Il y a de nombreuses années, quand Internet ne permettait pas de voir des vidéos à tout va, le mois de juillet était très particulier pour les amateurs de jeux vidéo. C’était le mois où sortaient les magazines spécialisés et leurs fameux compte-rendus de l’E3. Pour ne rien manquer, il était impensable de ne pas en acheter au moins deux ou trois, afin de voir les photos de tous ces jeux à venir.
Au fil du temps, la manifestation a beaucoup évolué. De plus en plus professionnelle et axée business, elle en a oublié sa dimension première. A force de saisons décevantes, l’impact de l’E3 s’est réduit, et petit à petit les autres salons, ou bien les évènements privés des constructeurs, ont pris de l’importance à son détriment.
A tel point qu’on a même pensé un moment que l’E3 allait disparaître.
En grande partie, c’est de la faute des constructeurs qui n’ont pas toujours joué le jeu, un comble puisqu’ils y sont justement pour les montrer, leurs jeux. Si globalement, depuis qu’il est sur ce créneau, Microsoft s’est montré plutôt dynamique (ce qui est la moindre des choses en tant que challenger), on ne peut qu’être perplexe face à l’attitude désinvolte de Sony qui s’est souvent moqué du monde en annonçant n’importe quoi, ou bien qui au contraire n’a pas annoncé grand chose. Le résultat est que la grande baston entre les deux n’a pour ainsi dire jamais eu lieu, Sony refusant le combat en ignorant son adversaire, et Microsoft ne sachant pas vraiment comment faire pour le provoquer, n’ayant pas la même aura. Déception pour l’amateur ne demandant pas mieux qu’un festival de qualité qui lui donnerait envie de tout aimer !
Et que dire des performances de Nintendo, oscillant entre l’inexistant et le ridicule tristounet.
Et pourtant, comme un phœnix, l’E3 ne meurt pas et revient à chaque fois.
Mieux, chaque année, il nous refait le coup, et les joueurs du monde entier bavent en anticipation. De leur côté, les râleurs s’apprêtent déjà à tout trouver nul. Les fanboys affûtent leurs armes et acclament à l’avance leur poulain et en se préparant à détester tout ce qui sera montré ailleurs. Bref, c’est ça l’E3, Une ébullition permanente et la garantie que beaucoup d’encre va couler.
Même par le passé, on retient des salons en perte de vitesse, décevants… mais n’est-ce pas aussi parce qu’on retient surtout ce qui n’est pas bien ? Je n’ai pas souvenir d’un E3 VRAIMENT mauvais. Il y a toujours quelque chose à en retirer, entre la première apparition de jeux attendus, l’annonce de nouvelles machines, des surprises qu’on n’a pas vues venir…
Même quand je critique les constructeurs, c’est avant tout à leurs conférences que je pense, car tous ont illuminé à un moment donné le salon en montrant leurs nouveautés.
Alors, comme tous les ans, on pense que l’E3 va être grandiose.
Cette année, il se trouve que je ne vais pas dire autre chose ! Je suis persuadé que nous allons assister à un grand salon, car on se retrouve dans une situation de marché qu’on n’avait plus vue depuis l’époque Megadrive versus Super NES.
Il va y avoir du spectacle, et il viendra de Microsoft et de Sony. Nintendo, eux… désolé si ce que je vais dire vous choque, mais on se fout presque qu’ils soient à l’E3 ou non. C’est un salon de gamers, et ce que Nintendo a à montrer aurait plus sa place dans un salon du jouet.
Vous trouvez ce que je dis péjoratif ? Peut-être… Mais en même temps c’est un des éléments qui fait que cette année peut être une grande année, car on n’attend tellement rien de Nintendo après ces dernières années et leurs prestations risibles et embarrassantes qu’ils ne peuvent plus que surprendre en bien. Je vous laisse me répondre et me dire à quel point je suis méprisant envers Nintendo, mais vous m’excuserez, le spectacle propre à un salon comme l’E3, ce n’est pas de chez eux que je l’attends.
Donc revenons sur les deux autres larrons.
Comment pourraient ils se permettre d’être décevants ?
Pour la première fois, Microsoft se présente dans une situation favorable, devant Sony. Pour la première fois ils vont devoir se battre pour garder cette position, et non pas pour rattraper le petit copain. S’ils sont là, c’est en partie grâce à l’immobilisme de Sony : impossible qu’ils fassent la même erreur. Microsoft fait monter indirectement la pression en ne disant rien, laissant penser qu’ils en diront beaucoup. C’est presque la garantie que nous allons voir beaucoup de choses pour la première fois pendant ce salon. Il ne faudra pas rater leur conférence.
Pour la première fois également, Sony se présente face à son concurrent comme un challenger. Depuis le temps que Sony nous sert des conférences creuses à base de promesses, cette fois les jeux sont là et bien là, et ils sont diablement prometteurs pour certains. Contrairement à Big M, Big S parle de ses jeux longtemps, et même lonnnnnnnngtemps à l’avance, et ce ne sont pas vraiment des surprises qu’on aura (même si elles sont les bienvenues), mais plutôt des réponses aux attentes des joueurs. Autre style, mais qui peut être tout aussi efficace.
De mon point de vue, aucun des deux ne peut se permettre de se louper, sous peine de donner un gros avantage à l’autre. La baston qu’on attend depuis l’annonce de la Xbox 360 et que nous n’avons jamais eue, ça y est, cette fois elle bien là pour notre plus grand plaisir.
Bref, comme d’habitude, l’E3 génère de grosses attentes. Contre vents et marées, quoiqu’il arrive, en fin de compte l’E3 ne change pas, et ne changera sans doute jamais. C’est un salon de légende, c’est là où ça se passait, c’est là où ça se passe, et ce sera sans doute longtemps encore là où ça se passera.
La forme peut bien changer, les intervenants ne plus être les mêmes, c’est devenu une tradition, et les traditions ne meurent (presque) jamais.