par Rone » 24 Nov 2014, 14:49
Parfois on est surpris par un film de façon étonnante.
Alors qu’il y a peu j’expliquais mon désintérêt pour la production actuelle, j’ai été surpris par un film qui est pourtant un ratage assez exemplaire : The Hunger Games 3.
Mes gamins ont insisté, et comme après un premier épisode minable, cette série avait proposé un deuxième opus plus que pas mal, je me suis facilement laissé tenter.
Je ne vais pas défendre ce film, tant ces défauts sont nombreux. Le rythme est catastrophique. L’histoire est étirée en longueur pour permettre d’allonger la sauce et faire un autre film derrière. Certaines scènes sont risibles de banalité. Pire : l’héroïne tire une flèche de tout le film, et passe son temps à ne rien faire. Peut-être pire encore, le climax du film, qui pourtant ne comporte déjà presque pas d’action, est escamoté et transformé et une discussion par écrans interposés. Bref, un ratage.
Pourtant, j’ai été stupéfait de voir que le film traite de thèmes plutôt profond, en particulier le rapport à l’image et le pouvoir du marketing. Cela était esquissé dans les précédents films, et vite oublié. Cette fois, de façon surprenante, le film est pratiquement entièrement basé sur l’idée de populations manipulées par l’image. Là où c’est original, c’est que cette manipulation ne vient pas des méchants (même s’ils la pratiquent également, leur démarche est en fin de compte bien plus frontale et même « honnête »), mais bien des rebelles qui veulent se battre pour la liberté. Pour se faire, ils n’hésitent pas à manipuler l’image, pour pousser à l’action des milliers de gens qui risquent leur vie. D’ailleurs on montre clairement les morts de ces populations qui se soulèvent sous l’influence de quelques personnes bien abritées dans un bunker. Cela pose question sur la motivation des « gentils », et les méthodes utilisées font qu’il est difficile de considérer leur combat comme totalement clean. La question qui se pose est donc au final « la fin justifie-t-elle les moyens ? », et la réponse n’est pas si évidente que ça, avec à l’écran quelque chose de nettement moins manichéen que d’habitude dans les blockbusters.
A ce titre, l’actrice est juste parfaite, donnant l’impression de ne pas piger grand-chose à ce qui se passe. Elle est quelqu’un de pure, aux motivations très simples (elle ne veut pas voir les gens souffrir). Si parfois elle semble collaborer, sa naïveté fait qu’on a plus l’impression qu’elle n’est qu’une marionnette. Un parti-pris là aussi étonnant et courageux dans un blockbuster !
Du coup, ce deuxième épisode, qui est clairement un mauvais film, pourrait se révéler utile suivant ce qui est fait du troisième : tout dépendra des actions et surtout du comportement de l’héroïne.