On peut se demander dans quelle mesure le politiquement correct délirant dans lequel nous vivons ne sera pas regardé par les générations futures comme la caractéristique d'une époque. Du genre "l'ère mondiale de l'hypocrisie", comme on a pu avoir le Moyen-âge.
On y a droit au cinéma, à la télé, au boulot, en politique…et bien entendu dans les jeux vidéo (vous vous en doutiez, sinon cet édito n'aurait pas lieu d'être !).
Le plus stupéfiant est sans doute cette volonté de rechercher absolument ce qui pourrait, éventuellement, suivant l'angle choisi, suivant l’interprétation, et suivant les protagonistes concernés, être du racisme.
Entendons-nous bien, il est évident que le racisme, en tant que marque distinctive des imbéciles, n'est admissible sous aucune forme, puisque étant d'après le petit Robert qui a oublié d'être con la "théorie de la hiérarchie des races, qui conclut à la nécessité de préserver la race dite supérieure de tout croisement, et à son droit de dominer les autres". En d'autres termes c'est l'expression de la haine non pas envers une personne en tant qu'individu, mais envers une race dans sa globalité. Et encore le petit Robert, parfois un peu con quand même, oublie en chemin que l'humanité n'est composée que d'une seule race, divisée en ethnies, certes, mais d’une seule race quand même.
Maintenant qu'on a revu cette définition, on peut se demander où on peut trouver du racisme dans les jeux vidéo, loisir pratiqué par des millions de gens de toutes les couleurs.
Et pourtant…
Quand on creuse un peu dans sa mémoire, ou bien quand on fait des recherches avant d'écrire un édito, on retrouve des exemples multiples de jeux accusés de racisme. Je ne parle pas de petits jeux en flash crapuleux distribués sur des sites peu recommandables, mais bien des jeux vidéo qu'on trouve sur les étales. Mieux, quand on regarde de plus près ces exemples, on est forcément stupéfait de constater à quel point les accusateurs sont d'une incohérence délirante.
Le plus gros "scandale" en date, celui qui est resté dans les mémoires, est bien entendu l'épisode Resident Evil 5. Pour toute personne normalement constituée mentalement, le jeu se situait en Afrique, et un agent du STARS venait par là pour buter son quota habituel de zombies. En quelque sorte, la routine pour la série. Sauf que d'après certains, ce jeu est raciste du fait que le héros est blanc et qu'il tire sur des noirs. On pourrait résumer le jeu par flic versus zombies, mais non, il y en a qui le résument par un blanc tue des noirs. Sans avoir vu que c'étaient des zombies ? A moins que le scandale soit, oh, surprise, qu'il y ait des noirs en Afrique ? Ou bien les noirs, contrairement aux Américains blancs (Resident evil 1, 2, 3) ou aux espagnols (Resident Evil 4), n'auraient pas le droit de devenir des zombies ?
Le problème serait donc que les protagonistes n'ont pas la même couleur, peut-être, ce qui voudrait donc dire qu'il faudrait seulement se flinguer entre personnes de la même ethnie, histoire de rester au stade de la guerre civile. "Alerte, des zombies envahissent la ville, il faut intervenir." "Désolé, on n'a que des militaires blancs en stock, on ne peut rien faire."
Le raisonnement est tellement crétin qu'il est dès le départ anormal qu'il ait pu être pris un seul instant au sérieux.
Plus près de nous, Deus Ex Human Revolution s'est fait allumer parce qu'on y croise une jeune femme noire assez peu sympathique et très roublarde.
C'est du même niveau. Cela impliquerait donc que les roublards ne peuvent pas être noirs…Une profession en moins pour vous, les gars.
Poussons un peu plus loin le raisonnement : le roublard ne peut pas être noir, mais la multitude de personnages du même genre qui sont blancs n'ont (jusqu'à présent en tout cas) jamais provoqué de débats. Cela veut donc dire que le blanc, contrairement au noir, peut être un arnaqueur sans morale. En d'autres termes, le noir est moralement supérieur au blanc. Supérieur…Inférieur…Ça ne vous rappelle pas une définition dont on a parlé tout à l'heure ?
