Test - Gangs of Sherwood - Quand de bonnes intentions ne suffisent pas

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Prévu initialement pour un démarrage le 19 octobre dernier, le titre d’Appeal Studio s’est vu repoussé une première fois au 2 novembre, avant de finalement retarder sa sortie au 30 novembre 2023. Nous avions été plutôt emballés lors de sa présentation à la Gamescom, avec tout de même quelques craintes concernant sa structure, qui, déjà, nous avait paru trop classique.

Malheureusement, il semblerait que nous avions eu le nez creux. Doté de bonnes intentions, Gangs of Sherwood demeure plaisant à parcourir manette en main, mais pêche sur de trop nombreux aspects pour être réellement satisfaisant.

Une relecture dystopique bienvenue

Tout le monde connaît les grandes lignes du conte de Robin des Bois. Le prince des voleurs dérobe l’argent aux plus fortunés afin de le redistribuer aux plus modestes, son antagoniste étant, bien entendu, le terrible Shérif de Nottingham. Gangs of Sherwood en reprend ici la thématique, en l’incluant dans un univers dystopique mêlant la fantaisie médiévale à certains éléments plus modernes, lorgnant vers le steampunk.

Rapidement, le soft nous rappelle Wild Wild West, tant il regorge de ressemblances avec le film réalisé par Barry Sonnenfeld. La direction artistique y est d’ailleurs pour beaucoup. Les rouages de machines rutilantes se mêlent de façon crédible aux édifices moyenâgeux. Le bestiaire bénéficie du même traitement : les soldats reprennent les rôles standards de l’époque, tels que les lanciers, les arbalétriers ou les porte-drapeaux, mais sont ici dotés d’armures au look orné de néons, ou armés de sulfateuses et de boucliers laser.

Nous pourrions presque croire que les boss sont justement issus de l’imagination du Docteur Loveless, tant ils semblent s’en inspirer. Le méchant Guy de Gisbourne est par exemple équipé d’un exosquelette doté de quatre bras reliés à son dos et un énorme bélier mécanique fait même l’objet d’une mission dédiée. Ces affrontements bénéficient de leurs propres patterns à assimiler, mais ne représentent pas de réels défis. Seule la difficulté héroïque peut donner un peu de fil à retordre, mais dans l’ensemble, le titre nous a paru assez facile à parcourir, peu importe le personnage utilisé.

Un gameplay simple, trop sans doute

Chacun des Joyeux Compagnons que l’on peut incarner possède son propre gameplay, suffisamment différent des trois autres pour mériter que l’on s’y intéresse. Entièrement jouable en solo, Gangs of Sherwood se déguste plutôt en coopération, de deux à quatre joueurs pouvant vivre l’aventure simultanément.

Robin décoche ses flèches mieux que personne, la Belle Marianne peut lancer ses dagues tandis que Frère Tuck fracasse le sol avec son énorme masse à deux mains. Petit Jean, quant à lui, possède un gameplay beaucoup plus axé sur le corps à corps et le timing, mais tout aussi destructeur une fois maîtrisé. Concernant les déplacements, nous avons noté un léger flottement auquel nous finissons par nous habituer. Le ciblage manuel des adversaires est largement permissif et ne requiert donc pas de précision particulière, misant alors sur le plaisir de défourailler à tout-va.

Le panel de mouvements de chaque avatar est améliorable au Grand-Chêne servant alors de hub. En échange de l’or récolté en mission, nous pouvons acheter de nouveaux combos ou passifs pour les offensives légères et lourdes, une meilleure capacité de parade (peu évidente à placer en combat, d’ailleurs) ou de blocage. Plus tard, nous déverrouillons un instinct rebelle décuplant notre force et multipliant les attaques dévastatrices, ou un coup de finition, à charger en tapotant la touche RB, donnant lieu à une animation impressionnante.

Les Joyeux Compagnons partagent leur bonne humeur, mais pas leur bourse, impliquant alors de recommencer l’ensemble des niveaux avec chacun d’entre eux afin de les développer à fond. Cela a donc pour avantage d’améliorer (certes artificiellement) la durée de vie du titre pour les plus complétistes, mais peut aussi lasser ou décourager les moins patients. Appeal Studios a également pensé aux adeptes de scoring en ajoutant un tableau en conclusion des missions et même en fin de combat, avec une note évoluant de D à S. Nous devons vous avouer qu’en dehors d’une variation de la récompense en or, nous n’avons pas eu l’impression que cela avait un intérêt autre que celui de faire mieux que les copains.

À ce propos, aussi agréable que soit le titre manette en main concernant le gameplay des combats, sur le reste, il souffle le chaud et le froid. Techniquement fort bien réalisé en dépit d’un faible budget évident, le tout nous a semblé fluide, malgré de nombreux effets pyrotechniques et visuels. Les textures, sans provoquer d’effet « waouh », sont plutôt propres, quant aux décors, ceux en intérieurs ne nous ont pas inspirés plus que de mesure, en revanche, certains panoramas extérieurs sont véritablement à tomber.

De même, la bande-son s’avère être le gros point fort du titre. Elle nous a happés dès le menu principal, avec son thème à la fois épique et grandiose. Les doublages anglophones convainquent et font le travail. Comme énormément de jeux de cette envergure, la version francophone est tout simplement absente, ce qui peut s’entendre.

