par Rone » 09 Mai 2009, 15:39
John Carpenter
Filmo :
2006 - Prolife (Les Maîtres de l'Horreur - Saison 2 épisode 4)
2005 - Cigarette Burns (Les Maîtres de l'Horreur - Saison 1 épisode 8)
2001 - Ghosts of Mars
1998 - Vampires
1996 - Escape from Los Angeles (Los Angeles 2013)
1995 - Village of the damned (Le Village des damnés)
1995 - In the mouth of madness (L'Antre de la folie)
1993 - Body bags (TV)
1992 - Memoirs of an invisible man (Les Aventures d'un homme invisible)
1989 - They live! (Invasion Los Angeles)
1988 - Prince of Darkness (Prince des ténèbres)
1986 - Big trouble in Little China (Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin)
1985 - Starman
1984 - Christine
1982 - The Thing
1981 - Escape from New York (New York 1997)
1980 - The Fog
1979 - Halloween (Halloween, La Nuit des masques)
1978 - Assault on Precinct 13 (Assaut)
1978 - Elvis (Le Roman d'Elvis) (TV)
1978 - Someone's watching me! (Meurtre au 43e étage) (TV)
1974 - Dark Star
En préambule, autant l’avouer tout de suite, si on me pose la question "qui est ton réalisateur préféré ? », ma réponse est « John Carpenter », sans hésitation.
Autant dire que mon blabla sur le bonhomme va être foutrement positif.
La raison est simple, avec Halloween, Big John est responsable de mon premier choc cinématographique.
Je l’ai vu alors que j’avais 13 ans, et ce film, en plus de m’avoir foutu une sacrée trouille, est le premier à m’avoir donné envie d’être décortiqué, analysé, regardé plusieurs fois pour comprendre pourquoi il est si bon.
J’ai vu tous les films de John, y compris ses courts. Pour moi il est l’auteur de plusieurs chefs d’œuvres (Halloween, Assaut, The Thing), de plusieurs films que j’adore et qui ne loupent l’appellation de chef d’œuvre qu’à cause de limitations diverses (souvent financières) : The Fog, NY 1997, Christine, Jack Burton, Prince des ténèbres, Invasion LA, L’Antre de la folie, Vampires. Pour moi ces films ne sont « que » exceptionnels.
Et les autres, parfois inférieurs, restent toujours remplis de suffisamment de qualités pour ne jamais être mauvais.
Si Big John est Big John, c’est parce qu’il fait parti de ces rares réalisateurs qui ont leur style. On peut louper le générique, peu importe, en quelques images on sait qui est derrière la caméra, grâce à un faisceau de caractéristiques communes. L’utilisation du scope, merveilleuse, y compris dans ses petits budgets, en est une.
Une autre est ce que j’appellerais la « perfection tranquille ». La réalisation de Carpenteur semble évidente. La caméra est posée exactement là où elle doit être posée. Pas d’effets tape à l’œil comme en proposent beaucoup des nouveaux réalisateurs, mais pas non plus une réalisation académique. Juste un style qui induit le fantastique en proposant une composition de l’image ne laissant rien au hasard.
On peut parler aussi de la photo de ses films, avec souvent des lumières crues qui se déversent sur l’image (les meilleurs exemples auxquels je pense, Christine et Fog, mais c’est dans tous les films).
C’est surtout un des meilleurs, si ce n’est LE meilleur pour raconter une histoire, et en particulier pour la mettre en place. Là où il faut 20 minutes à n’importe qui pour mettre en place un univers, il en faut 4 à Carpenter. Toutes les informations y sont, et le film commence immédiatement, sans temps mort. Le meilleur exemple est l’introduction de New-York 1997, jamais égalée. La caractérisation des personnages, l’exposition de l’univers, les enjeux de l’aventure, tout est exposé en un temps incroyablement court, et avec un naturel désarmant.
Nombreux sont ceux qui ont essayé d’obtenir le même résultat et qui se sont cassés les dents.
A tout cela j’ajouterais une belle capacité d’invention qui est largement sous-estimée.
Reprenons Halloween. Alors que les slasher devenaient à la mode, Carpenter a inventé l’utilisation de la profondeur de champs en incluant dans l’image la victime et le tueur sans que ceux-ci interagissent avant les 20 dernières minutes. Le résultat est d’une intelligence rare : au lieu de créer le suspens sur l’attente, il oblige le spectateur à prendre un rôle participatif. Dans notre fauteuil on crève d’envie de crier à Lawrie de se retourner plutôt que d’attendre qu’elle se fasse tuer. Révolutionnaire, et jamais égalé, même aussi longtemps après.
De la même façon, Carpenter, en bon fan de western et de Peckinpah en particulier, intègre des éléments de Western dans de nombreux films. On pense très fort à Assaut, mais aussi à Prince des ténèbres ou Chrisitine et ses duels de voitures, jusqu’à son Western officiel Vampires.
Et puis il y a des idées, et pas des moindres. Traiter la religion de façon scientifique (Prince des ténèbres), ré-inventer Lovecraft en utilisant les codes connus de tous, pour signer la seule véritable adaptation de l’écrivain réussie (L’Antre de la Folie).
Enfin, ma sensibilité fait que je ne peux qu’apprécier le discours du bonhomme (discours qui a bien bifurqué à droite ces derniers temps) qui prend comme héros des mecs normaux, souvent un peu beauf (Invasion LA, Jack Burton), ou bien des parias refusant d’obéir à l’ordre établi (Assaut, NY 1997 et LA 2013, l’Homme invisible, Vampires, Ghost of Mars).
J’ajouterais qu’il y a dans ces films des caractéristiques surprenantes qu’on retrouve à chaque fois. Dans un article publié dans Mad-Movies il y a des années, ils s’en étaient rendu compte également.
Il y a à chaque fois une scène forte qui reste gravée dans les mémoires (plusieurs scènes pour certains films), à chaque fois un dialogue où une réplique qui elle aussi reste en tête, à chaque fois une scène ou un élément étrange, comme déconnecté du reste du film, et donnant une impression d’abstrait.
Et puis les fins de ses films, contrairement à tant d’autres, sont très fortes (The Thing pour le meilleur !), et sa direction d’acteurs formidable (Kurt Russel, quoi !).
Et il y a sa musique ! Si vous avez vu les films de Carpenter, obligé vous pouvez chantonner au minimum 3 ou 4 thèmes. Aussi simples qu’ils soient, ils restent en tête longtemps après la vision du film et tournent en boucle, ramenant devant nos yeux les images des films quand nous les chantonnons.
Oui, je sais, mon blabla ressemble à un hommage, mais je vous avais prévenu, j’adore cet homme, et je pourrais parler pendant des heures de ses films.