Il y a d'autres exemples connus, comme Postal 2, jeu dont le concept même est d'être un concentré de politiquement incorrect en se foutant de la gueule de tout le monde dans un festival de mauvais goût réjouissant, et clairement au deuxième degré. Le jeu aurait pu avoir les pires ennuis du fait de sa violence gratuite et rigolarde. Mais non, les problèmes il les a eus parce qu'il osait parodier les terroristes islamistes. C'est-à-dire ces gens, sortes d'étendards vivants du racisme dans toute sa splendeur, qui en tuent d'autres arbitrairement parce qu'ils ne sont pas comme eux.
Il n'y aurait pas quelque chose qui cloche quelque part ?
Je ne résiste pas à vous rappeler la dénonciation la plus absurde et ridicule de racisme qu'on ait jamais vue dans le monde des jeux vidéo, avec comme cible…LocoRoco. Mais si, vous voyez de quoi je parle, c'est ce jeu sur PSP où on dirige cette espèce de boule molle.
Et bien un crétin a décidé que des ennemis qui sont noirs avec une bouche vaguement rouge orangée étaient une insulte raciale.
Franchement, pour faire le parallèle entre cette espèce d'ananas avec des yeux et une bouche et un être humain, il faut au minimum prendre des substances hallucinogènes. Ou alors être raciste et chercher dans tout et n'importe quoi un rapport de domination ou d'affrontement entre les couleurs.
Là où ces hurleurs ne sont pas cohérents, c'est quand ils arrêtent leur raisonnement à la couleur qu'ils "défendent" ("salissent" serait sans doute plus approprié). Si on veut aller jusqu'au bout, comment peut-on admettre que dans de nombreux jeux on puisse jouer un personnage qui flingue des blancs sans en être un soi-même ? Pourquoi Red Dead Redemption a pu sortir, alors que pendant la moitié du jeu on croise des mexicains plus crétins et salopards les uns que les autres ? Peut-être juste parce que les blancs le sont tout autant, me direz-vous !
Le fait même qu'on puisse prendre aux sérieux ces scandales réguliers est la preuve même que le racisme existe bel et bien, mais ce sont les dénonciateurs qui en sont l'illustration en réduisant l'ethnie qu'ils sont censés représenter aux pires stéréotypes qui ne devraient plus exister.
Quand dans Deus Ex quelqu'un de non-raciste croise un sale type, et bien il ne croise pas un noir ou un blanc, il croise un sale type. Seuls les racistes croisent une couleur plutôt qu'un individu.
Heureusement, les signes positifs existent, et semblent démontrer que les joueurs de jeux vidéo sont cent fois plus ouverts que les moralisateurs, et se foutent totalement de ces questions raciales, passant outre sans s'embarrasser de considérations pseudo-ethniques.
Dans GTA, on a joué successivement un blanc, un noir, puis un blanc (venant des pays de l'Est, tant qu'à faire), et avec chacun de ces personnages on a buté toutes les couleurs qui existent chez l'être humain. Et ces jeux se sont vendus à des millions d'exemplaires. J'ai peine à croire que GTA 2 n'ait été joué que par des blancs, GTA 3 que par des noirs, et GTA 4 que par des immigrés d'Europe de l'Est.
Ceux qui veulent voir de la haine partout quitte à la provoquer feraient bien d'en prendre de la graine, cela fait bien longtemps que les joueurs voient au-delà d'une couleur de peau.
Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, la série GTA, dénoncée pour sa violence, démontre que la couleur ne change rien à l'affaire et se révèle une leçon de tolérance pour tous ces haineux qui ne sont pas capables de voir ce qu'il peut y avoir derrière un épiderme.
Qui l'eût cru ?