Test - Laika : Aged Through Blood - A poor lonesome cowgirl

«Lucky Luke n’a qu’à bien se tenir.» , - 1 réaction(s)

Le studio madrilène Brainwash Gang a déjà prouvé son talent avec sa première licence Nongunz, un roguelite procédural plutôt exigeant à la direction artistique singulière. Porté par le programme ID@Xbox, celui-ci a rapidement trouvé son public malgré son identité marquée. Forts de ce succès, les développeurs ont exploré d’autres contrées, sans pour autant rester sur les rails normatifs de ces différents genres, en s’essayant au jeu d’aventure avec Grotto ou au FPS avec Friends VS Friends. Leur dernière œuvre, Laika : Aged Through Blood, confirme que leurs licences ne peuvent pas être rangées dans une seule et unique case.

Présenté comme un Metroidvania, le titre est en réalité bien plus que cela. Il est bien difficile de décrire cet OVNI vidéoludique tant il est riche. Prenez une pincée de Trials (Trials Mania ou Trials Fusion), ajoutez une bonne cuillère de roguelite et agrémentez le tout d’une décoction de bullet-time à la Max Payne et vous vous rapprocherez de cette formidable recette.

L’aboyeuse ne fera pas de cadeaux

Le prénom de notre personnage est aussi riche en références que l’œuvre en elle-même. Laika signifie en effet « aboyeur » en russe et désigne généralement un canidé croisé avec un Husky. C’est également le nom que portait la chienne se trouvant à bord de Spoutnik 2, premier vol habité de l’histoire de la conquête spatiale. Quoi de mieux pour nommer une coyote ayant le pouvoir de résurrection et qui parcourt les étendues sauvages à moto pour éradiquer l’oppresseur qui décime son peuple.

Les aventures de notre cowgirl ne sont pas de tout repos et débutent tristement lorsque nous retrouvons Poochie, le fils de notre frère de cœur, pendu par ses tripes après une mauvaise rencontre avec les volatiles qui oppressent notre communauté. Nous nous précipitons sur les traces de Jakob, son père, qui est parti faire justice seul contre tous. Nous arrivons malheureusement trop tard pour sauver notre ami d’une mort plus que prévisible.

De retour au campement avec le corps de Jacob, nous apprenons que la dépouille de Poochie a disparu et qu’il ne pourra pas avoir de funérailles décentes. Le sang de notre coyote ne fait qu’un tour et jure de le retrouver, quand bien même faut-il pour cela retourner la surface de ce monde post-apocalyptique.

Même si le scénario est somme toute classique, il reste bien écrit et son développement est cohérent tout au long du jeu. La trame principale est agrémentée de quelques récits secondaires menant à des quêtes annexes qui enrichissent la proposition, sans que cela donne l’impression de remplissage. Mention spéciale pour les parties de blackjack au tripot du coin qui nous ont mis sur la paille plus souvent qu’elles n’ont fait notre fortune.

Un gameplay qui prend aux tripes

Bien que Laika pose parfois le pied à terre pour faire des emplettes, améliorer son équipement ou pour échanger avec les PNJ, ses déplacements se font exclusivement à moto. Notre monture n’est pas qu’un simple moyen de transport puisqu’elle permet également de nous protéger des balles et même de les renvoyer à l’expéditeur grâce à une manœuvre spécifique.

Pour rendre coup pour coup, nous disposons d’un arsenal assez conséquent allant du classique révolver au lance-roquettes en passant par le fusil mitrailleur. Il faudra cependant obtenir les plans de montage et rassembler suffisamment de ressources pour que la forgeronne les fabrique ou les améliore. Tel Lucky Luke, nous tirons plus vite que notre ombre et chacune de nos attaques s’effectue en slow motion. La mécanique ne souffre d’aucun défaut et l’on se prend rapidement au jeu en cherchant à enchaîner le plus d’éliminations possible.

Le défi de la proposition réside dans notre capacité à orienter l’assiette de notre engin pour qu’il nous protège des balles, tout en réalisant des loopings pour recharger nos armes à coup de joystick gauche et dans le même temps de viser avec le droit. Sans compter qu’une chute ou la moindre blessure nous est fatale. Chaque échec nous renvoie au dernier point de sauvegarde, tout en faisant revenir l’ensemble des ennemis se trouvant sur notre route.

Pour éviter de rencontrer trop souvent un mur de difficulté, il faut penser à récolter nombre de ressources utiles sur le trajet. La plus importante étant la monnaie du jeu qui n’est autre que les viscères de nos adversaires défunts. Cette matière fiduciaire est bien compliquée à épargner puisqu’à chaque passage à trépas, une partie se perd en chemin. Il est cependant possible de récupérer nos bourses égarées à condition de revenir à l’endroit de nos précédents échecs.

