Test - The Last Faith - Un bloodborne en 2D, vraiment ?

«Le saut de la foi» , - 4 réaction(s)

Parti d’un kickstarter réussi, The Last Faith constitue un premier jeu consoles pour l’équipe de Kumi Souls Games. Il est publié par Playstack et porté sur nos consoles par 2Awesome Studio. Indication subtile dans le nom du studio à l’origine de The Last Faith, Kumi Souls Games vient nous proposer une formule mi-Metroidvania, mi-Souls-like. Sorti il y a quelques semaines, vous l’avez peut-être remarqué avec son esthétique très proche de Bloodborne et ses airs de Castelvania. Les amateurs de roulades peuvent donc hausser un sourcil d’intérêt et les nostalgiques de la série de Konami éprouver quelques frémissements. En route vers un nouveau classique ?

On dirait Yharnam

C’est par sa plastique que The Last Faith se distingue en premier lieu. La direction artistique est sublime et plonge le joueur dans une imagerie à la fois gothique et victorienne. Sur le plan cinématographique ou littéraire, on peut facilement relier le jeu de Kumi Souls Game à l’esthétique du film Le Pacte des Loups ou du roman Dracula, qui sont des sources d’inspiration proches de celles de Bloodborne ou de la saga Castlevania.

“La cité de Mirtrigail… Vraiment, vous êtes sûrs ? Selon toute vraisemblance, j’aurais juré être à Yharnam !”

Pour ceux qui ne connaitraient pas Bloodborne, il s’agit d’un jeu de FromSoftware exclusif à la PlayStation 4, mais on quitte la dark fantasy pour une ambiance digne de Bram Stocker ou de Lovecraft. The Last Faith multiplie clairement les références à son aîné dès le début de l’aventure, mais il serait dommage de conclure au simple hommage tant le jeu se débarrasse de ce carcan et invite à croiser des environnements variés et un bestiaire renouvelé. Son autre inspiration, Castlevania, se retrouve notamment avec le design des personnages et il n’est pas difficile de relier Eryk, le héros du jeu, à un membre de la famille Belmont. Le pixel art est bien fichu et les animations sont de très bonne qualité, que ce soit pour notre héros ou les ennemis lui faisant face. Les thèmes musicaux sont du même acabit, inspirés encore une fois des jeux de FromSoftware, quoiqu’un peu plus en retrait et plus dispensables.

Eryk Belmont, cousin au 4ᵉ degré du côté de la tante Gertrude

Quant à l’histoire, cette dernière est relativement simple. Une fausse divinité gouverne le monde qui s’en trouve corrompu et dévasté. En parallèle, notre héros, Eryk, se fait libérer d’une obscure prison et ce dernier, amnésique, s’évade pour retrouver ses souvenirs et se confronter à ce monde en ruines. Sur ce postulat, nous aurions souhaité une aventure encore plus scénarisée que ce que propose The Last Faith. Le tout nous est narré de manière nébuleuse, dévoilant progressivement des éléments de scénario à travers les dialogues avec les PNJ, les descriptions des objets ou les décors. Il faudra donc remettre les morceaux du puzzle en place, dans cette histoire où se mêlent les thèmes de la religion et de la science. Spoiler alert, il n’y a pas de plan astral. Quoique…

In souls we trust

Les mécaniques de gameplay s’inspirent directement de la série des Souls. Les fans des jeux de FromSoftware ne seront donc pas dépaysés, même si ici la “recette” se trouve allégée. Parmi les mécaniques classiques, on retrouve en particulier l’acquisition « d’âmes », la gestion des points de caractéristiques pour votre personnage, avec un choix de classe qui n’est qu’une première orientation modifiable à volonté, ou des armes basées sur lesdites caractéristiques.

Qui ne voudrait pas être chasseur ? Pardon… tireur d’élite ?

La panoplie d’Eryk est très variée, avec des armes qui offrent un feeling différent selon leur maniement. Épées, haches et autres espadons disposent tous d’une capacité spéciale, un “weapon art” à la façon des Souls. De plus, il est permis à votre personnage de manier toutes les armes ou sorts, quel que soit le choix de votre classe initiale et votre répartition dans les points de caractéristiques. Il y aura un malus, mais l’utilisation des armes et des sorts sera possible. Cela permet de choisir au mieux son orientation et d’utiliser tous les moyens à disposition pour défaire les monstruosités jalonnant votre chemin.

