque chose) proposent également une circulation dans un paysage libre.

Après des années de développement suite à la démocratisation de la 3D, les premiers jeux de course “AAA” sortent à la fin des années 1990. Codemasters, une entreprise britannique, règne alors en maître dans ce domaine avec les sorties de TOCA Touring Car Championship en 1997 et Colin McRae Rally l’année suivante. Ces licences proposent un gameplay et une direction artistique très poussés pour l’époque, en phase avec l’arrivée de consoles offrant une alternative crédible au PC et de nouvelles possibilités pour les développeurs.

Les pères fondateurs

Dans cet élan, des piliers de la conduite en monde ouvert font leur apparition. Carmaggedon (1997), Auto Destruct (1998), Midtown Madness (1999) ou encore le fameux Crazy Taxi (1999) débarquent et mettent un coup de pied dans la fourmilière. Cependant, deux jeux vont particulièrement sortir du lot et marquer les esprits : Grand Theft Auto en 1997 et Driver en 1999.

Sorti en octobre 1997 et produit par DMA Design et Tarantula Studios, GTA est disponible à son lancement sur Microsoft DOS et Windows, Sony PlayStation et Nintendo Game Boy Color. Il permet au joueur d’incarner en vue 2D de dessus un gangster libre de faire ce qu’il veut dans les villes de Liberty City, Vice City et San Andreas, reproduites dans des échelles moindres que ce que l’on a pu connaître par la suite.

Cette expérience unique séduit de nombreux joueurs et marque les débuts d’un nouveau genre à part entière, le fameux GTA-like.Les missions, axées sur le vol, le trafic de drogue ou encore les meurtres, sont à l’origine d’une énorme polémique, mais quoi qu’on en dise, la prépondérance des voitures dans GTA et leur importance dans le gameplay permettent de considérer cette licence comme un véritable jeu de voiture en monde ouvert.

Driver arrive quant à lui en 1999 et devient le premier AAA de ce type à sortir sur le marché. Développé par les Britanniques de Reflections, Driver nous met dans la peau de Tanner, un policier américain infiltré dans la mafia au cœur des années 1980. Les voitures sont au centre de ce jeu basé sur des courses poursuites et une conduite libre dans 4 métropoles américaines : New-York, San Francisco, Miami et Los Angeles.

Outre un mode histoire bien ficelé, le titre offre donc la possibilité au joueur de se balader dans de vastes villes comme bon lui semble, notamment via son mode “Faire un tour”. La police est omniprésente et traque le pilote à chaque infraction commise en flagrant délit, un aspect majeur du gameplay qui a fait son succès. Le jeu était très bien réalisé pour son époque, en 3D qui plus est contrairement à Grand Theft Auto, dont la 3D ne sera instaurée qu’à partir de son 3ᵉ opus.

Comme une envie de liberté

Au-delà de l’automobile, l’élément majeur de ce nouveau style est le monde ouvert en lui-même. Ce que le joueur désire, c’est de pouvoir se balader librement dans un monde virtuel et s’affranchir des barrières imposées par le réel. Même s’il s’est démocratisé en 30 ans, le monde ouvert reste une catégorie mère, unique et toujours plébiscitée par les joueurs, la catégorie ultime qui permet d’exploiter au maximum les capacités du jeu vidéo.

Cette notion de liberté induit également celle d’illégalité, qui devient rapidement la norme et une des sources du succès des jeux de voiture en monde ouvert, comme nous le montrent Grand Theft Auto et Driver.

Les années 2000 et la révolution Test Drive Unlimited

Arrivent les années 2000 et, avec elles, le succès grandissant que connaissent les consoles du marché (Xbox et PS2 notamment). Les développeurs peuvent proposer des jeux de plus en plus aboutis, profonds et innovants. C’est pour cela que le début des années 2000 voit apparaître certains des jeux les plus influents de l’histoire, encore actuellement, et ce dans tous les styles.

