par Rone » 08 Juin 2015, 11:24
J’ai terminé de regarder Dardevil.
En tant que très gros fan du personnage qui a toujours été mon super-héros préféré d’aussi loin que remonte ma mémoire, il y avait de l’impatience… Et pas mal d’appréhension avec cette série.
Autant dire que le résultat a pulvérisé toutes mes espérances.
Cette première saison n’est pas exempts de défauts. Il y a quelques épisodes d’un intérêt discutable avec quelques problèmes de rythme, et pas de chance, ils se concentrent plutôt vers la fin de la saison. Je ne suis pas totalement fans .
Pour le reste, j’ai tout adoré, y compris les libertés assez grandes prises par rapport au comics. Mais comment faire autrement ? Les origines de DD n’ont cessé de s’épaissir au fil des années (par exemple Stick n’existait pas au début), il fallait bien faire des choix. Ainsi, l’élément féminin, incarné par Karen, est bien le bon choix. La veuve noire, avec qui DD a fricoté pendant un bon moment, l’aurait rapproché d’Avengers alors que la série en est très loin. Karen, personnage bien plus ambigu, fonctionne à merveille. De même, j’avais toutes les craintes pour le Caïd, qui d’ailleurs n’est pas (encore ?) nommé comme ça, qui devient dans la série un humain « normal » alors que dans la BD c’est un véritable Sumo capable de rendre les coups contre Spider-Man, son premier adversaire. Mais quel choix subtil dans le développement du personnage ! Il en devient plus riche que dans la BD, et l’acteur, Vincent D’Onofrio, est juste magistral. Je n’avais pas de doute sur son talent, je le trouvais excellent dans NY unité spéciale (ou je ne sais plus laquelle des séries NY), mais je ne le voyais pas représenter cette force sauvage et flippante… Et je me suis bien trompé ! Le personnage est compliqué, torturé, et son interprétation est d’une finesse géniale qui fait qu’on sent en permanence qu’il peut exploser et se montrer impitoyable. Cela en fait un méchant magistral qui rivalise avec celui de la BD. L’ajout de son homme de main est également une idée de première, car cela permet de créer des dialogues qui servent à bien approfondir ce superbe bad-guy.
J’ai au début fortement regretté que le background de la BD ne soit pas plus utilisé, puisqu’il n’y a pas . En fin de compte c’est une excellente décision, car cela aurait tout simplement pollué le récit et comme il y a quelques indices qui font référence à des personnages connus (), et bien on peut patienter tranquille, car on sait que cela a bien été identifié et sera donc probablement exploité plus tard.
Et puis il y a les réussites éclatantes dès le début, sans discussion possible.
Déjà, le respect de la charte visuelle de la BD, en particulier au niveau des éclairages. Ensuite le premier costume de DD, avec son foulard sur la tête, directement repris de la BD L’homme sans peur de Romita Jr (BD à lire absolument). Mais surtout, la gestuelle de DD est juste formidablement retranscrite. Ce mélange de souplesse, d’enchainements fluides et de brutalité propre à ce personnage qui vise l’efficacité froide plus que le spectacle. On garde dans les bastons l’essence même de DD, un héros avec un côté calculateur et sans pitié, sans doute encore plus que Batman. Il manque encore quelques trucs cools, mais qui arriveront un peu plus tard sans doute (le lasso-cane). Les combats justement… Le choc ! J’aime bien Arrow, justement parce que les bastons sont très bien chorégraphiées pour une série TV. Mais là, on est largement au-dessus, on tape dans le haut niveau du cinéma ! En plus, le côté « je m’en prends plein la gueule » de la BD, propre au personnage, est super-bien intégré dans les bastons.
Encore mieux, le niveau de réalisation, même si plan-plan dans quelques épisodes, est globalement très, très élevé, jusqu’à atteindre même des moments de grâce que j’aimerais bien voir plus souvent au cinéma. Ainsi, dans l’épisode 3 il me semble, la baston contre les russes, dans un couloir et en un seul plan-séquence, est à mon avis du niveau de celle de Old-Boy. Carrément ! Devant l’écran j’ai juste halluciné.
Au global, ce DD a en fin de compte un effet pervers, c’est qu’il ringardise la totalité des autres séries de super-héros. Agent of Shields, ce n’était pas dur vu que ce n’est pas terrible, Flash a pour lui la représentation de super-pouvoirs, ce qui est cool, mais j’ai abandonné face à la place grandissante prise par le soap, et à cause d’une réalisation qui flirte avec le sitcom (couleurs saturées, plans hyper simples, codes plus que basiques pour situer les lieux, jeu des acteurs vraiment trop limité). Je crois qu’Arrow va tout de même tenir le coup grâce à sa double narration entre présent et passé, mais de justesse tant il se fait péter la gueule et passe du coup pour une série tout public malgré un personnage à l’origine plutôt mature.
Encore pire, la série DD ringardise également les films de super-héros. D’un seul coup, le premier Avenger que j’aime beaucoup (pas vu le deuxième car je sens plus ou moins le nanar) semble être le côté BD pour gamins, tout comme les Iron-Man, Thor et autres. Cela souligne que ces films sont juste là pour la distraction basique. Le truc sérieux, ce n’est pas ces films à 200 millions de dollars, c’est bien DD.
Bref, j’oublie vite les petits défauts pour juste garder l’enthousiasme.
A un moment où je commence à être lassé des films et séries de super-héros alors que je suis un fan de comics, DD m’a regonflé à bloc !