Au gré des salons et manifestations diverses, le constat est sans appel : il faut maintenant une loupe pour différencier la Xbox 360 et la PS3.
La tendance à la baisse du nombre d’exclusivités pour chaque support ne cesse de se confirmer, alors que dans le même temps les éditeurs de jeux sont moins nombreux et de plus en plus gros sur le marché à force de se concentrer. Alors comment peut on choisir un support plutôt qu’un autre ? Entre ces deux machines, la question est épineuse et la réponse n’est pas simple.
On peut se concentrer sur les quelques exclusivités qui restent. Naturellement, sur les deux supports, ce sont de « gros » jeux, techniquement remarquables et particulièrement peaufinés.
Qualitativement il est bien difficile de dire qu’une machine propose des jeux meilleurs que l’autre : dans les deux cas ces quelques jeux sont les porte-étendards de la marque qu’ils représentent, il est donc hors de question qu’ils ne soient pas bons. Mais même quand on se concentre sur ces quelques titres, il n’est pas aisé de trancher. Chaque machine a son jeu de voiture, celui de la Xbox 360 est formidable, et il y a fort à parier que celui de la PS3 le sera aussi (en tout cas il a intérêt depuis le temps qu’on l’attend). D’un côté Halo pour la partie fps, de l’autre Killzone. Pour les tps, Uncharted et Gears of war…
Chaque machine a un représentant exclusif dans les grandes catégories de jeux. Et encore, pas toutes les catégories, puisque les jeux de sport, par exemple, ne sont représentés que par des titres multi.
Bien qu’appartenant aux mêmes catégories de jeux, ils ont naturellement des différences (encore heureux !), n’ayant pas forcément les mêmes forces ou faiblesses, mais fondamentalement n’importe quel joueur trouvera satisfaction quelque soit le support choisi.
Si on regarde dans le rétroviseur, par le passé les exclusivités propres à chaque machine, en plus d’être plus nombreuses, recelaient surtout des titres uniques, avec des concepts particuliers, des identités très marquées. Il y en a encore aujourd’hui, avec quelques titres sur chaque support qui n’ont pas d’équivalents sur l’autre. Mais il se trouve que ces jeux ne sont pas ceux qui ont le plus les faveurs du public, c’est ce que nous apprennent les meilleurs ventes de jeux mois après mois.
En se concentrant sur les jeux, ce qui en toute logique devrait être le cœur des consoles, ce qui différencie le plus les deux machines est donc en fin de compte la façon dont ils sont vendus. En d’autres termes, le marketing qui les entoure devient le facteur premier de choix d’un support, tout du moins pour le grand public. Il est donc totalement logique que la PS3, bénéficiant de l’image très forte de Sony en France à l’inverse de Microsoft, soit le premier choix dans notre pays.
Les différences entre les deux systèmes existent pourtant, mais encore faut-il les connaître ou être intéressé par elles.
D’un côté, il y a l’argument massue de la PS3, avec le lecteur Blu-Ray. Un plus indiscutable pour ceux qui aiment acheter des films et qui veulent en profiter en haute définition. On peut ajouter la gratuité (pour l’instant) du service en ligne, et l’offre très généreuse de films en location disponibles sur le PSN. On peut éventuellement ajouter, si ça vous fait plaisir et si vous y croyez, la 3D. Cela fait une belle série d’atouts non négligeables !
De l’autre côté, la Xbox 360 propose une ludothèque bien plus conséquente. Sortie avant, et ayant immédiatement proposé des titres de qualité, à l’inverse de la PS3 qui a mis bien du temps à trouver sa vitesse de croisière. On peut jouer à des jeux formidables pour vraiment pas cher sur Xbox 360. Il y a également un service en ligne, payant, mais clairement plus performant que celui de son homologue, bénéficiant de l’expérience du Xbox live. On peut également citer le Xbox live arcade, incroyablement fourni, supérieur à ce qui se trouve chez la concurrence. Enfin, quand on entre dans le détail, la Xbox 360 ne propose pas de lecteur Blu-Ray, mais propose un lecteur plus rapide, et est conçue pour décompresser les données très vite, avec comme résultat moins de temps d’attentes que sur la machine de Sony. Les atouts de la Xbox sont eux aussi très respectables !
Enfin, ajoutons un point essentiel, les manettes, différentes et diversement appréciées, peuvent être un critère de choix important.
Mis bout à bout, cela fait de vraies différences, mais pour l’acheteur lambda, ira-t-il aussi loin dans le détail, quand bien même ces éléments devraient influer le choix ? Bien peu iront chercher en dehors de l’opposition lecteur Blu-Ray vs Xbox live.
Et on en revient au marketing.
Signe significatif du mimétisme entre les deux machines, de micro-différences font maintenant l’objet d’âpres discussions entre les constructeurs et les éditeurs.
Franchement, à quoi servent les exclusivités temporaires de quelques mois, si ce n’est pour l’effet d’annonce et pour justifier des campagnes de publicités basées sur le jeu concerné ?
On communique même sur une démo qui arrive d’abord sur un support avant l’autre. Même pas un jeu, non, juste une démo !
Et on continue de s’enfoncer dans le ridicule avec de simples bonus divers et variés d’abord accessibles sur une machine, avant de débarquer sur l’autre au maximum quinze jours après…
Illustration définitive de la difficulté que les deux géants ont pour communiquer sur leurs différences, ils se retrouvent à passer des contrats avec les éditeurs pour avoir seulement le nom de leur machine dans les publicités d’un jeu, quand bien même le jeu sort sur le support d’en face à la même date et avec le même contenu.
Le pire, c’est que ça marche ! Combien en France sont persuadés que FIFA est un jeu PS3 ?
Alors que cette convergence arrive à un point jamais connu par le passé, les choses pourraient pourtant (enfin) changer.
Pour une fois, les deux frères ennemis ne se sont pas copiés et ont fait des choix réellement différents avec le Move et le Kinect.
La différence est claire, immédiatement identifiable pour l’acheteur potentiel. Les deux produits proposent un matériel qui ne fait pas la même chose, qui ne propose pas les mêmes sensations.
L’objet n’est pas de savoir qui a le meilleur produit ou qui a la meilleur stratégie. Celle de Microsoft est plus risquée, mais plus innovante. Ils peuvent se planter, ou bien décrocher le jackpot, et leur Kinect suscite des réactions allant de l’enthousiasme au mépris.
Celle de Sony, en reproduisant (en copiant serait d’ailleurs le terme le plus adapté) un produit connu grâce à la Wii qui a remporté un gros succès auprès du grand public, est plus sage, car le produit, même nouveau, est déjà connu quand à son principe.
L’important, c’est que pour exploiter ce matériel, les jeux exclusifs devront forcément se multiplier. Il y aura des choses qu’on pourra faire avec le Kinect et pas avec le Move, et inversement. Même les jeux qui sortiront sur les deux supports devront forcément s’adapter à leurs particularités.
Ceux qui ne sont pas intéressés par cela et qui considèrent le Move et le Kinect comme des gadgets hors de prix ne se sentiront sans doute pas concernés, mais quoiqu’il en soit, enfin une différence va pouvoir être faite pour le grand public entre ces deux consoles.
J’avoue que je suis impatient de voir à quoi ressemblera la communication de Microsoft et de Sony dans quelques mois, une fois les jeux pour toute la famille vendus sur les deux supports pour noël écoulés : c’est là qu’on verra sans doute quelle image chaque marque va se construire.