Les jeux de voiture en monde ouvert vont rapidement intégrer les codes en vogue : les courses illégales, le monde de la rue et de la nuit avec l’émergence de la culture underground que ce soit dans la musique avec le rap ou dans le cinéma avec la sortie du premier Fast & Furious en 2001. Déclinés de différentes manières, ces codes vont devenir récurrents dans les jeux de cette catégorie et vont évoluer avec le temps.

Après le duel acharné que vont se livrer les suites de Driver et Grand Theft Auto au début de la décennie, d’autres licences vont prendre le relais et marquer une nouvelle étape pour ce genre.

Driver 2, une licence fondatrice en guerre avec GTA

Nous vous parlions du classique Driver arrivé en 1999 et posant de solides bases pour l’émergence d’un style à part entière, sa suite Driver 2 enfonce le clou en juin 2000. Toujours développé par Reflections, ce deuxième opus permet au joueur d’alterner entre phases en voiture et phases à pied, faisant de ce jeu un véritable GTA-like en 3D, avant même la sortie de GTA III. C’est en ce sens que la série a une place unique dans cette catégorie. Driver 2 emmène cette fois-ci le joueur rouler dans les villes de Chicago, La Havane, Rio de Janeiro et Las Vegas avec un gameplay relativement similaire à celui du premier épisode.

En 2004, Driv3r propose de meilleurs graphismes, une meilleure physique et introduit des armes et des bateaux. La formule est clairement en concurrence frontale avec GTA et les deux franchises vont se livrer un duel acharné sur le marché, mais aussi dans les jeux en eux-mêmes via des easter-eggs bien piquants. Là où les Driver se sont construits principalement sur la conduite, les Grand Theft Auto en vue 3D ont su tirer leur force dans l’exploitation des mondes ouverts dans leur ensemble et d’une trame scénaristique très qualitative. C’est sûrement ce qui explique le succès des jeux de Rockstar North au fil des années et le déclin de la série Driver qui tentera de revenir tant bien que mal quelques années plus tard.

Coup du chapeau pour Rockstar North avec une trilogie légendaire

Rockstar North a marqué au fer rouge le début des années 2000 avec les sorties de Grand Theft Auto III en 2001, Grand Theft Auto : Vice City en 2002 puis Grand Theft Auto : San Andreas en 2004. Cette trilogie qui ressort en version remastérisée prochainement est une référence du free-roam. Le studio écossais a su proposer des univers de plus en plus profonds à explorer et l’évolution est claire entre les prémices de la 3D dans Liberty City et l’aboutissement que représente San Andreas avec ses trois métropoles, ses paysages naturels et son environnement vivant.

Rockstar North n’a beau jamais avoir obtenu de licences officielles pour ses véhicules, ils n’ont en tout cas jamais manqué d’inspiration et d’imagination pour créer et intégrer des voitures réalistes à leurs mondes ouverts. Certains modèles comme la Cheetah (Ferrari 512 Testarossa) ou la Banshee (Dodge Viper) ont marqué les esprits. Le studio a su créer des marques et des modèles directement inspirés de la vraie vie et cette cohérence dans le “lore” de GTA a été conservée jusqu’à maintenant, dans GTA V.

Au-delà des Grand Theft Auto, Rockstar Games va démontrer sa maîtrise des jeux de voiture en monde ouvert avec la série des Midnight Club qui débarque en 2000, mais qui connaît son premier grand succès en 2003 avec Midnight Club II. Cette licence est clairement plus tournée vers le sport automobile en comparaison des GTA, axés sur des activités illégales et une violence omniprésente. Le jeu met un fort accent sur le tuning et les courses de rue tout en permettant aux joueurs de piloter des voitures et des motos dans les villes de Los Angeles, Paris et Tokyo.

Midnight Club II ne possède pas non plus de licences officielles, du moins pas avant le troisième opus qui sort en 2005. Les développeurs se sont donc démenés pour créer des véhicules fortement inspirés de voitures réelles, à l’instar de ce qu’a fait Rockstar North sur GTA.

