Edito - La Rétrocompatibilité en question

Ca y est, la première liste est tombée. Et en tombant, elle a fait du bruit. Sur Xboxygen, la news a donné lieu à une ribambelle de commentaires qui sont significatifs de l’importance de la rétrocompatibilité. Cela nous a donné la possibilité de voir une multitude de réactions diverses et variées, qu’on va s’amuser à décrypter ici, avant de se pencher d’un peu plus près sur cette fameuse liste.

L’enthousiaste.

Celui-là est content de tout. Il s’était fait une raison : sur cette génération, pas de rétrocompatibilité. Comme il y a une place limitée dans le salon sous la TV, il s’est fait à l’idée que sa 360 ne serait plus très souvent allumée, remplacée par sa petite sœur (enfin, petite, façon de parler !). Et puis soudain l’annonce, la rétrocompatibilité débarque ! La nouvelle vient de nulle part (si ce n’est de la bouche de Philou), et devient ainsi un bonus inattendu. Du coup, pratiquement n’importe quoi devient bon à prendre, puisqu’il n’y avait rien juste avant. Les anciens jeux Xbox Live Arcade ont donc une chance de survivre, et, cerise sur le gâteau, les jeux gratuits chaque mois sont des cadeaux qui peuvent pratiquement permettre de ne plus jamais acheter un jeu à partir du moment où on a un abonnement Xbox live. L’enthousiaste ne comprend pas pourquoi certains grognent. L’enthousiaste est quelqu’un de très sympathique et de très beau, sexuellement surpuissant et doté de capacités physiques hors-normes qui n’ont d’équivalent que la justesse de ses traits d’esprits. Vous l’aurez compris, je suis un enthousiaste. Et aussi un type particulièrement peu modeste qui se la raconte grave.

Le déçu.

Quand l’annonce de la rétrocompatibilité a été faite, le déçu s’est immédiatement projeté quelques mois plus tard. Il s’est imaginé ressortir de ses cartons tous ses jeux 360. Il s’est vu acheter d’occasion, pour une bouchée de pain, des jeux qu’il n’a pas eu le temps de faire sur 360. Une bonne façon de s’occuper entre deux titres sur One. Il s’est revu jouer à ses jeux préférés, ceux qu’il a quittés, la larme à l’œil, en se décidant à changer de console. Peut-être même que le déçu avait une PS3, et qu’il a cru qu’il allait acheter une Xbox 360 en même temps que la One. Le déçu a juste oublié une chose, c’est qu’on lui a promis une liste d’une centaine de jeux, liste vouée à s’allonger chaque mois. Je ne sais pas de combien de jeux la ludothèque de la 360 se compose, entre les jeux retails et les jeux XLA, mais il y a vraiment, beaucoup, beaucoup de jeux. Et dans cette ludothèque pharaonique, chacun a ses petits préférés. Autant dire qu’il est juste impossible de donner satisfaction à tout le monde. Mais le déçu s’en fout, il voulait ce qui l’intéressait ! Il a voté pour son jeu préféré, et n’est pas content que Red Dead Redemption ne soit pas là. Le déçu a oublié que si rien n’était proposé, il ne serait pas déçu. Pour lui, plus c’est gratuit, plus il faut être exigeant. Cela étant, ayant voté pour Red Dead Redemption, je suis aussi un peu un de ces déçus.

Celui qui s’en fout.

Celui-là ne lit pas cet édito. Il n’a pas consulté la liste de jeux rétro-compatibles. Il a acheté une Xbox One pour jouer à des jeux Xbox One, et ça ne l’intéresse pas d’avoir accès à de vieux jeux. Tant mieux si ça fait plaisir à certains, de toute façon ça ne change rien pour lui.

Celui qui fait semblant de s’en foutre et qui dévoile sa nature de casse-bonbons.

