Test - Front Mission 1st : Remake - C’est dans les vieux pots…

«…qu’on fait les meilleurs T-RPG» , - 2 réaction(s)

Sorti initialement en 1995 sur Super Famicom, Front Mission est, avec Fire Emblem, l’un des piliers du T-RPG nippon. Pourtant, cette saga de onze titres (six principaux et cinq alternatifs) n’a jamais eu le succès critique et public de son illustre concurrent.

Malgré un échec retentissant du tout dernier opus (paru en 2019 sous le nom de Left Alive), voici venir le remake du tout premier dans nos contrées… et entièrement en français, s’il vous plaît ! L’occasion de (re)découvrir ce chef-d’œuvre intemporel qui n’a pas pris une ride.

Une intrigue profonde

Front Mission 1st : Remake nous met dans la peau de Royd, jeune capitaine de l’O.C.U. (Union Coopérative d’Océanie) fraîchement débarqué sur l’île Huffman afin de contrecarrer les plans de l’U.C.S. (États Continentaux Unifiés)

Le temps d’une ellipse entre le tutoriel et le premier chapitre, Royd se voit confier avec son équipe une mission de routine : surveiller une vieille usine en territoire ennemi.

À peine sont-ils arrivés sur place que Karen, la fiancée de Royd, se fait attaquer et tuer par un officier de l’O.C.U. avant que l’usine explose.

Les deux nations n’ayant pas respecté les traités, une nouvelle guerre éclate. Et les pilotes survivants sont, eux, portés disparus.

Un an plus tard, nous retrouvons notre cher Royd vivant de combats clandestins dans diverses arènes sauvages. C’est là qu’il fera la connaissance du Capitaine Olson qui lui propose de prendre la tête d’une troupe de mercenaires. Notre héros accepte et s’élance alors dans une quête de vengeance, de justice… et d’argent.

Bien entendu, nous sommes clairement ici devant le scénario d’un jeu vieux de pratiquement trente ans. C’est-à-dire profond, bigrement réfléchi et diablement bien écrit.

Comme bien des titres de cette époque, les limitations technologiques obligeaient les développeurs à optimiser le scénario et les dialogues pour mieux transmettre les informations et les sentiments, sans pouvoir compter sur des cinématiques en CGI . Front Mission 1st Remake n’échappe pas à cette règle, et se permet en plus un tour de force en complexifiant son propos géopolitique de la plus belle manière qui soit.

Car une fois le scénario de Royd achevé, nous avons la liberté de reprendre le jeu en incarnant cette fois-ci Kevin Greenfield, lieutenant de l’U.C.S. C’est donc avec un tout autre point de vue que nous revivons une aventure qui ne cède jamais aux sirènes du manichéisme, remettant continuellement en perspectives tout ce que nous avions pris pour acquis lors de notre première partie.

Dans Front Mission, il n’y a pas de « gentils » ni de « méchants ». Uniquement des hommes et des femmes qui se battent pour leur nation et leurs idéaux certes opposés (et parfois discutables), mais respectables et compréhensibles.

Le jeu réalise un tour de force épique. Il ne cesse de surprendre et d’aller de rebondissement en plot-twist pour mieux nous happer dans son intrigue et nous maintenir fermement accrochés à notre manette.

Et pourtant, Front Mission 1st Remake a bien d’autres cordes à son arc.

Aux origines du T–RPG

Si nous autres Occidentaux connaissons surtout la licence Fire Emblem comme fer de lance du T–RPG nippon, il ne faudrait pas oublier tout ce qu’a apporté un homme (et un seul) au genre tout entier.

Toshiro Tsuchida. Si ce nom ne vous dit rien, sachez qu’il est à l’origine de saga comme Assaults Suits Valken, Langrisser ou encore Arc the Lad. Autrement dit, le bonhomme connaît son sujet et le maîtrise à la perfection.

Mais sa première plongée dans le monde incroyable du T–RPG s’est faite avec ce fameux Front Mission. Le papa de la série lui a insufflé tout son savoir-faire pour nous livrer une œuvre aux mécaniques simples, et pourtant diablement précises et efficaces.

Comme dans tout T–RPG, nous nous déplaçons sur une carte vue du dessus et au tour par tour. Chacune de nos unités dispose de spécificités en lien avec son mécha, comme des attaques de zones, une plus grande portée, etc.

Contrairement aux autres licences idoines, Front Mission ne nous laisse en effet pas contrôler directement divers protagonistes, mais bien les robots géants qu’ils pilotent.

Libre à nous alors de les personnaliser à loisir, de les équiper d’armes différentes, pour mieux les spécialiser ou, au contraire, en faire des personnages polyvalents.

Et là est sans doute le cœur de ce qui rend Front Mission réellement unique : l’aspect stratégique est bien plus développé que dans d’autres T–RPG, car nos héros sont entièrement personnalisables.