Quelques mentions honorables

Au milieu de ce duel Driver vs GTA, il serait dommage d’omettre Mafia : The City of Lost Heaven sorti en 2002. Le premier opus de la saga Mafia offre un monde ouvert étonnamment riche et de tous les jeux de gangster en open-world de l’époque, Mafia est celui qui propose le gameplay de conduite le plus réaliste : 60 véhicules d’époque, une maniabilité et des caractéristiques uniques pour chacun d’entre eux ou encore la possibilité de mettre la boîte de vitesses au point mort.

La conduite est centrale dans Mafia et le second opus proposera une expérience toujours aussi poussée 10 ans plus tard.

Nous devons aussi parler d’un jeu un peu à part qui a quand-même marqué de nombreux joueurs à l’époque : The Simpsons : Hit & Run. Ce jeu d’action issu de l’univers de Matt Groening rencontre un franc succès à sa sortie en 2003 auprès du public et des critiques. Il permet au joueur de rouler librement dans Springfield en parodiant le style GTA-like. En 2007, 3 millions de ventes sont recensées pour ce jeu sorti sur Xbox, PlayStation 2, GameCube et PC.

Need for Speed : l’appel de la rue (et du tuning)

Electronic Arts devait réagir et s’engouffrer à son tour dans la brèche creusée par cette catégorie de jeux au succès populaire grandissant. L’éditeur américain va commencer à se faire respecter dans ce genre avec sa série Need for Speed, à partir de 2003. Créée en 1994, cette licence va devenir incontournable avec les sorties consécutives de Need for Speed Underground (2003), Underground 2 (2004) et Most Wanted (2005). Les deux premiers opus nommés Underground puisent leur inspiration dans la mode des courses de rue et de Fast & Furious notamment.

Le joueur évolue dans une ville américaine fictive en enchaînant les courses illégales de jour comme de nuit. Le tuning et la personnalisation sont particulièrement poussés pour l’époque et deviennent une des marques de fabrique de Need for Speed. La conduite en elle-même reste relativement arcade, respectant l’ADN de la franchise. Les villes proposées sont vivantes et réalistes, avec un trafic conséquent et bien entendu l’omniprésence de la police toujours prête à engager une poursuite. La formule cartonne avec plus de 10 millions de joueurs dès la sortie de Underground en 2003 sur Xbox, PS2, Game Cube, Game Boy Advance et PC.

Need for Speed Most Wanted va quant à lui mettre l’accent sur une partie scénaristique plus poussée et un aspect tuning plus en retrait que dans les deux opus précédents. La police devient plus maligne et les développeurs ont pris le temps de faire évoluer les moyens des forces de l’ordre, avec cinq niveaux de recherche disponibles (comme dans GTA) et des policiers qui anticipent mieux les mouvements et l’itinéraire du joueur lors des poursuites. La liste des véhicules est assez conséquente, mais on retient surtout la fameuse BMW M3 GTR et sa livrée grise et bleue, symbole du jeu, voire de la licence (sa livrée est devenue légendaire et reprise dans de nombreux jeux comme GTA V ou Forza).

Sorti le 2 décembre 2005 en même temps que la Xbox 360, Most Wanted a marqué et accompagné de nombreux joueurs sur la 7ᵉ génération de consoles. Toutefois, les opus suivants n’arriveront pas à renouveler efficacement la proposition avant une dizaine d’années, face à une concurrence grandissante, et non des moindres.

Test Drive Unlimited : le GOAT ?

Pour les jeux de voiture en monde ouvert, l’année 2006 est à marquer d’une pierre blanche. Sortis de nulle part, Atari et Eden Games réussissent cette année-là à proposer potentiellement l’un des jeux de voiture les plus complets et les plus plaisants de l’histoire. Vous nous direz sûrement qu’il paraît difficile de s’avancer autant pour un jeu de 2006 et vous n’aurez pas tort. Cependant, nous vous répondrons aussi que Test Drive Unlimited propose un gameplay unique et des idées lumineuses que nous n’avons encore jamais retrouvées.