Le level design, par contre, demeure sans doute l’une des grosses lacunes du soft. Les neuf missions présentent une linéarité absolue. Malgré quelques très courts détours dont l’intérêt s’avère au final on ne peut plus limité, le chemin à parcourir et leur structure restent toujours les mêmes. Entrecoupées de cinématiques à la mise en scène de toute évidence old-school, les cinq à dix heures nécessaires pour finir le jeu ne sont qu’une triste alternance de couloirs dans lesquels vont se trouver quelques rares collectables et coffres, d’arènes forcément dédiées aux phases de combat et d’un boss ponctuant chaque chapitre. Heureusement, l’humour des situations et les dialogues entre les différents protagonistes pimentent un peu la recette, sans jamais la transcender.

En fin de partie viennent se greffer deux modes de jeu supplémentaires pour les plus motivés. Une sorte de mode Horde, dont le principe est d’éliminer des vagues d’ennemis à la chaîne, côtoie un “Boss Rush”, dans lequel nous pouvons revivre les combats contre les adversaires les plus coriaces. Sympathiques au demeurant, ils permettent surtout de débloquer quelques succès, mais c’est à peu près tout.

Pas mal de lacunes difficilement acceptables

Plusieurs fonctionnalités manquent au programme, et provoquent une certaine incompréhension de notre part, surtout concernant l’accessibilité. Il est totalement impossible de modifier la taille des sous-titres, de remanier l’attribution des touches, ni d’inverser l’axe Y… Les modes performance et graphisme, pourtant devenus des standards au fil des années, sont également aux abonnés absents.

Autre souci : Gangs of Sherwood possède de rares quêtes annexes, se déroulant de deux façons. La première se contente de nous faire collecter certains objets (avis de recherches à déchirer, prisonniers à libérer…), sauf qu’à aucun moment nous n’avons l’opportunité de consulter la progression de ces objectifs secondaires. C’est donc totalement impossible, à date, de déterminer précisément l’état d’avancement des collectables pour le 100%.

La deuxième se résume à remplir une mission pour des PNJ rencontrés lors de nos pérégrinations, comme retrouver le mari disparu d’une demoiselle ou tuer un certain nombre d’ennemis, là aussi avec trop peu d’explications. On se contente par conséquent d’essayer de remplir ces tâches un peu au hasard, sans trop de conviction.

De plus, les phases d’entraînement disponibles dans le hub ne suffisent pas à varier les plaisirs. Outre le fait de souhaiter débloquer l’intégralité des coups spéciaux, des emplacements d’artefacts (qui s’avèrent souvent n’être que de simples gadgets), des passifs et des tenues cosmétiques, nous ne voyons pas ce qui pourrait motiver les joueurs à refaire encore et encore les mêmes missions, assez vides et redondantes.

Le contenu du jeu étant déjà assez pauvre de base, nous étions en droit d’espérer mieux. La structure principale ne proposant guère de meilleures sensations via son éternel schéma répétitif enchaînant les couloirs et les arènes, les quelques phases de plateforme dispensables et ratées renforcent ce sentiment de déception.

Enfin, dernier point fatidique qui parachève ce verdict déjà peu glorieux, de trop nombreux crashs ont eu lieu pendant nos sessions, entraînant un retour au menu de la console, une non-prise en compte de notre avancée, et une obligation rageante de redémarrer en boucle la même mission, pour un résultat similaire. L’affrontement contre le bélier mécanique évoqué plus tôt, ainsi que la première mission du troisième acte (que nous avons recommencé quinze fois, QUINZE !) sont restés des objectifs infranchissables, l’écran se figeant toujours lors de séquences imposées par le jeu. D’après les retours lus sur le serveur discord réservé à la presse, il semblerait que nous étions une infortunée exception.

Gageons qu’un futur patch puisse rectifier ces nombreux écueils. En l’état, malgré de bons moments passés lors de cette aventure au final tout juste moyenne, il nous est difficile d’en conseiller l’achat. Pour rappel, Gangs of Sherwood est disponible depuis le 30 novembre 2023 au prix de 49,99 € dans sa version standard.

Testé sur Xbox Series X (optimisé)

Bilan

On a aimé :
  • La sauce steampunk apportée à l’univers
  • Le jeu à plusieurs qui fait passer la pilule
  • Le gameplay différent pour chaque personnage
On n’a pas aimé :
  • Des soucis techniques peu digestes
  • Une difficulté mal dosée
  • Une durée de vie faiblarde
  • Répétitif, même en coopération
Sympathique, mais totalement oubliable

Gangs of Sherwood est une expérience sympathique, sans doute vendue un peu chère pour le contenu qu’elle propose. Malgré un univers revisité fort attrayant et une bande-son de haute volée, le titre pèche sur de trop nombreux points pour s’apprécier de manière totalement positive. Les nombreux crashes rencontrés ont malheureusement eu raison de notre patience. L’aventure, prometteuse lors de la Gamescom, s’avère en fin de compte trop linéaire et mal équilibrée. Un peu plus agréable en coopération, Gangs of Sherwood avait un réel potentiel, hélas tout juste effleuré. Les reports et la bonhomie des Joyeux Compagnons n’auront donc pas suffi à nous charmer.

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Gangs of Sherwood

Genre : Action

Editeur : Nacon

Développeur : Appeal Studios

Date de sortie : 30 novembre 2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, PlayStation 5, PC Windows

1 reactions

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jyhel

05 déc 2023 @ 09:48

Moi je suis déçu de l’avoir acheté. Certes, il est beau, bonne ambiance, etcétéra, mais je suis déjà bloqué au niveau 4 (Acte II, mission 1). Ca fait que j’ai que 3 missions et le jeu est très punitif (Quand tu perds, tu perds :P ). Autre point négatif : Y a pas le crossplay ! Sinon, idem, j’n’ai pas eu de plantages, crashs, etc sur ma Xbox series S ! ;)