Même s’il est punitif par définition, le titre n’est pas frustrant pour autant. Nous avons upgradé notre arsenal régulièrement dès que cela était permis tout en évitant d’utiliser les points de transport rapide afin de ne pas être obligé de farmer des ressources pour y parvenir. Nous avons pris réellement plaisir à surmonter les épreuves malgré leurs exigences et n’avons à aucun moment eu le sentiment de faire face à une difficulté mal dosée.

Pour compléter les possibilités de notre coyote, les développeurs ont intégré la confection de plats qui procurent divers avantages une fois ingurgités. Certains augmentent la quantité des ressources récoltées après chaque élimination, d’autres en facilitent la récupération. Loin d’être un ajout “cosmétique”, cette facette du gameplay se révèle d’une grande aide pour que notre aventure ne soit pas une traversée du désert en limitant d’autant plus le besoin de farmer.

Samus Aran en perd son latin

Même si Laika : Aged Through Blood est pensé comme un Metroidvania, il en bouscule les codes établis. D’abord en termes de cartographie puisqu’il ne suffit pas de simplement parcourir le monde pour en tracer les contours. Si nous voulons accéder à une carte exploitable, il faudra nécessairement trouver Rénato, le magicien, pour qu’il griffonne une portion de secteur contre quelques viscères.

Le titre s’approprie également les traditionnelles capacités permettant d’atteindre des zones jusque-là inaccessibles. Pas de double saut au programme, mais en profitant du recul lors d’un tir de fusil à pompe, nous arrivons au même effet. Celui-ci est aussi bien utile pour ouvrir une brèche dans une barricade qui entrave notre progression. Pas de dash non plus, subtilement remplacé par la téléportation à courte distance grâce à un pendentif. Enfin, un grappin permet de faire tomber un obstacle condamnant l’accès à une zone ou à transporter des explosifs pour dynamiter un mur nous barrant la route. Nous avons vraiment apprécié cette sensation de fraîcheur insufflée dans le gameplay parfois trop classique des Metroidvania.

La construction des niveaux fait l’objet d’une réelle réflexion et l’exploration se fait de façon très naturelle sans que l’on ait l’impression d’être perdu ou pris par la main. Les environnements sont variés et amènent à la traversée, entre autres, d’une mine, d’une forêt, d’une décharge toxique ou d’épaves de bateaux. Leur diversité se retrouve aussi dans les ressources que l’on peut y collecter puisqu’elles sont spécifiques à chaque biome. Un boss occupe chaque zone et il faudra parvenir à survivre à cet affrontement épique si l’on veut avancer dans l’histoire.

Toute cette richesse est enveloppée par une direction artistique singulière à mi-chemin entre le western des années 60-70 et l’univers post-apocalyptique d’un Mad Max assaisonné d’un soupçon de gore, un délice. Sans oublier sa bande-son qui est un petit bijou qui nous immerge totalement dans les aventures de notre pauvre cowgirl solitaire. On a, de plus, vraiment apprécié l’idée de devoir dénicher des collectibles pour compléter l’OST à chaque K7 découverte.

S’il fallait trouver un défaut au titre, l’absence de dialogue audio serait bien le seul point que l’on pourrait évoquer. Il nous est arrivé de mourir bêtement en étant distraits par la lecture d’une ligne de texte, mais ce n’est absolument pas un défaut rédhibitoire.

En termes de durée de vie, tout dépend du niveau de chaque joueur mais il ne faut pas moins d’une trentaine d’heures effectives pour accéder à la conclusion digne d’un film hollywoodien de la Belle Époque. Les chasseurs de succès y trouveront également leur bonheur grâce aux défis plutôt élevés pour atteindre les 1000G.

Testé sur Xbox Series X|S. (Optimisé)

Bilan

On a aimé :
  • Une direction artistique qui nous embarque
  • Un gameplay riche qui sort des sentiers battus
  • Un level design réussi qui ne souffre d’aucune monotonie
  • Des combats de boss épiques procurant une vraie satisfaction une fois remportés
On n’a pas aimé :
  • L’absence de doublage audio pour les dialogues
  • Même en chipotant on ne trouve rien d’autre à redire
La ruée vers l’or a sa pépite

Laika : Aged Through Blood confirme le talent des équipes de Brainwash Gang. Le titre allie le meilleur d’un roguelite à la richesse d’un Metroidvania sans aucune fausse note et en se payant au passage le luxe de revisiter les genres. La difficulté est parfaitement dosée et même si par nature le jeu est punitif, il n’en devient pas pour autant frustrant. Portée par une bande-son très immersive et par une direction artistique qui vous embarque dès les premiers instants, la proposition est une véritable pépite vidéoludique. C’est pour nous un réel coup de cœur que nous ne pouvons que fortement vous conseiller.

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Laika : Aged Through Blood

PEGI 16 Violence

Genre : Aventure/Plates-Formes

Editeur : Headup Publishing

Développeur Brainwash Gang

Date de sortie 05/12/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch

1 reactions

leGoupil

13 déc 2023 @ 14:40

Merci pour le test, ça donne envie !