Test Drive Unlimited offre un open-world gigantesque et réaliste avec pas moins de 1 600 km de routes ouvertes à explorer en voiture ou à moto sur l’île d’Oahu, au cœur de l’archipel d’Hawaï. Le réseau routier, Honolulu, ainsi que tous les points majeurs de cette île sont fidèlement reproduits pour proposer une expérience authentique et jamais vue à cette époque.

L’autre aspect central du jeu demeure la présence de concessionnaires, de boutique de vêtements, d’agences immobilières. Il est ainsi possible de personnaliser son avatar avec un large choix d’habits et accessoires, d’acheter des propriétés en agence, de louer des voitures, mais surtout d’en acheter dans diverses concessions. Pour acquérir un véhicule précis, il est nécessaire de découvrir la localisation de la concession qui le fournit et de s’y rendre. Ensuite, choisir le modèle, ses jantes, sa peinture, son intérieur puis repartir à son volant pour finalement garer le nouveau bijou dans l’une de ses propriétés. En somme, autant de features qui donnent un côté roleplay réaliste et immersif à l’expérience du joueur dans Test Drive Unlimited.

De plus, le jeu propose un bon nombre d’épreuves en solo ou en multijoueur et la progression est très satisfaisante. Le nombre limité de places dans le garage ainsi que la difficulté à accumuler de l’argent rendent chaque achat important et réfléchi. On s’attache à son véhicule et on prend du plaisir à évoluer avec lui. D’ailleurs, le jeu d’Eden Games dispose d’un choix varié de véhicules, dont des supercars modernes (Ferrari F430, Aston Martin V8 Vantage) mais aussi des marques plus rares (Spyker, Saturn, Wiesmann) et des modèles anciens ou légendaires (Aston Martin DB4 Zagato, Mercedes-Benz 300 SL Gullwing). Ajoutons à cela une petite sélection de motos qui ajoute une autre profondeur au gameplay et qui rend définitivement ce titre aussi bon que singulier parmi tous ces jeux de voiture en open-world.

Test Drive Unlimited est destiné aux amoureux d’automobile et c’est certainement pour cela qu’une grande partie des fans de jeux de voiture regrette cette licence d’une rare qualité. Il demeure le seul jeu de voiture en monde ouvert à avoir exploité autant que possible les capacités de ce genre, et ce dès 2006.

Les bases sont désormais posées, mais le genre va devenir moins prépondérant

Difficile de trouver pendant les années suivantes un titre qui sort du lot après l’arrivée de Test Drive Unlimited. Les jeux de voiture plus classiques et leurs studios vont renforcer leurs propositions, tels que Codemasters (Dirt, Grid), Turn 10 (Forza Motorsport) et Polyphony (Gran Turismo).

Rockstar North revient en 2008 avec Grand Theft Auto IV, un retour à Liberty City qui offre une expérience de conduite toujours plus poussée et une physique très réaliste, notamment lors des accidents et des chocs.

Le moteur graphique de GTA IV sera également utilisé dans Midnight Club : Los Angeles, produit par Rockstar Games. Le 4ᵉ et dernier opus (à date) de cette licence permet au joueur de découvrir librement Los Angeles, fidèlement reconstituée. Le jeu propose un univers riche et vivant, avec des passants, un trafic important, des voitures et motos réelles ainsi que de nombreuses options de personnalisation. Midnight Club : Los Angeles est un jeu majeur ayant une place de choix dans cette histoire.

Enfin, EA et Criterion vont sortir Burnout Paradise avec ses courses déjantées, son vaste monde ouvert et surtout ses fameux ‘Takedown’. Le jeu rencontre un vrai succès et sera même remastérisé en 2018 avec une légère upgrade graphique.

La seconde partie de ce dossier complet est à retrouver ici : Devenus incontournables, d’où viennent les jeux de voiture en open-world - Partie 2.

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Forza Horizon 5

Genre : Courses

Editeur : Microsoft

Développeur : Playground Games

Date de sortie : 09/11/2021

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PC Windows

1 reactions

lacrasse

08 nov 2021 @ 06:54

C’est vrai qu’aujourd’hui playground games a mis une raclé à tout le monde, ça va être difficile de passer derrière eux...