Dans sa formule allégée, plus de barre d’endurance à gérer, pas de gestion de poids à prendre en compte ou d’armures clinquantes à revêtir. Comme un clin d’œil très appuyé à Bloodborne, la philosophie adoptée est plutôt celle de l’action. Mais à l’inverse de l’exclusivité PlayStation, qui incitait le joueur à faire preuve d’agressivité avec son système de parade gain/récompense qui permettait de récupérer de la vie, ici les mécaniques sont beaucoup plus optionnelles. On trouve, entre autres et en complément de la parade, l’utilisation d’un bouclier. Ces capacités consomment une barre d’énergie spécifique et limitent ainsi leur usage. L’esquive est donc privilégiée et c’est dommage, car c’est surtout au début du jeu que l’on manque « d’âmes » et que l’on aura tendance à utiliser la parade pour regagner un peu de vie. Les fioles de vie ne se rechargeant pas à chaque point de sauvegarde, comme dans les Souls, mais sont des consommables qu’il faut trouver ou acheter.

On ne se serait pas déjà croisé quelque part ?

Les combats sont plaisants et rappellent Blasphemous, avec la possibilité d’achever vos ennemis, ce qui vous permettra de récupérer un peu de magie. Quant aux boss, ils sont au final peu nombreux et concluent généralement une zone assez vaste. Le défi est plutôt bien dosé, les boss sont abordables dans la compréhension de leur pattern et ne demandent pas de réciter une partition à la limite du par cœur.

En route pour les Balkans

Le jeu reste assez conventionnel dans son level-design, quoiqu’un peu maladroit. Si l’objectif global est clair, mettre à bas le faux dieu, la direction à emprunter l’est beaucoup moins. Il en résulte un sentiment de confusion, surtout dans les premières heures de jeu. Il faudra donc d’autant plus s’accrocher que les premiers environnements se répétant, un sentiment de lassitude pourra survenir, la faute au manque de punch de la formule proposée. Par la suite, la proposition est bien plus intéressante : les mondes s’avèrent variés, les pouvoirs débloqués rendent l’exploration plus agréable, ainsi que la montée en puissance du personnage qui transforme des passages difficiles en véritables promenades de santé.

C’est beau comme un Castlevania

Point frustrant, The Last Faith exige de nombreux allers-retours. Ainsi, pour augmenter de niveau, il faut retourner au hub central et même sortir de celui-ci pour trouver le PNJ qui peut faire évoluer le personnage. Il aurait été plus simple de pouvoir y accéder à chaque “point de sauvegarde / téléporteur” ou de retrouver le personnage directement au hub, sans détours. Le voyage rapide qui permet de rejoindre chaque zone est également peu pratique, car il est très difficile de se repérer sur la carte  ; il vous arrivera parfois de vous retrouver au mauvais téléporteur, mais n’est-ce pas le propre de tout Metroidvania qui se respecte ? Enfin, nous vous conseillons d’annoter la carte très tôt dans votre aventure, car même si elle n’est pas très lisible, elle a le mérite de pouvoir marquer l’ensemble des points d’intérêt.

Certains prendront plaisir à se perdre dans les entrailles du monde de The Last Faith, d’autres trouveront son articulation étriquée ainsi que son manque de but global comme un véritable handicap. L’aventure se boucle en une dizaine d’heures et offre plusieurs dénouements. À noter que le jeu bénéficiant d’une sauvegarde automatique, il faudra refaire une run complète pour débloquer l’ensemble des succès et qu’il n’y a pas pour le moment de new game +.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • La direction artistique
  • La modularité du personnage
  • Une difficulté plutôt bien dosée
On n’a pas aimé :
  • Un manque de clarté dans la direction générale à prendre
  • La gestion de la carte
  • Les allers-retours pour monter de niveau
Le nouveau messie ?

The Last Faith s’inspire de monuments du jeu vidéo, mais il n’est ni Bloodborne en 2D, ni Castlevania et parvient à créer son propre univers sombre et envoûtant. Il lui reste à se libérer de ses influences pour les surpasser et devenir un jeu incontournable. C’est un bon premier pas qui offre bien plus que sa plastique chatoyante et donne envie de voir la suite du travail de Kumi Souls Game.Nous avons confiance en leur potentiel, il suffit d’avoir un peu la foi.

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The Last Faith

Genre : Aventure/Plates-Formes

Editeur : Kumi Souls Games

Développeur : Kumi Souls Games

Date de sortie : 15/11/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch

4 reactions

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Dognote

20 déc 2023 @ 15:29

Oh et en bonus une citation de Bram Stocker :

« Nous sommes tous emportés par le courant et la foi est notre seule ancre. »

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Thom B.

20 déc 2023 @ 20:03

Je ne post pas sous chaque test, mais je tiens à rappeler de temps en temps que c’est vraiment bon, d’avoir un site d’actualité qui prend le temps !

Encore merci de faire nous faire découvrir des jeux 😉

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Muirlega

22 déc 2023 @ 06:51

J’avais adoré Bloodborne à l’époque, celui-ci me tente grave ! Merci de nous faire découvrir autre chose que du GTA xD

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Dognote

27 déc 2023 @ 16:10

Merci de m’avoir lu ! :-)

Merci pour vos commentaires Thom B. et Muirlega :-) Bon jeu à vous ! ;-)