Qui n’a jamais rêvé de se glisser dans la peau d’un ninja et de combattre des hordes d’ennemis et des boss titanesques à l’aide de son épée, de ses shurikens et de ses techniques secrètes ? C’est peu ou prou la promesse de Shinobi non grata, un jeu d’action 2D rétro qui rend hommage aux classiques de l’arcade tels que Ninja Spirit ou Shinobi. Sorti d’abord sur Steam puis sur Nintendo Switch et PS4, le jeu est développé par Esquadrainc, un studio indépendant japonais, et le studio PICO, le tout publié par Flyhigh Works, une société spécialisée dans les jeux rétro. Vous laisserez-vous happer par ce vent de nostalgie car tout le monde le sait, c’était mieux avant, non ?
Retour vers le passé
Si les scénarios de jeux vidéo n’ont pas la réputation d’être riches, Shinobi non grata ne fait pas exception à la règle. C’est ici un prétexte qui ne tient qu’en quelques lignes. Nous sommes au Japon au 19ème siècle où l’on incarne Kaina, un ninja amnésique qui devra affronter le clan adverse de “méchants” ninjas s’associant à des démons pour renverser le gouvernement japonais. On aura connu plus original. . . Shinobi non grata ne bénéficie pas de traduction française, le tout s’apprécie en anglais ou en japonais. Les moins familiers de la langue de Shakespeare n’auront cependant aucun mal à en comprendre toutes les subtilités. À noter qu’une partie de la conclusion n’est pas traduite en anglais. Pas top, mais là n’est pas l’important.
L’histoire s’étale sur cinq chapitres qui nous feront voyager au sein du Japon. C’est l’occasion de baigner dans l’imagerie nippone, entre folklore et pop culture. Le jeu nous plonge dans des paysages variés allant des faubourgs désolés au sanctuaire Shinto, pour poursuivre en pleine nature entre cascades vertigineuses et grottes souterraines. Par ailleurs, le jeu nous emmène également dans le passé, dans l’ère des consoles 8 bits et 16 bits. Amoureux de la Master System, fans de la NES, les graphismes rendent hommage à ces dernières, les décors sont simples mais soignés et la musique s’adapte bien à l’ambiance entre modernisme et tradition si chère au pays du Soleil Levant.
Le frisson de l’arcade
Shinobi non grata nous transporte dans les plaisirs simples de l’arcade, avec une action immédiate et fluide, et une difficulté relevée. Chaque chapitre s’articule comme un long plan séquence, où les tableaux s’enchaînent pour nous faire affronter des boss tous plus variés les uns que les autres. Tous les clichés du genre y passent, tels qu’un samouraï squelette, le rival ninja de notre héros ou encore une scolopendre géante entre autres joyeusetés…
Pour les défaire, Kaina dispose de son agilité, comme tout bon ninja qui se respecte, mais également de tout un attirail (shuriken, bombes, fusil…) et ce, dès le début du jeu.. Ce ne sera pas trop pour vaincre les adversaires sur votre chemin, même s’il n’y a pas de montée en puissance de notre personnage ou d’apports de gameplay au fur et à mesure de la progression. Ces différentes capacités viendront vous aider en fonction des situations et de vos préférences de joueur. Les duels sont retors, Shinobi non grata met à l’épreuve les réflexes et la patience du joueur, dans la pure tradition des jeux d’arcade. Il faudra apprendre les patterns des ennemis et être précis à la frame près. Autant dire que la mort s’avère récurrente. Cependant, après chaque défaite, l’envie de se frotter aux boss et d’essayer contre eux de nouvelles stratégies est intacte et renouvelée. Le pari est donc réussi.
Toutefois, les passages qui séparent deux boss sont moins intéressants. Ils consistent à affronter des adversaires qui viennent sans cesse nous harceler, un peu à la manière des niveaux run and gun de Cuphead ou à la série des Metal Slug. Mais contrairement à ces deux références, ces passages sont courts et peu diversifiés. Ils servent surtout de pauses déguisées qui permettent de souffler un peu. Nous aurions aimé, en effet, que ces interludes soient plus développés et qu’ils enrichissent le contenu du jeu.
Speed game
Si l’on aborde le thème de la difficulté, le jeu s’avère au global accessible via la présence régulière de checkpoints et l’absence de crédits propres aux jeux d’arcade. Shinobi non grata se termine en environ 3 à 4 heures et offre tous les succès du jeu. C’est assez court, surtout qu’il ne propose pas de contenu supplémentaire une fois terminé. Il n’y a pas de bonus caché, pas de secret qui demande d’être un as des réflexes, pas de possibilité de rejouer les chapitres ou de choisir un boss à affronter. Le système de scoring est également en deçà de ce que proposent les classiques du genre. Le jeu bénéficie bien d’un système de score et de combo mais il ne retrace que votre plus longue chaîne de coups sans vous faire toucher. La progression n’est donc pas globale sur l’ensemble de l’aventure mais uniquement sur l’action du moment. Nous aurions pu également espérer la prise en compte du temps mis par le joueur pour faire les chapitres et donc espérer que le jeu puisse faire le bonheur des speedrunners. D’autant plus que certains boss s’éliminent très rapidement et qu’on a l’impression que cet aspect a été prévu par le jeu.. Enfin, on notera l’absence de classement en ligne de type mondial, national et autres…. Ainsi, certains regretteront que les studios Esquadrainc et Pico n’aient pas suivi à la lettre les codes de cette typologie de jeu et n’aient pas ajouté ces quelques options qui auraient, à coup sûr, prolongé la durée de vie.
Testé sur Xbox Series X.
