C’est une anecdote intéressante qui nous arrive aujourd’hui et qui nous explique comment PlayStation a pu obtenir l’exclusivité de la licence Spider-Man pour sa console. En réalité, c’est plutôt Xbox qui avait refusé le deal à l’époque.
Marvel voulait de bons jeux vidéo issus de ses licences
L’information est relatée dans le deuxième volume du livre de Steven L. Kent consacré à l’histoire des jeux vidéo, et elle provient directement de Jay Ong, Vice President de Marvel Games.
Comme reporté par un membre de Resetera, le recrutement de Jay Ong en 2014 chez Marvel n’avait qu’un seul but : que les jeux Marvel puissent rencontrer le même succès que les films, ce qui était loin d’être le cas.
À l’époque, Marvel était à la recherche d’un partenaire pour développer des jeux de qualité, d’une entreprise avec des investissements à long terme et qui aurait un intérêt direct avec la construction d’une franchise. Le livre relate que trois entreprises correspondaient à cette description. L’une d’elles, Nintendo, avait principalement développé des jeux basés sur ses propres propriétés intellectuelles.
Étant plutôt orienté console dans le passé, j’ai contacté les deux côtés, à la fois Xbox et PlayStation, et j’ai dit : « Nous n’avons pas de gros accords console avec qui que ce soit en ce moment. Qu’aimeriez-vous faire ? » La stratégie de Microsoft était de se concentrer sur ses propres propriétés intellectuelles. Ils ont décliné.
Ainsi est né le partenariat avec PlayStation pour Spider-Man
Marvel a décidé d’approcher Activision pour mettre fin au contrat plus tôt que prévu. Alors qu’ils négociaient, Ong a expliqué que Spider-Man avait besoin de nouveaux talents, d’un budget plus important et d’un regard neuf.
Nous avons finalement négocié un accord pour qu’ils arrêtent. C’était un accord mutuellement avantageux. Lorsque nous nous sommes serrés la main, ils ont demandé : « Alors, qu’allez-vous faire de cette franchise après l’avoir récupérée ? »
J’ai dit : « Je vais lui trouver une meilleure maison. »
Ils ont répondu : « Bonne chance pour trouver votre licorne. »
Jay Ong rappelle alors qu’il s’est assis aux côtés de deux dirigeants chez PlayStation à l’époque, Adam Boyes et John Drake. C’était lors d’une conférence en Californie.
Nous rêvions que cela soit possible, que nous puissions battre Arkham et avoir au moins un jeu et peut-être plusieurs jeux qui pourraient générer de l’adoption sur votre plate-forme.
C’est ainsi que Sony a proposé à Marvel le développement d’un jeu Spider-Man de type blockbuster en exclusivité pour PlayStation. Sony a confié le projet à Insomniac Games qui s’était déjà illustré avec des jeux tels que Spyro the Dragon ou Ratchet & Clank. Indépendant à l’époque, Insomniac venait justement de sortir Sunset Overdrive en exclusivité Xbox, un jeu d’action qui se situait dans une ville et avec une forte composante verticale. Le studio était donc tout trouvé. Pour Ted Price, fondateur d’Insomniac, cette proposition de partenariat était innatendue.
Lorsque nous avons entendu parler de cette opportunité, grâce à Connie [Connie Booth, vice-présidente du développement produit de Sony Interactive Entertainment] chez Sony, cela a été une vraie surprise pour moi, car jusque-là, nous travaillions sur notre propre franchise et n’avions pas vraiment envisagé de travailler sur des franchises existantes.
L’investissement de Sony sur ce projet a été massif et avec un budget marketing qui dépassait les 100 millions de dollars, le jeu allait faire grand bruit. Cela s’est vérifié par la suite avec un lancement en grande pompe le 7 septembre 2018 en exclusivité sur la console PlayStation 4. Deux ans plus tard, Sony annonçait que les ventes de Spider-Man sur PS4 avaient dépassé les 20 millions d’exemplaires. Son spin-off, Spider-Man : Miles Morales, s’est écoulé à plus de 6 millions d’exemplaires en huit mois.