Depuis l’annonce, celui-là clame que la rétrocompatibilité n’a aucun intérêt. Il pourrait le dire à son beau-frère qui de toute façon ne sait pas de quoi il parle, occupé qu’il est à tuner sa Golf, mais non, il le dit à des gens que le sujet intéresse. Mais pas qu’une fois. En effet, celui-là vient répéter à loisir, à la moindre occasion, à quel point le concept même de rétrocompatibilité est dépassé et n’intéresse personne, mais en continuant à s’adresser à des gens qui manifestement s’y intéressent. Pour les convaincre, ou peut-être pour se convaincre. Ou bien juste parce que c’est un emmerdeur. Difficile à dire. Ou bien c’est un fanboy de Sony qui vient critiquer tout ce qui est bien chez le concurrent, et dans le cas présent, le fait que cette possibilité n’existe même pas sur PS4 en fait quelque chose d’inacceptable. Ou bien c’est un individu mentalement dérangé qui vient critiquer tout ce qu’il juge sans intérêt. Peut-être qu’il sévit sur les forums de Modes et Travaux pour expliquer à tout le monde que le tricot c’est nul. Ou bien, dernière possibilité, ce relou est payé par Xboxygen pour agacer tout le monde, provoquer des débats là où il ne devrait pas y en avoir en générant du clic, transformant chaque news jusqu’à la plus banale en un carton d’audience. Si tu t’es reconnu dans cette description, c’est bien, c’est déjà un premier pas d’accepter ce qu’on est. Tu peux me contacter, je te donnerai le nom de quelques sites où tu pourras t’épanouir bien mieux qu’ici.

Je m’amuse à caricaturer les réactions vues ici et ailleurs, mais cela montre avant tout une chose : on peut déjà être sûr que le sujet n’est pas anodin, car la rétrocompatibilité intéresse beaucoup de monde et est un sujet chaud du moment. Vous avez le droit de ne pas me croire, mais les commentaires des news et les statistiques de visites vont dans mon sens.

Suivant notre état d’esprit on sera donc plus ou moins content, et il est intéressant de voir la virulence des réactions à ce qui n’est au final qu’une fonction supplémentaire, un bonus. On oublie en passant que ce programme implique des jeux gratuits tous les mois, et une liste forcément en perpétuelle évolution. Cela aurait pu être mieux ? Sans doute ! Mais mieux pour qui ? On peut critiquer la quantité importante de jeux Xbox live arcade, mais d’un autre côté, leur format immatériel fait qu’il est précieux qu’ils perdurent. Qui plus est, ce sont des jeux qui n’ont jamais misé sur leur technique, et de ce fait ils n’ont pas vraiment vieilli avec le temps. Celui qui a acheté un Sega Vintage sur 360 aura le même plaisir à y jouer sur une Xbox One. Peut-être que l’amateur de AAA ne trouve pas ça intéressant, mais est-ce bien à lui que s’adresse la rétrocompatibilité ?

Disons que oui. Du AAA, il y en a tout de même dans cette liste. Ce n’est pas celui que tu voudrais cher lecteur ? OK, mais c’est peut-être celui que voulait ton voisin. Tous les Gears, par exemple, ce n’est pas rien. Et tant que vous y êtes, vous en profiterez pour jouer à Condemned, qui était le tout premier test publié sur Xboxygen, rédigé par mes soins (ouch, le style, lui, a vieilli !), et qui est toujours un jeu exceptionnel !

Cette rétrocompatibilité, ça ne devrait être qu’une bonne nouvelle. Au pire, elle ne devrait provoquer qu’indifférence pour ceux qui ne se sentent pas concernés. Pour le reste, prenons ça comme un élargissement de ce qu’on peut trouver sur Xbox One. S’il n’y a pas ce qu’on veut, et bien il n’y avait pas non plus ce qu’on voulait avant, cela ne change rien. Je ne crois pas que cette rétrocompatibilité joue un rôle important dans l’affrontement entre Sony et Microsoft, mais pourtant je pense que cela a un vrai sens. C’est plus un cadeau fait aux joueurs de la Xbox One, et surtout une attitude qui est en train de devenir le positionnement de plus en plus évident de la Xbox One. Garder une trace des jeux plus anciens, ce n’est pas refuser la nouveauté, c’est aussi considérer les jeux vidéo comme des œuvres qui vivent à travers le temps.

Bref, une attitude de gamer.