C’est ainsi que nous découvrons rapidement que les terrains présents sur les diverses cartes présentent des spécificités uniques : les routes permettent de se déplacer plus vite et loin, mais sont en contrepartie bien plus exposées. En cas d’attaque ennemie, nous prenons donc logiquement plus de dégâts.

Certains types de terrains ralentissent grandement nos unités, mais peuvent être traversées plus aisément en s’équipant de « jambes » adaptées avant le lancement de la partie. Chaque mission doit de fait être abordée avec une sévère préparation pour éviter de se retrouver bloqué ou, pire, incapable d’atteindre nos cibles sans essuyer des tirs nourris.

Cette grande diversité dans les pièces et les stratégies invitent les joueurs à expérimenter diverses combinaisons, à sans cesse tenter de faire évoluer leur équipe et leur stratégie, pour mieux parvenir à dominer les différentes missions.

Car la mort n’est pas le seul danger : en cas de destruction de l’une de nos unités, les coûts de réparations demandés en fin de mission peuvent faire la différence entre une partie simple et une partie pratiquement impossible à terminer.

Front Mission 1st Remake impose donc d’être continuellement aux aguets, de se préparer convenablement, et d’envisager les missions sous un angle stratégique pour optimiser nos gains et, de fait, nos chances de victoire.

Enfin un vrai remake ?

Si l’on peut légitimement opposer un reproche à Square Enix ces dernières années, c’est de nous livrer régulièrement des remaster et remakes de piètre qualité. Outre quelques jeux particulièrement importants pour l’éditeur (type Final Fantasy VII), d’autres ne bénéficient que d’un budget et d’une attention limités.

Pourtant, pour Front Mission, le développement et l’édition ont été confiés à Forever Entertainment. Et une chose est certaine : les Polonais ont mis les petits plats dans les grands pour nous offrir le compromis parfait entre modernité et sensation rétro.

Ainsi sur le plan du gameplay uniquement, pratiquement rien n’a changé (et c’est tant mieux). Les dessins des protagonistes, réalisés à l’époque par l’inénarrable Yoshitaka Amano, sont toujours bel et bien présents.

Les évolutions se concentrent notamment sur la remasterisation de l’audio (les musiques et les bruitages sont les mêmes, mais dans une bien meilleure qualité), ainsi que sur les graphismes.

C’est justement sur cette partie que le titre impressionne le plus. Supervisée par le français Cédric Ricci, la remasterisation est d’une qualité rare pour ce genre de production, entre respect de l’original et sublimation des environnements.

Le gros plus de cette version vient également des choix faits par l’équipe pour nous offrir une expérience réellement complète. Nous allons ainsi retrouver non seulement le contenu du jeu initial, mais également les divers ajouts effectués au grè des divers portages (notamment le contenu bonus présent uniquement sur Nintendo DS en 2007).

Enfin, et c’est sans doute là le principal ajout du titre : ce dernier est désormais intégralement localisé en français. La traduction est d’excellente facture et est parvenue avec une certaine maestria à saisir la substantifique moelle d’un scénario diablement complexe, à respecter les personnalités des différents héros ainsi que l’ensemble de la trame scénaristique. Comment ne pas être conquis ?

Testé sur Xbox Series S

Bilan

On a aimé :
  • Entièrement en français
  • Entre respect de l’orignal et modernité
  • Le contenu des diverses versions du titre
  • Un vrai respect de l’œuvre originelle
  • Tout simplement l’un des meilleurs T–RPG à ce jour
On n’a pas aimé :
  • Une complexité qui pourrait dérouter certains joueurs
La crème du T–RPG, pour la première fois en français

Front Mission 1st Remake porte sur ses épaules le poids de décennies de frustrations pour les joueurs français. Mais que les amateurs se rassurent, nous pouvons désormais clamer haut et fort que nous avons la possibilité de jouer à la meilleure version possible de ce classique intemporel. Fort d’un contenu tout simplement énorme, entièrement traduit et sublimé par des graphistes de talent, Front Mission 1st Remake fait tout simplement partie de ces titres immanquables.

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Front Mission 1st : Remake

Genre : RPG

Editeur : Forever Entertainment

Développeur : Forever Entertainment

Date de sortie : 30/06/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch

2 reactions

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GRD PHENIX

22 jui 2023 @ 19:57

Bon test, l’équipe je confirme votre avis. J’ai le jeu depuis le mois dernier, et j’y joues presque tout les jours sur ma switch. Au premier abord, il peut paraître austère mais il mérite vraiment de s’attarder.

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Rantanplan

24 jui 2023 @ 13:16

Le simple fait de lire le titre de la news et je revois instantanément la Cover de Front Mission, sur Super Famicom, réalisé par Yoshitaka Amano. Un artiste au talent incroyable.

Je me serai bien laisser tenter par ce « Remake », d’autant qu’il est traduit en français mais 35€ en démat’ sur Xbox, c’est non. Une fois de plus, j’achèterai sur Nintendo Switch, en BOITE (Limited Edition qui plus est) et au même tarif, voire moins cher.

En tout cas merci pour ce test.